Assurance emprunteur : garantie chômage, utile en période de crise économique ?

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Dans le cadre d'un crédit immobilier qui engage l'emprunteur sur de longues années, il semble légitime de s'interroger sur la garantie perte d'emploi proposée dans certains contrats d'assurance de prêt. Alors que la crise économique perturbe le monde du travail et accroît les chiffres du chômage, un emprunteur doit-il compléter sa couverture avec cette garantie ?

Garantie perte d'emploi : facultative et onéreuse

Personne n'est à l'abri de perdre son emploi, surtout en temps de crise. La mise en place du chômage partiel par le gouvernement préserve l'emploi dans les entreprises qui font face à de difficultés économiques conjoncturelles, mais nul ne sait quand l'activité retrouvera son niveau d'avant la crise sanitaire. Les futurs emprunteurs doivent-ils prévenir le risque de voir leurs revenus diminués et mieux se protéger avec la garantie perte d'emploi ?

Pour accorder un prêt immobilier, la banque exige la souscription à une assurance emprunteur afin de garantir la bonne fin du crédit en cas de décès, incapacité ou invalidité de l'assuré. Certains contrats proposent de compléter la couverture par une garantie perte d'emploi qui prendra en charge le paiement des mensualités si l'emprunteur se retrouve au chômage. 

Un champ d'application limité

La garantie chômage ou perte d'emploi fait partie des garanties facultatives au contraire des garanties décès/PTIA (Perte Totale et Irréversible d'Autonomie), socle de tous les contrats d'assurance de prêt immobilier. La banque exige par ailleurs que la couverture soit complétée par les garanties incapacité/invalidité qui interviennent en cas d'arrêt de travail pour maladie ou accident. Les salariés en CDI avec ancienneté (minimum 6 ou 12 mois) peuvent envisager de souscrire la garantie perte d'emploi et seulement eux. Les personnes en période d'essai, en préavis de licenciement et en contrat à durée déterminée (CDD) ne peuvent y prétendre.

Les travailleurs indépendants peuvent accéder à la garantie perte d'emploi dès lors qu'ils ont souscrit une assurance chômage réservée aux dirigeants d'entreprise, leur permettant de toucher des allocations chômage.

Le coût de la garantie perte d’emploi est dissuasif : entre 0,10% et 0,70% du capital emprunté, ce qui peut doubler voire tripler le coût de l'assurance pour un jeune actif non fumeur et sans antécédent de santé. Selon les offres, l'adhésion à la garantie perte d'emploi est possible jusqu'à 55 ou 60 ans (rarement jusqu'à 64 ans), avec une prise en charge jusqu'à 60 ou 65 ans. 

À noter également que cette garantie ne peut être souscrite a posteriori, ni indépendamment des autres garanties. Si la souscription initiale ne l’a pas prévue, Il faudra changer de contrat en cours de prêt comme l'autorise la réglementation (loi Hamon et amendement Bourquin). Peu de contrats la proposent (environ 5% du marché de l'assurance emprunteur) et on estime que moins de 2% des emprunteurs y ont recours.

Une couverture peu rentable

Le rapport bénéfices/coût aurait tendance à disqualifier la garantie perte d'emploi. Celle-ci pourra être mise en jeu uniquement si l'assuré salarié est victime d'un licenciement économique, individuel ou collectif, ouvrant droit à des allocations de la part de Pôle Emploi. Sont exclus de la garantie perte d'emploi les situations suivantes :

  • la démission,
  • la rupture conventionnelle,
  • le licenciement pour faute grave,
  • la préretraite,
  • les fins de contrats à durée déterminée (CDD).

Plus important, cette garantie ne peut être activée en cas de chômage partiel, car la baisse temporaire de revenus n'est pas considérée par l’assureur.

Au-delà de ces contraintes d'éligibilité, la garantie perte d'emploi est assortie :

  • d'un délai de carence compris entre 6 et 12 mois durant lequel la couverture ne s'applique pas ;
  • d'un délai de franchise d'une durée variable de 3 à 6 mois qui débute à la date du licenciement ou dès le versement de la première indemnisation par Pôle Emploi.

Si l'assuré peut en bénéficier, les mensualités de remboursement du prêt immobilier ne sont

couvertes que partiellement : entre 30% et 80% de leur montant sur une durée de 6 à 12 mois pour une même période de chômage. La durée totale de l'indemnisation au titre de cette garantie va de 18 à 36 mois sur toute la maturité du crédit pour 3 périodes de chômage maximum. Selon les contrats, l'indemnisation peut aussi être :

  • progressive : la prise en charge évolue au fil du temps (30% les 6 premiers mois, puis 50% les 3 suivants et 80% les 3 derniers) ;
  • ou plafonnée : par exemple 500€ ou 1 000€ par mois.

