Prêt immobilier : comment fonctionne l’assurance emprunteur en cas de décès ?

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Le remboursement d’un crédit immobilier n’est pas un long fleuve tranquille. Avant le terme, l’emprunteur peut être victime d’un accident de la vie qui le prive de moyens financiers pour assumer sa dette (incapacité de travail, invalidité, perte d’emploi). Heureusement, ce genre d’aléas est couvert par l’assurance emprunteur. Le pire des scénarios étant le décès avant le solde du crédit, qui doit rembourser la banque dans ce cas précis ?

Quel est le rôle de l’assurance emprunteur ?

Pour se prémunir contre les défauts de paiement, la banque exige de l’emprunteur la souscription à une assurance de prêt immobilier. Bien que non obligatoire d’un point de vue légal, cette couverture est indispensable pour sécuriser les sommes prêtées jusqu’au terme du crédit au cas où l’emprunteur serait dans l’incapacité de rembourser la banque. Elle prend en charge tout ou partie des mensualités en cas de survenance d’un sinistre couvert par le contrat. Elle offre donc une protection au prêteur mais aussi à l’emprunteur qui s’est juridiquement engagé à solder le prêt.

L’assurance de prêt immobilier est à distinguer d’une autre garantie réclamée par la banque, l'hypothèque ou la caution, dont le rôle est là aussi de pallier les défauts de paiement, mais uniquement dans les situations non couvertes par l’assurance.

Quels sont les risques couverts par l’assurance emprunteur ?

Cette distinction étant faite, voyons en détail les risques qui sont garantis par l’assurance emprunteur :

  • décès

  • dépendance à 100% : nécessité de l’assistance d’une tierce personne pour les gestes du quotidien

  • incapacité temporaire de travail

  • invalidité totale ou partielle

  • chômage.

Chaque risque est couvert par une garantie spécifique. À la couverture socle représentée par les garanties décès et PTIA (Perte Totale et Irréversible d’Autonomie), s’ajoutent, selon le profil de l’emprunteur et les caractéristiques de son crédit, les garanties assurance de prêt suivantes :

  • garantie ITT (Incapacité Temporaire Totale de travail) qui indemnise en cas d’arrêt de travail pour maladie ou accident, après franchise et pour une durée maximale de 1095 jours

  • garantie IPP (Invalidité Permanente Partielle) si l’emprunteur ne peut reprendre une activité rémunérée et est déclaré invalide à un taux compris entre 33% et moins de 66%.

  • garantie IPT (Invalidité Permanente Totale) pour un taux de 66% ou plus.

  • garantie perte d’emploi : uniquement réservée aux emprunteurs en CDI victimes d’un chômage économique.

Il n’est pas possible de choisir les garanties d’assurance de prêt immobilier ; il s’agit d’une prérogative de la banque, mais vous avez le droit de renforcer la couverture minimale exigée pour l’octroi du financement.

Le remboursement du crédit immobilier en cas de décès

En cas de sinistre couvert, l’assurance emprunteur prend en charge tout ou partie des mensualités selon le niveau de garantie et à hauteur de la quotité souscrite.

La spécificité de la garantie décès est de rembourser le capital restant dû à la banque. Le bien immobilier financé par le prêt tombe alors dans la succession, les héritiers étant déchargés de la dette et deviennent pleinement propriétaires du bien. En présence d’un seul emprunteur, la quotité assurance de prêt est obligatoirement de 100% : l’intégralité du capital résiduel est prise en charge. En présence de deux emprunteurs, c’est la quotité choisie lors de la souscription qui fait loi. Explications.

La règle est la suivante si vous empruntez à deux : le prêt est au minimum couvert à 100%, avec une répartition sur chaque tête qui peut être de 50/50, ou variable selon les revenus et le profil de chacun (20/80, 30/70, 60/40, etc.). Vous pouvez aussi vous assurer chacun à 100%, soit une couverture optimale de 200%... qui va doubler le coût de l’assurance de prêt immobilier mais vous apporter une protection maximale à l'un comme à l'autre.

