Mutuelle obligatoire fonction publique : ce qui change en 2026


À partir du 1er janvier 2026, la mutuelle obligatoire dans la fonction publique deviendra une réalité pour plus de 5,5 millions d’agents publics. Fonctionnaires d’État, territoriaux ou hospitaliers seront tous concernés par cette réforme majeure de la protection sociale complémentaire (PSC). Comme les salariés du privé depuis la loi ANI de 2016, les agents publics bénéficieront désormais d’une couverture santé collective financée en partie par leur employeur. 

Mais concrètement, qui doit adhérer à cette mutuelle obligatoire, quels en sont les avantages, les modalités de mise en place et les démarches à prévoir ? Dans cet article, nous vous expliquons tout ce qu’il faut savoir sur la mutuelle obligatoire de la fonction publique en 2026.

Pourquoi une réforme de la mutuelle obligatoire dans la fonction publique ?

Alignement du secteur public avec le secteur privé

La loi ANI de 2016 a rendu obligatoire la mutuelle d’entreprise pour les salariés du privé, avec une prise en charge minimale de 50 % par l’employeur. La mutuelle pour fonctionnaires, en revanche, ne bénéficie pas de cette avancée sociale. Beaucoup doivent souscrire une complémentaire santé individuelle, souvent coûteuse et parfois insuffisamment adaptée à leurs besoins.

Une inégalité de traitement à corriger

L’un des objectifs majeurs de la réforme est de mettre fin à cette inégalité entre agents publics et salariés du privé. En instaurant une mutuelle obligatoire dans les 3 versants de la fonction publique (État, territoriale et hospitalière), le gouvernement entend offrir à tous les agents un socle de garanties minimales, financé en partie par leur employeur.

Une meilleure couverture santé pour les agents

Avec la généralisation de la mutuelle obligatoire, les agents publics bénéficient désormais d’une couverture santé renforcée. Cela va permettre de limiter le reste à charge en cas de soins médicaux, hospitalisation, dépenses dentaires ou optiques, tout en assurant une meilleure équité entre les différentes catégories de fonctionnaires.

Quelle est la mise en place progressive de la mutuelle obligatoire dans la fonction publique ?

La réforme de la PSC n’est pas déployée du jour au lendemain. Son calendrier varie selon le versant de la fonction publique, mais la date butoir commune est fixée au 1er janvier 2026.

Fonction publique d’État

Depuis le 1er janvier 2025, certains ministères mettent en place une complémentaire santé collective financée à 50 % par l’État. Toutefois, tous les ministères ne sont pas prêts dès cette date : l’Éducation nationale, l’Enseignement supérieur et la Recherche ou encore le ministère des Sports n’appliqueront la réforme qu’à partir du 1er janvier 2026.

Les agents concernés doivent résilier leur mutuelle individuelle pour rejoindre le contrat collectif. Le financement de l’État correspondra à 50 % d’une cotisation d’équilibre, fixée par décret, actuellement estimée à environ 30 € par mois (soit un minimum de 15 € financés par l’employeur).

Fonction publique territoriale

Pour les collectivités territoriales, la réforme entrera pleinement en vigueur le 1er janvier 2026. Les agents auront 2 options :

  • adhérer au contrat collectif proposé par leur employeur
  • ou souscrire une mutuelle labellisée reconnue pour les agents territoriaux.

Particularité : la réforme inclut également une prise en charge partielle de la prévoyance à hauteur de 7 € par mois dès 2025, ce qui constitue une première avancée en matière de couverture des risques lourds (incapacité, invalidité, décès).

Fonction publique hospitalière

Dans les hôpitaux publics et les établissements médico-sociaux, la participation de l’employeur à hauteur de 50 % sera obligatoire au 1er janvier 2026. Pour en bénéficier, les agents devront souscrire une mutuelle responsable et solidaire, éligible à ce dispositif. Certains établissements pourront proposer un contrat collectif rendu obligatoire par accord majoritaire.

Qui est concerné par la mutuelle obligatoire dans la fonction publique ?

La réforme s’applique à tous les agents publics, sans distinction de statut :

  • fonctionnaires titulaires
  • stagiaires
  • contractuels de droit public
  • apprentis de la fonction publique, sauf s’ils sont déjà couverts par une autre mutuelle collective.

Les retraités peuvent, sous conditions, demander à continuer de bénéficier du contrat collectif de leur dernière administration (mutuelle santé et loi Evin), à condition d’en faire la demande dans l’année qui suit leur départ à la retraite.

Quels sont les agents dispensés d’adhésion obligatoire à la mutuelle collective ?

Vous n’êtes pas toujours tenu d’adhérer au contrat collectif mis en place par votre administration. Certaines situations permettent en effet d’obtenir une dispense d’adhésion :

  • Si vous bénéficiez de la Complémentaire Santé Solidaire (CSS) : l’exonération est valable tant que vous êtes couvert par ce dispositif qui permet d’accéder à une mutuelle gratuite ou moyennant une participation minime plafonnée selon l’âge.
  • Si vous disposez déjà d’une mutuelle individuelle au moment où le contrat collectif prend effet dans votre administration, ou à la date de votre recrutement (si elle est postérieure). Dans ce cas, vous pouvez conserver votre couverture actuelle jusqu’à son échéance, avec une limite maximale d’un an.
  • Si vous êtes embauché en contrat à durée déterminée (CDD) et que vous possédez déjà une complémentaire santé personnelle.
  • Si vous êtes couvert par un autre contrat collectif, que ce soit à titre principal ou comme ayant droit (mutuelle d’entreprise de votre conjoint, régime spécifique des industries électriques et gazières, contrat collectif territorial ou hospitalier, couverture santé des militaires, etc.).