Il faudra aussi tenir compte de la quotité, c'est-à-dire le pourcentage du capital que l'emprunteur souhaite assurer au moment de la souscription. Avec un seul et unique emprunteur, la quotité doit être de 100%, c'est-à-dire que la totalité de la somme empruntée est couverte. En présence de 2 co-emprunteurs, la répartition peut être inégale en fonction des revenus de chaque assuré et/ou des risques incarnés par chacun, mais l'addition des deux têtes doit au minimum protéger 100% du capital. La quotité choisie s'applique sur l'ensemble des garanties, il ne peut y avoir de différenciation.

Qui a intérêt à souscrire la garantie perte d'emploi ?

Après l'exposé de ces conditions restrictives, la garantie perte d'emploi est-elle pertinente pour certains emprunteurs ? Certainement pas pour un jeune actif sans la trentaine qui a toutes les chances de retrouver un emploi avant la fin du délai de franchise. Mieux vaut puiser dans une épargne de précaution, utile en cas de coup dur, et immédiatement disponible, sans avoir à subir les délais de carence et de franchise.

Les emprunteurs qui s'intéressent à la garantie perte d'emploi sont généralement des cinquantenaires qui souhaitent renforcer leur protection en raison des difficultés d'accès à l'emploi pour les seniors. Malheureusement, le surcoût lié à cette garantie va rehausser le TAEG (Taux Annuel Effectif Global), taux qui intègre tous les frais liés à l'obtention du crédit et qui ne doit en aucun cas outrepasser le taux de l'usure applicable. Certaines banques décident de ne pas inclure les garanties facultatives de l'assurance emprunteur pour mieux contenir le TAEG, mais elles le font pour leur contrat groupe pour inciter le candidat à l'emprunt à souscrire l'offre interne au détriment d'un contrat alternatif plus compétitif dont elles répercuteront intégralement le coût sur le TAEG pour agiter la menace d’un refus de prêt.

La garantie perte d'emploi est complexe, mieux vaut être accompagné par un courtier spécialisé comme Magnolia pour en comprendre toutes les conditions et les modalités de mise en œuvre.  

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Santé : le rôle des pharmaciens et opticiens élargi depuis juin 2024