Si l’un de vous décède, l’assurance rembourse directement à la banque le capital restant dû à hauteur de la quotité souscrite : 100% si le défunt était couvert à 100% ou en fonction de la quotité pour laquelle le défunt était couvert. En cas de répartition à 50/50, le conjoint survivant devra assumer ses mensualités, plus la quote-part de 50% du partenaire décédé. Si les moyens financiers sont insuffisants, le co-emprunteur survivant et les ayants droit peuvent se retrouver en défaut de paiement, avec aucune autre solution que de vendre le bien pour solder le crédit.

Changer la quotité d’assurance de prêt

Rappelons que vous êtes libre de choisir votre contrat d’assurance emprunteur. La loi Lagarde vous autorise à refuser la formule bancaire pour lui préférer une offre alternative plus compétitive. Grâce à un comparateur d’assurance de prêt immobilier, vous accédez aux meilleurs contrats proposés par les prestataires externes. 

Ce droit vous est acquis sur toute la durée de remboursement (loi Lemoine), puisque vous pouvez changer d’assurance de prêt immobilier à tout moment, et ce, dès le lendemain de la signature de l’offre bancaire.

Si vous estimez que votre protection et celle que votre co-emprunteur doit être renforcée, il faudra rehausser la quotité, une demande qui peut être mise en place après la souscription. C’est aussi l’occasion de s’interroger sur le contrat et de voir si vous ne pouvez pas trouver mieux ailleurs. Comparez les offres en ligne et sélectionnez un contrat plus compétitif qui répond à vos besoins et qui vous couvre en toutes circonstances.

Rédigé par Astrid Cousin | Publié le 13/12/2023 | Modifié le 14/12/2023

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Crédit immobilier : toutes les infos pour emprunter en mai 2024

