Assurance emprunteur et courses hippiques : comment surmonter le risque aggravé ?
Vitesse, intensité, adrénaline : les courses hippiques impressionnent par l’endurance des chevaux et l’agilité des jockeys. Mais pour les assureurs, ce n’est pas un spectacle sportif comme un autre : c’est une discipline équestre classée à haut risque où les chutes, les traumatismes et les accidents graves restent une réalité.
Or, impossible d’obtenir un crédit immobilier sans assurance emprunteur. Cette couverture n’est pas une simple formalité : elle sécurise la banque et protège l’emprunteur en cas de décès, d’invalidité ou d’incapacité à rembourser. Mais lorsqu’on pratique un sport jugé dangereux, comme les courses hippiques, le dossier se complique : surprimes, restrictions de garanties et, parfois, refus de couverture viennent s’inviter dans la négociation.
Alors, comment obtenir une assurance de prêt pour pratiquant de courses hippiques sans sacrifier son projet immobilier ? Ce guide vous donne les clés pour franchir les obstacles et trouver la couverture la plus adaptée.
Pourquoi les courses hippiques sont considérées comme un risque aggravé par les assurances de prêt ?
Dans le monde de l’assurance emprunteur, certaines disciplines sportives, comme les courses hippiques, sont classées en “risque aggravé” et traitées avec prudence.
Comprendre la notion de risque aggravé en assurance de prêt
En assurance, un risque aggravé correspond à une situation qui augmente significativement la probabilité d’un sinistre (décès, invalidité, incapacité de travail). Cela concerne :
- Les professions dangereuses (pompiers, militaires, pilotes),
- Les sports extrêmes (alpinisme, parachutisme, plongée profonde),
- Dans le cas présent, certaines disciplines équestres.
Les assureurs considèrent que les courses hippiques, par leur intensité et leur environnement compétitif, exposent davantage les pratiquants à des accidents graves que l’équitation de loisir.
Les spécificités des courses hippiques
Tous les acteurs des courses ne sont pas logés à la même enseigne :
- Le jockey professionnel : il cumule les risques liés à la vitesse, aux chutes spectaculaires et à la répétition des compétitions.
- Le lad ou le cavalier d’entraînement : moins exposé qu’en course, mais confronté à des risques récurrents lors des entraînements quotidiens.
- L’entraîneur : généralement moins exposé physiquement, mais parfois encore actif sur les pistes.
- Le cavalier amateur de course : participation ponctuelle, mais dans un environnement compétitif qui reste risqué.
Les principaux facteurs de risque
Dans l’univers des courses hippiques, plusieurs éléments expliquent la prudence des assureurs :
- La vitesse extrême qui amplifie la gravité des accidents,
- Les chutes répétées, presque inhérentes à la discipline,
- Les traumatismes musculo-squelettiques, fréquents chez les jockeys,
- Un environnement de compétition imprévisible où le risque est permanent.
Assurance de prêt et courses hippiques : quel impact sur votre couverture ?
Pratiquer ou travailler dans les courses hippiques ne bloque pas l’accès à un prêt, mais influe fortement sur les conditions d’obtention d’une assurance.
Les surprimes appliquées aux sports à risque
La surprime, c’est la majoration appliquée par l’assureur sur le tarif de base pour compenser un risque jugé supérieur à la moyenne. Autrement dit : plus votre pratique sportive est exposée, plus votre contrat coûte cher.
Critère |
Explication |
Impact sur la surprime |
Profil de l’assuré |
Âge, état de santé, antécédents médicaux |
Plus l’assuré est fragile, plus la surprime augmente |
Niveau de pratique |
Amateur encadré vs jockey professionnel |
De +20 % (amateur) à +150 % (professionnel) |
Fréquence des courses |
Nombre de compétitions et intensité de la pratique |
Plus la pratique est régulière, plus le risque estimé est élevé |
Palmarès médical |
Fractures, traumatismes, blessures récurrentes |
Peut entraîner une surprime plus forte ou des exclusions |
Montant et durée du crédit |
Capital emprunté et durée de remboursement |
Un prêt élevé sur longue durée accroît l’exposition au risque pour l’assureur |
Les exclusions de garanties possibles
Au-delà des surprimes, certains contrats prévoient des exclusions de garanties :
- Exclusion décès si le décès survient lors d’une course.
- Exclusion invalidité (PTIA, IPT, ITT) liée directement à un accident en compétition.