Si vous souffrez d’une angine ou d’une cystite, vous n’avez plus besoin de passer par votre médecin traitant pour vous faire prescrire des médicaments, il suffit d’aller en pharmacie pour les obtenir. Les fonctions des opticiens ont été par ailleurs élargies en cas de modification de la correction visuelle. Ces deux mesures visent à désengorger les cabinets des médecins généralistes et des ophtalmologistes tout en apportant une solution aux déserts médicaux. Voici tout ce qu’il faut savoir sur les nouvelles prérogatives de ces deux professionnels de santé et la prise en charge par l’Assurance maladie et les mutuelles. Nouvelles prérogatives pour les pharmaciens Il est désormais possible d’obtenir des antibiotiques dans une pharmacie sans ordonnance d’un médecin en cas d’angine ou de cystite. Cette nouvelle mesure contenue dans la loi de financement de la Sécurité sociale 2024 est entrée en vigueur le 19 juin dernier. Pour que le pharmacien puisse délivrer le traitement, il doit avoir suivi une formation spécifique obligatoire, sauf s’il a déjà suivi une formation mentionnée dans l’arrêté du 17 juin 2024. Fonctionnement du dispositif en pharmacie L’obtention d'antibiotiques sans ordonnance en cas d’angine suspectée est autorisée uniquement aux patients âgés de plus de 10 ans. Avant de vous délivrer le traitement médicamenteux, le pharmacien habilité doit réaliser un TROD, ou Test Rapide d’Orientation Diagnostique qui va permettre de confirmer ou d’écarter l’origine bactérienne à streptocoque A de l’angine. Il s’agit d’un simple prélèvement effectué à l’aide d’un écouvillon au fond de la gorge. En cas de test positif, le pharmacien peut délivrer les antibiotiques adaptés. Le traitement de la cystite obtenu directement en pharmacie concerne les femmes âgées entre 16 et 65 ans. En cas de symptômes sans fièvre, le pharmacien demande à la patiente de réaliser un test urinaire sur bandelette, avant de délivrer le médicament si le résultat est positif. Pour ces deux pathologies, angine à streptocoque A et cystite, les médicaments fournis en pharmacie sans prescription d’un médecin sont remboursés par l’Assurance maladie aux conditions habituelles, dès lors qu’ils font partie des produits remboursables. Votre mutuelle santé prend en charge le ticket modérateur, c’est-à-dire la différence entre le tarif conventionné et le remboursement de la Sécu. Attestation de délivrance Le pharmacien doit vous remettre une attestation de délivrance et inscrire toutes les informations relatives à la délivrance du traitement dans votre DMP (Dossier Médical Partagé), à savoir : Nom du pharmacien Date de réalisation du test Identification unique du test Nom du médicament Posologie et durée du traitement. Si vous n’avez pas de DMP ou si l’inscription n’est pas possible, le pharmacien doit alors transmettre l’attestation à votre médecin traitant. Pour mémoire, le DMP n’est pas obligatoire et n’a aucune incidence sur vos remboursements. Il s’agit d’un espace de stockage sécurisé de vos données de santé que vous pouvez partager selon votre consentement avec les professionnels de santé qui vous soignent. Nouvelles attributions pour les opticiens Depuis le 29 juin 2024, les modalités de primo-prescription de verres correcteurs ou de lentilles de contact évoluent. Les opticiens-lunetiers ont désormais le droit d’adapter la prescription de l’ophtalmologiste ou de l’orthoptiste lors de la première délivrance sous réserve de respecter les conditions suivantes : L’ordonnance ne doit pas mentionner une éventuelle opposition de l’ophtalmologiste à toute modification de correction. L’opticien doit réaliser un examen de réfraction pour vérifier la correction nécessaire. Il doit solliciter l’accord écrit du prescripteur en l’informant de l’adaptation envisagée. Il doit utiliser une messagerie sécurisée ou un moyen garantissant la confidentialité des échanges. L’absence de réponse dans les 10 jours vaut pour accord. L’opticien conserve la réponse du prescripteur jusqu’à expiration de la durée de validité de l’ordonnance. L’opticien est par ailleurs autorisé à procéder au renouvellement de délivrance de verres correcteurs sans que vous ayez besoin de retourner consulter votre ophtalmo, dès lors que votre ordonnance est toujours valide. Là encore, l’opticien doit réaliser un examen de réfraction avant d’adapter la correction, sauf opposition du prescripteur expressément mentionnée sur l’ordonnance. 100% Santé en optique Les lunettes de correction (verres et monture) peuvent être intégralement remboursées dans le cadre du dispositif 100% Santé. Cette réforme en place depuis 2021 supprime les restes à charge en optique, prothèses dentaires et aides auditives pour tout équipement sélectionné dans le premier panier de soins. Si vous êtes couvert par une mutuelle responsable, vous n’avez rien à payer, l’appareillage étant entièrement pris en charge par la Sécu et l’organisme complémentaire. Vous êtes toutefois libre de choisir un produit hors du panier 100% Santé. Auquel cas, vous vous exposez à des restes à charge plus ou moins bien remboursés par votre mutuelle en fonction du niveau de garanties souscrit. Il est possible de panacher, c’est-à-dire de choisir une monture en dehors du panier 100% Santé et des verres sans reste à charge, et inversement. La monture est toujours remboursée par la mutuelle responsable dans la limite de 100€. Selon la réglementation, le renouvellement d’un équipement complet en optique (verres et monture) est fixé à 2 ans pour les adultes et les enfants de 16 ans et plus, et à 1 an pour les enfants de moins de 16 ans. Un renouvellement anticipé est cependant autorisé en cas de dégradation de la vue. Lorsque l’équipement est choisi en dehors du dispositif 100% Santé, la prise en charge par la Sécu est abaissée et il n’y a aucune obligation de couverture intégrale par le contrat responsable.    

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Loi Lemoine assurance emprunteur : les difficultés demeurent en 2024