À noter : même si vous avez demandé une dispense, vous gardez la possibilité de changer d’avis. Vous pouvez rejoindre le contrat collectif de votre employeur public à tout moment, et ce sans pénalité ni surcoût de cotisation.

Comment fonctionne la mutuelle obligatoire dans la fonction publique ?

Un panier minimal de garanties

Comme dans le privé, les mutuelles collectives devront respecter un socle de garanties minimales :

  • remboursement du ticket modérateur pour les soins courants
  • prise en charge d’une partie des frais dentaires et d’orthodontie
  • forfait optique
  • couverture des frais d’hospitalisation (forfait journalier notamment).

Chaque employeur public doit passer par un appel d’offres afin de sélectionner l’organisme de complémentaire santé qui couvrira ses agents. Plusieurs acteurs historiques du secteur (MGEN, MNH, Mgéfi, Groupama, etc.) proposent déjà des contrats adaptés.

Possibilité de souscrire des options

Les agents auront la possibilité d’améliorer leur protection en ajoutant des garanties optionnelles (chambre particulière, soins dentaires renforcés, médecine douce, etc.). Cela peut se faire via la mutuelle collective elle-même si le contrat le permet ou par le biais d’une surcomplémentaire santé individuelle.

Résiliation de la mutuelle individuelle : quelles démarches ?

Avec l’arrivée de la mutuelle obligatoire de la fonction publique, de nombreux agents doivent résilier leur contrat santé actuel.

  • Si le contrat individuel a plus de 12 mois au 1er janvier 2025, la résiliation a dû être effectuée avant le 30 novembre 2024.
  • Si le contrat a moins de 12 mois, la résiliation n’est possible qu’à sa date anniversaire. L’agent pourra demander une dispense temporaire jusqu’à cette échéance.

Attention : en cas d’oubli de résiliation, l’agent risque de payer 2 cotisations en parallèle (son contrat individuel + la mutuelle collective obligatoire).

Peut-on ajouter ses ayants droit à la mutuelle collective obligatoire de la fonction publique ?

La réforme prévoit que les enfants et conjoints puissent être rattachés en tant qu’ayant droit.

Les enfants

Sont éligibles :

  • les enfants de moins de 21 ans
  • les étudiants, apprentis ou demandeurs d’emploi de moins de 25 ans
  • les enfants handicapés, sans limite d’âge
  • à condition qu’ils soient fiscalement à charge et non couverts par une autre mutuelle obligatoire.

Le conjoint ou partenaire

Le conjoint, le partenaire de PACS ou le concubin peut être rattaché au contrat collectif, y compris après le départ à la retraite de l’agent.

Quelle est la participation financière de l’employeur à la mutuelle obligatoire de la fonction publique ?

Comme indiqué plus haut, la règle générale impose une prise en charge minimale de 50 % par l’employeur public. En pratique, la cotisation mensuelle moyenne étant estimée à 30 €, la participation minimale est de 15 € par mois.

Les agents paient donc la moitié restante, sauf s’ils choisissent des options supplémentaires qui augmentent la cotisation.

Dans certains cas, des employeurs publics peuvent décider de financer davantage que le minimum légal afin d’améliorer l’attractivité de leurs postes.

Mutuelle obligatoire des fonctionnaires et retraite : que se passe-t-il ?

Les retraités de la fonction publique ont la possibilité de conserver le contrat collectif de leur dernier employeur, à condition d’en faire la demande dans les 12 mois suivant leur départ à la retraite. Toutefois, la cotisation sera alors entièrement à leur charge, l’employeur n’ayant plus l’obligation de participer financièrement.

Mutuelle obligatoire dans la fonction publique : avantages et limites

Les points positifs

  • Alignement sur le privé et fin d’une inégalité historique
  • Participation financière de l’employeur, réduisant le coût pour l’agent
  • Accès garanti à un socle de garanties essentielles
  • Possibilité d’ajouter des options et d’inclure ses ayants droit

Les limites

  • Obligation d’adhésion, même si l’on préfère garder sa mutuelle individuelle
  • Cotisation supplémentaire pour les ayants droit (conjoint, enfants)
  • Retraités contraints d’assumer seuls la totalité de la cotisation
  • Risque de perte de certaines garanties spécifiques offertes par les anciennes mutuelles individuelles

La réforme de la protection sociale complémentaire des fonctionnaires constitue une évolution majeure du système de santé français. D’ici 2026, tous les agents publics bénéficieront d’une mutuelle obligatoire financée à 50 % minimum par leur employeur, marquant la fin d’une inégalité avec le secteur privé.

Cette réforme représente un pas important vers une meilleure protection sociale pour plus de 5,5 millions d’agents publics en France.

FAQ sur la mutuelle obligatoire dans la fonction publique

La mutuelle est-elle gratuite pour les fonctionnaires ?

Non. L’employeur finance au minimum 50 % de la cotisation, mais l’agent doit payer le reste.

Peut-on refuser d’adhérer à la mutuelle obligatoire ?

Seules certaines dispenses sont prévues, par exemple si l’agent bénéficie déjà d’une mutuelle collective via son conjoint.

Les apprentis sont-ils concernés ?

Oui, les apprentis sont concernés par la mutuelle obligatoire sauf s’ils sont déjà couverts par un autre contrat collectif.

Que faire si mon contrat actuel n’est pas résilié à temps ?

Vous risquez de payer une double cotisation. Il est donc essentiel d’anticiper la résiliation avant la date butoir.

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