Après une année 2025 marquée par une baisse suivie d’une accalmie sur le front des taux, de nombreux signaux laissent penser que 2026 pourrait être moins favorable aux emprunteurs. Entre pressions budgétaires, incertitudes politiques et stratégie monétaire européenne, les conditions d’emprunt risquent de se durcir prochainement. Décryptage.
Une stabilisation bienvenue en 2025
Des taux revenus sous la barre des 3,5 %
Après une période de tension sur le crédit immobilier entre 2022 et 2023, les taux ont retrouvé un peu de sérénité en 2024 et 2025. Selon l’Observatoire Crédit Logement/CSA, le taux moyen des crédits immobiliers s’est établi à 3,08 % au deuxième trimestre 2025, contre 3,16 % au trimestre précédent (hors assurance emprunteur et coût des sûretés).
Cette tendance s’explique par une inflation mieux maîtrisée et par la série de baisses de taux directeurs opérées par la Banque centrale européenne (BCE) entre juillet 2024 et le printemps 2025.
Résultat : les emprunteurs ont pu bénéficier d’un environnement plus favorable, avec des financements proposés en moyenne entre 3 % et 3,50% toutes durées confondues, et parfois sous le seuil des 3% pour les meilleurs dossiers.
Une accalmie qui pourrait ne pas durer
Malgré cette embellie, plusieurs courtiers alertent sur un essoufflement : aucune banque n’a abaissé ses taux en août 2025, une première depuis fin 2023. Pour Michel Mouillart, professeur d’économie et porte-parole de l’Observatoire Crédit Logement/CSA, « le cycle de stabilisation touche probablement à sa fin ».
L’année 2026 s’annonce donc plus compliquée pour les acheteurs immobiliers, avec un retour attendu de la hausse.
Pourquoi les taux pourraient repartir à la hausse en 2026 ?
La pression des marchés financiers
Les taux de prêt immobilier sont directement liés au coût de financement de l’État français, mesuré par l’OAT à 10 ans (obligations assimilables du Trésor). Or, cet indicateur est remonté au-delà de 3,40 % à l’été 2025, contre 3,20 % en début d’année.
Plus l’OAT grimpe, plus les banques doivent payer cher pour se financer, et plus elles répercutent cette hausse sur les emprunteurs. Si la situation budgétaire de la France ne s’améliore pas, cette tendance pourrait se prolonger en 2026.
Le poids de la notation de la dette française
La crédibilité financière de la France est sous surveillance. La chute du gouvernement Bayrou suite à l’échec du vote de confiance lundi 8 septembre est un mauvais signe pour les investisseurs. Les agences de notation comme Fitch, Moody’s et Standard & Poor’s publieront dans les prochains jours leurs évaluations de la dette française. Une dégradation – la France étant déjà sous perspective négative – aurait un effet immédiat : hausse des rendements obligataires et donc renchérissement du crédit pour les particuliers et les entreprises.
Des banques plus sélectives
Même si les taux sont fixes en France et que les défauts de paiement sont minimes, les établissements prêteurs deviennent plus prudents. Après une année 2024 marquée par un rebond de la production de crédits, les banques resserrent désormais leurs critères, notamment en matière d’apport personnel et de niveau de revenus.
Pour les ménages, cela signifie des conditions d’accès au crédit plus strictes et des refus de prêt plus fréquents, même à revenus stables.
Des conséquences directes sur le marché immobilier
Primo-accédants et investisseurs fragilisés
Les primo-accédants, qui représentent plus de la moitié des transactions immobilières, sont les premiers touchés par une hausse des taux. Une augmentation de seulement 0,30 point peut réduire de 10 000 à 15 000 € la capacité d’emprunt d’un ménage moyen.
Les investisseurs locatifs, de leur côté, voient leur rentabilité s’effriter. Entre loyers encadrés dans certaines zones, fiscalité peu incitative (fin du Pinel en janvier 2025) et financement plus coûteux, l’appétit pour l’investissement immobilier pourrait encore reculer en 2026.
Le neuf toujours en difficulté
Le marché de la construction neuve est déjà en panne et devrait le rester au moins jusqu’en 2029. Faute d’offres nouvelles et avec des coûts de construction élevés, le secteur reste fragile. Si les taux repartent à la hausse, la reprise tant attendue pourrait être compromise.