En ce mois de septembre 2024, la loi Lemoine fête son deuxième anniversaire. Cette ultime réglementation en assurance de prêt est censée accroître la concurrence et briser le monopole des banques en donnant la possibilité à tous les emprunteurs de changer de contrat quand ils le souhaitent. Une enquête menée récemment révèle que cette loi profite davantage aux ménages aisés et qu’elle pâtit d’un manque de compréhension. Changement d’assurance de prêt : plus difficile pour les ménages modestes Entrée en juin 2022 pour les nouveaux crédits immobiliers et accessible à tous les contrats en stock depuis septembre 2022, la loi Lemoine a été adoptée pour révolutionner le marché de l’assurance de prêt. Elle vise à rendre ce marché plus concurrentiel en donnant notamment l’opportunité aux emprunteurs de changer d’assurance de prêt immobilier à tout moment. Auparavant, il était possible de le faire durant la première année de remboursement, et au-delà, attendre la date d’échéance, souvent confuse, pour engager la démarche (loi Hamon et amendement Bourquin). Dès son entrée en application, la loi Lemoine a connu un vif succès grâce, il faut l’avouer, au battage médiatique nourri durant les premiers mois. En pleine période d’inflation, le dispositif s’inscrit dans la lutte pour préserver le pouvoir d’achat, en générant des centaines voire des milliers d’euros d’économie aux ménages emprunteurs. Il suffit de consulter nos baromètres mensuels du pouvoir d’achat immobilier pour constater l’immense intérêt financier à opter pour une assurance externe, jusqu’à trois ou quatre fois moins chère que celle de la banque. Une enquête réalisée par Sia Partners, cabinet de conseil en management et stratégie opérationnelle, indique que 58% des demandes de substitution d’assurance de prêt concernent les catégories socio-professionnelles aux revenus les plus élevés. Ce constat rejoint celui du Comité Consultatif du Secteur Financier (CCSF) fait en janvier 2024 et révèle malheureusement que la loi Lemoine n’a pas encore atteint son objectif, à savoir favoriser l’accès au crédit immobilier à une large partie de la population. Il est vrai que les économies potentielles sont d'autant plus élevées que le capital restant dû est important. Or ce sont les ménages aisés qui empruntent de gros montants. Les banques conservent leur monopole en assurance de prêt Quant à la contraction du quasi-monopole des banques sur le produit, l’échec est lui aussi cruel si l’on regarde les chiffres. Le bilan du CCSF indique que les parts de marché des alternatifs sont passées de 15,3% à 16,1% entre décembre 2021 et mai 2023. Des miettes pour les alternatifs. On est loin du raz-de-marée tant escompté qui aurait fait bouger les lignes au profit des emprunteurs. Aujourd’hui, les bancassureurs gardent la main en 2024 malgré la loi Lemoine et collectent toujours plus de 80% des parts de marché. Tarifs en hausse Qui dit libéralisation du marché, dit concurrence accrue et donc, tarifs plus compétitifs. Pas en assurance emprunteur. Les banques conservent leurs marges colossales en restituant en moyenne seulement 32€ sous forme de prestations sur 100€ de cotisation. La loi Lemoine contient en outre une autre mesure majeure qui oblige les acteurs à renforcer la mutualisation de leurs offres, et ainsi, à lisser les prix pour couvrir les risques du plus grand nombre. La sélection médicale a été supprimée pour les parts assurées n’excédant pas 200 000€ (plafond à 400 000€ pour les emprunts immobiliers à deux avec une quotité d’assurance de prêt de 50% sur chaque tête) et remboursées avant le 60ème anniversaire de l’emprunteur. Ce dernier n’a plus à remplir de questionnaire de santé et peut ainsi accéder à une assurance de prêt à un tarif standard, sans surprime ni exclusion du fait de son historique médical. Privés d’analyse du risque médical, les assureurs ont augmenté leurs tarifs jusqu’à 25% sur ce segment. Il faut toutefois préciser que les contrats sans questionnaire de santé représentent une faible partie des substitutions d’assurance en raison du plafond des 60 ans. Rappelons que la durée légale de remboursement est limitée à 25 ans. Manque de compréhension de la loi Lemoine assurance emprunteur Il ressort de cette enquête que le manque de compréhension nuit à l’amplitude de la réforme en assurance de prêt. Plus de 40% des emprunteurs ignorent la loi Lemoine, encore moins le principe d’équivalence de garanties. La réglementation impose que le nouveau contrat présente a minima la même couverture que l’ancien. Cette notion est complexe et permet aux banques d’en jouer pour faire échec aux demandes de substitutions. Selon Sia Partners, un contrat sur douze est rejeté par les banques pour cause de non équivalence de garanties, principalement par méconnaissance de cette disposition. Il est primordiale de relancer la dynamique de changement d’assurance emprunteur pour une raison simple : chaque emprunteur doit pouvoir être protégé au mieux de ses intérêts en payant le juste prix, le crédit immobilier étant une dette qui engage sur le long terme. Un conseil : faites-vous accompagner par un courtier en assurance de prêt immobilier. Que ce soit lors de votre demande de crédit ou dans le cadre d’une substitution, l’assurance emprunteur doit se négocier. Comparez les offres en ligne et sollicitez cet expert pour sélectionner le contrat qui répond à vos besoins au meilleur prix tout en respectant les exigences de la banque en matière de protection minimale.