Les taux d’intérêts ont de nouveau baissé en avril, offrant davantage d’opportunités aux ménages porteurs d’un projet immobilier. Les conditions s’améliorent au fil des semaines dans un contexte toujours restrictif quant aux règles d’emprunt. Une proposition de loi retirée lundi soir a pourtant tenté d’assouplir la norme des 35% de taux d’endettement maximal. Le plus gros levier d’économies du crédit immobilier reste la délégation d’assurance emprunteur. Nouvelle baisse des taux du crédit immobilier En ce début mai, les signaux sont toujours au vert. Entamée aux prémices de l’année 2024, la baisse des taux d’intérêts du crédit immobilier se poursuit. Si le mouvement est moins vif qu’en janvier et février, les ajustements sont significatifs, entre 10 et 15 points de base concédés sur chaque durée. Taux sous les 4% sur toutes les durées Les valeurs sont descendues sous la barre des 4% en avril et continuent sur cette lancée. Le taux moyen sur 20 ans se situe autour de 3,80% (hors assurance emprunteur et coût des sûretés) et sur 25 ans, les valeurs restent inférieures à 4%. Les meilleurs dossiers peuvent escompter de belles ristournes : un profil premium peut actuellement s’endetter à 3,40% sur 20 ans et à 3,50% sur 25 ans. Selon les experts, la tendance baissière devrait se dérouler tout au long de l’année et afficher fin 2024 des taux autour de 3,50% voire 3% pour les plus optimistes. Pouvoir d’achat immobilier en hausse Un simple calcul témoigne d’une nette amélioration du pouvoir d’achat immobilier. Pour une mensualité de 1 000€ sur 20 ans (hors assurance de prêt et autres frais), vous pouviez emprunter 158 066€ en décembre 2023 (taux nominal à 4,50%). Actuellement, avec un taux de 3,80% sur cette même maturité, le montant empruntable s’élève à 167 928€ : vous avez gagné près de 10 000€ en l’espace de 4 mois. Les emprunteurs en position de force Ce retournement de situation, après une année noire pour le marché immobilier, est tangible : la production de crédits immobiliers a bondi de plus de 50% entre décembre 2023 et mars 2024 (chiffres Observatoire Crédit Logement/CSA). Si on constate une embellie du marché au premier trimestre 2024, elle reste timide, car on part de loin. En 2023, le nombre de prêts à l’habitat a chuté de plus de 40% par rapport à l’année précédente. Le moment est venu de challenger les banques et de les mettre en concurrence, car elles ont à cœur de financer les projets immobiliers, le crédit étant leur plus gros produit d’appel. Les emprunteurs ont la main pour négocier des conditions avantageuses dans un contexte où les banques margent de nouveau sur le crédit immobilier.  La pression s’est d’autant plus relâchée que le taux d’usure pour le deuxième trimestre est supérieur à ce qu’il était au premier trimestre. Entre le taux nominal et le taux maximum légal, les emprunteurs ont une plus large latitude pour intégrer tous les autres frais liés à l’obtention du crédit. Jusqu’au 30 juin, le taux d’usure est fixé 6,39% pour les prêts d’une durée de 20 ans et plus (6,13% pour les prêts entre 10 et 20 ans). Encadrement du crédit immobilier : rien ne bouge Le redressement de la capacité d’emprunt se fait dans un contexte inchangé quant aux règles d’octroi du HCSF (Haut Conseil de Stabilité Financière). L’institution, qui dépend du ministère de l’Économie et qui est placée sous l’égide de la Banque de France, encadre strictement le crédit immobilier depuis janvier 2021. Deux limites ont été instaurées, auxquelles les banques ne peuvent déroger qu’à la marge, soit 20% de leur production semestrielle en grande partie à destination de la primo-accession et de l’achat de la résidence principale : Le taux d’endettement ou taux d’effort ne peut excéder 35% des revenus nets, assurance de prêt comprise. La durée de remboursement est plafonnée à 25 ans (voire jusqu’à 27 ans en cas d’achat dans le neuf ou dans l’ancien avec travaux dont l’enveloppe équivaut au moins à 10% du montant de l’opération). Accusée de freiner l’accès à la propriété, car sans égard pour le reste à vivre, cette norme hérisse les professionnels du crédit, au premier rang desquels les courtiers qui plaident depuis des années pour son assouplissement. Une proposition de loi portée par le groupe Renaissance prévoyait d'amender la règle des 35% de taux d’effort qui participe à la chute massive de la production de crédits à l’habitat en privant de financement des ménages pourtant solvables. Lundi 29 avril, elle a été retirée par son auteur, le député Lionel Causse, pendant son examen à l'Assemblée en raison d'amendements de l'opposition visant à dénaturer le texte. La réforme du crédit immobilier fait pschitt. La volonté d’assouplissement avait déjà été clairement atténuée lors de son examen en commission parlementaire en maintenant les pouvoirs du HCSF quant aux conditions dérogatoires accordées aux banques. Sans compter que la BdF est notoirement opposée à toute réforme de la norme visant l’encadrement du crédit. Délégation d’assurance de prêt immobilier : la voie royale pour faire des économies En attendant un assouplissement des règles d’octroi qui ne viendra sans doute pas de si tôt, vous avez les moyens de mieux maîtriser le coût de votre crédit immobilier. Faites jouer la concurrence en matière d’assurance emprunteur et optez pour la délégation pour trouver le contrat compétitif qui permet de diviser par deux à quatre le coût de l’assurance proposée par votre banque. À garanties équivalentes, les contrats groupe bancaires sont jusqu’à 60% plus chers que les offres alternatives. En négociant au mieux l’assurance, vous économisez des milliers d’euros sur la durée de votre emprunt. Un emprunteur de 30 ans sans antécédent de santé peut ainsi réduire de 10 800€ le coût de son crédit en souscrivant une assurance externe au taux de 0,09% (taux moyen pour ce profil chez Magnolia.fr) plutôt que l’assurance bancaire au taux de 0,36%. Si vous craignez pour votre financement, car la banque rechigne à vous accorder la délégation d’assurance, agissez dans un deuxième temps. Dès le lendemain de la signature de l’offre de prêt, vous pouvez changer d’assurance emprunteur et ainsi, accéder à une formule compétitive qui respecte les exigences de la banque en matière de couverture minimale et ne peut plus faire barrage à votre projet immobilier.    

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HCSF : la réforme du crédit immobilier fait pschitt !