Dans certains cas, ces exclusions peuvent être rachetées moyennant surprime : un compromis utile pour sécuriser sa couverture.
Risque de refus de couverture
Certains assureurs jugent le profil d’un jockey professionnel trop risqué. Dans ce cas, le contrat peut être refusé purement et simplement, ou proposé avec une couverture minimale (décès uniquement, sans garanties d’invalidité).
Conséquence : sans solution alternative, l’accès au prêt immobilier peut être compromis.
Quelles sont les obligations de déclaration d’assurance de prêt pour les professionnels des courses hippiques ?
En assurance emprunteur, la transparence sur votre activité est une obligation contractuelle.
Le questionnaire sport et santé
Lors de la souscription, l’assureur demande un questionnaire de santé ainsi qu’un questionnaire sportif détaillé comprenant :
- Votre poste (jockey, lad, entraîneur, cavalier amateur),
- La fréquence des courses et des entraînements,
- Votre participation à des compétitions officielles,
- Vos antécédents médicaux (fractures, hospitalisations, traumatismes).
Plus vos réponses sont précises et complètes, plus le contrat sera sécurisé et adapté.
Les conséquences d’une omission ou fausse déclaration
La loi (article L113-8 du Code des assurances) est claire :
- En cas de fausse déclaration volontaire, le contrat peut être annulé,
- L’assureur peut refuser toute indemnisation lors d’un sinistre.
Mieux vaut donc déclarer honnêtement son activité de courses hippiques, quitte à négocier ensuite les conditions, plutôt que de courir le risque d’être totalement découvert.
Courses hippiques et assurance de prêt : comment obtenir les meilleures garanties malgré un risque élevé ?
L’accès à une couverture optimale passe par la bonne stratégie et les bons interlocuteurs.
Utiliser la délégation d’assurance
Souscrire l’assurance proposée par la banque (contrat groupe) est rarement avantageux pour les profils jugés “à risque”. La délégation d’assurance permet de choisir un contrat externe, grâce à plusieurs lois clés :
- Loi Lagarde (2010) : liberté de choisir une autre assurance que celle de la banque.
- Loi Hamon (2014) : possibilité de résilier son contrat dans la première année.
- Loi Bourquin (2018) : résiliation annuelle à chaque date anniversaire.
Concrètement, la délégation offre un choix élargi, des tarifs plus compétitifs et surtout des garanties sur-mesure, mieux adaptées aux différents sports équestres.
Recourir à un courtier spécialisé
Le courtier en assurance de prêt joue un rôle clé pour les métiers ou passions à risque :
- Il connaît les assureurs ouverts aux profils atypiques (jockeys, cavaliers, entraîneurs).
- Il négocie directement avec les compagnies pour intégrer certaines garanties souvent exclues.
- Dans plusieurs cas concrets, des courtiers spécialisés ont obtenu la levée d’une exclusion liée aux entraînements, permettant ainsi au client de rester couvert en cas de blessure à l’entraînement.
Passer par un courtier, c’est transformer un dossier difficile en dossier défendable.
Négocier le rachat d’exclusions
Certaines exclusions, notamment celles liées aux sports à risque, peuvent être rachetables moyennant surprime.
- Quand le demander ? Dès la constitution du dossier, ou lors de la négociation avec l’assureur.
- Comment le justifier ? En fournissant des éléments rassurants :
- Un bilan médical récent,
- La preuve de votre formation ou de votre respect des protocoles de sécurité,
- Une attestation de votre encadrement professionnel (club, fédération, écurie).
Un assureur qui perçoit un risque encadré et maîtrisé sera plus enclin à assouplir ses conditions.
Tableau comparatif : couverture d’assurance emprunteur standard vs couverture adaptée aux courses hippiques
Visualisez les écarts de garanties et de conditions entre un contrat générique et une formule conçue pour votre profil.
Type de garantie |
Contrat standard |
Contrat adapté courses hippiques |
Décès toutes causes |
Oui |
Oui (avec surprime) |
Décès lié à la pratique |
Parfois exclu |
Inclus si rachat d’exclusion |
Invalidité (IPT / PTIA) |
Oui |
Oui, parfois limitée |
Invalidité liée à une chute en course |
Exclu |
Inclus sous conditions |
Montant de surprime |
0 % |
20 à 50 % selon profil |
Ce tableau illustre à quel point un contrat adapté change la donne : là où un contrat standard laisse des “zones blanches” de couverture, une formule spécifique, même plus coûteuse, sécurise réellement l’emprunteur.