Un effet domino sur l’ensemble du marché
Quand les primo-accédants et les investisseurs se retirent, c’est toute la chaîne des transactions qui ralentit. Les vendeurs peinent à céder leurs biens, les acheteurs repoussent leurs projets, et le volume global chute. Ce scénario, déjà observé en 2022 et 2023 avec, pour conséquence induite, une forte tension sur le marché locatif, pourrait se reproduire en 2026.
2025 : un créneau à saisir avant la remontée
Des taux encore attractifs
En cette fin d’année 2025, les conditions d’emprunt restent intéressantes : taux moyens autour de 3,1 %, avec la possibilité de négocier sous les 3 % pour les profils solides (revenus stables, apport important, faible endettement).
Certains établissements continuent même de proposer des offres promotionnelles pour attirer de nouveaux clients. Des prêts à taux bonifiés en cas de travaux de rénovation pour améliorer l’étiquette énergétique sont encore proposés. Rappelons que le PTZ est de nouveau accessible dans le cadre de l’achat d’une maison individuelle. Les ménages qui concrétisent leur projet avant la fin de l’année maximisent donc leurs chances d’obtenir un financement avantageux.
Une hausse des prix qui se poursuit
Même si le rythme ralentit, les prix immobiliers continuent de grimper. Selon les dernières données, ils ont progressé de +1 % au premier semestre 2025. Paris et certaines zones rurales connaissent des hausses plus marquées, respectivement +1,4 % et +1,1 %.
Attendre 2026 pourrait donc être un pari risqué : l’addition d’une hausse des taux à la progression des prix réduit mécaniquement le pouvoir d’achat immobilier.
Un calcul à faire dès maintenant
Patienter dans l’espoir d’une baisse des taux en 2026 semble peu réaliste. Tous les indicateurs pointent vers un scénario inverse. Pour les ménages ayant un projet solide, l’opportunité d’acheter avant la remontée est donc bien réelle.
Les profils les plus favorisés (jeunes actifs à hauts revenus, couples avec apport conséquent) devraient rester courtisés par les banques et obtenir de bonnes conditions. Mais pour les autres, attendre pourrait se traduire par des refus de prêt ou des mensualités trop lourdes.
À quoi s’attendre en 2026 ?
Une remontée progressive des taux
Les prévisions de l’Observatoire Crédit Logement/CSA évoquent un taux moyen autour de 3,40 % fin 2026, contre 3,08 % à la mi-2025. Si cette hausse peut paraître limitée, elle aura des répercussions concrètes : perte de capacité d’emprunt, dossiers recalés et marché ralenti.
Un environnement économique plus tendu
Le projet de loi de finances 2026 prévoit un gel de certaines prestations sociales et peu de mesures en faveur du logement. En parallèle, la BCE, après 8 baisses consécutives de ses taux directeurs en 2024-2025, a marqué une pause. Dans un contexte d’inflation stabilisée mais encore élevée, elle pourrait conserver cette position en 2026.
Combinés, ces éléments laissent présager des conditions de crédit moins souples pour les ménages.
Notre conseil : pour minimiser l'impact d'une hausse des taux d'intérêts, utilisez comme levier d'économies la délégation d'assurance emprunteur. Lors de la demande de prêt ou en cours de remboursement, le choix d'une assurance alternative à celle de la banque vous permet de réduire le coût de votre crédit immobilier.
Une sélectivité accrue des établissements prêteurs
Face à la hausse du coût du risque et à la nécessité de renforcer leurs fonds propres, les banques devraient maintenir une politique sélective. Le prêt relais, par exemple, illustre cette prudence : lorsqu’un bien tarde à se vendre (au-delà de 2 ans), il se transforme parfois en crédit de restructuration, beaucoup plus coûteux pour les ménages.
Ces pratiques pourraient se généraliser en 2026, compliquant encore la tâche des emprunteurs.
Conclusion : agir avant qu’il ne soit trop tard
Si 2025 a été synonyme de répit pour les emprunteurs, l’année 2026 risque d’inaugurer une nouvelle phase de durcissement. Hausse des taux, conditions d’octroi plus strictes, fragilité du marché immobilier : tous les signaux convergent.
Pour les ménages disposant d’un projet d’achat, profiter des conditions actuelles reste la meilleure stratégie. Attendre l’année suivante, c’est prendre le risque de voir son pouvoir d’achat immobilier amputé et ses chances de financement réduites.