Le miracle n'a pas eu lieu. Débattue à l'Assemblée nationale dans la soirée du lundi 29 avril, la proposition de loi visant à réformer le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) a été retirée par son auteur. Portée par le député Lionel Causse, cette initiative avait pour objectif d'assouplir les conditions d'octroi des crédits immobiliers. Des débats houleux qui n'étaient pas à la hauteur de l'enjeu et des amendements en pagaille aboutissent finalement à son abandon. Le HCSF reste « un machin inutile » qui bride l’accès au crédit immobilier à de nombreux ménages pourtant solvables en refusant d’introduire la notion de reste à vivre. Contexte de la réforme du crédit immobilier La proposition de loi portée par un collectif de députés du groupe Renaissance visait à ajuster le fonctionnement du HCSF, organisme chargé de réguler le crédit immobilier en France depuis la crise financière de 2008-2011. Ce dernier émet des recommandations pour prévenir le surendettement des ménages, fixant notamment une limite d'endettement à 35% du revenu des ménages et une durée de remboursement maximale de 25 ans (sauf exception dans le neuf et l’ancien avec travaux de rénovation où elle peut aller jusqu'à 27 ans). Ces consignes sont devenues juridiquement opposables aux banques depuis janvier 2022. Après une année noire pour l’immobilier en 2023 (-40% de production de crédits immobiliers), la proposition de réforme du HCSF visait à ajuster son fonctionnement pour redynamiser le marché. Reste à vivre : une notion oubliée du HCSF Le député Lionel Causse a retiré sa proposition après des débats agités à l'Assemblée nationale. Les amendements adoptés pendant les discussions ont profondément altéré le contenu initial du texte, ce qui a conduit à son abandon. L'auteur de la proposition a justifié ce retrait en arguant que les modifications apportées avaient dénaturé le projet initial. Cette décision intervient après des échanges houleux où les opinions divergentes ont été exprimées, notamment par le député Nicolas Sansu, mettant en garde contre les risques d'endettement accru pour les ménages. Certains députés ont qualifié cette initiative de réponse "imparfaite, insuffisante et peut-être dangereuse" face au déficit de production de logements dans le pays. Ces oppositions ont contribué à la remise en question de la proposition de loi et ont finalement abouti à son retrait. La proposition prévoyait deux mesures : modification de la composition du HCSF par la nomination de 2 parlementaires (un député et un sénateur) parmi ses membres afin d’introduire davantage de démocratie ; prise en compte du reste à vivre : les banques auraient eu la possibilité de s’affranchir de la règle des 35% d’endettement maximum (assurance de prêt immobilier comprise) pour les emprunteurs solvables ne présentant aucun risque d’endettement excessif. La fin de la règle des 35% d’endettement devient l’Arlésienne du crédit immobilier, alors qu’elle relève du bon sens : laisser les banques distribuer des financements selon leurs critères, comme elles l’ont toujours fait avant l’application de la norme. Le taux de défaut de paiement en France est le plus bas d’Europe à moins de 0,80% en raison de l’acuité des prêteurs et non de l'encadrement du crédit. Le HCSF intouchable Malgré le soutien initial du gouvernement, notamment sur la notion de reste à vivre, la proposition a été critiquée par divers acteurs, au premier rang desquels la Banque de France (BdF) et la Banque centrale européenne (BCE). Christine Lagarde, la présidente de la BCE, avait donné un avis négatif sur ce texte, estimant que « ces changements entraînent de facto une dilution de la représentation des organes techniques au sein du HCSF, y compris, mais sans s’y limiter, la Banque de France et l’ACPR ». Lors de l’examen du texte en commission des finances, les députés avaient introduit le fait de laisser entre les mains du gouverneur de la BdF les décisions quant à l’encadrement du crédit. Ce dernier étant farouchement opposé à toute réforme du HCSF, la proposition de réforme amendée n’avait plus aucun sens. Selon les détracteurs du texte, l’introduction de deux parlementaires dans la composition du HCSF aurait risqué de mettre à mal l’indépendance de l’autorité macro-prudentielle en favorisant le lobbying. Le texte initial prévoyait en outre de revoir les règles tous les trois mois, un délai jugé trop strict par la BCE. La rigueur est pourtant bien du côté du HCSF en privant les ménages solvables d’accès au crédit immobilier par l’application à l’aveugle de règles devenues indéfendables. Peut-on justifier de laisser des locataires s’endetter à 50% de leurs revenus quand on refuse aux candidats à l’accession à la propriété la possibilité d’emprunter à plus de 35% sans compromettre leur santé financière ? Les parlementaires opposés à la réforme oublient qu’être propriétaire de sa résidence principale est une sûreté pour la retraite. En bridant l’accès à la propriété immobilière, l’État se tire une balle dans le pied : baisse du pouvoir d’achat des retraités, manque de rentrées d’argent (moins de droits de mutation). Timide reprise du marché immobilier Le retrait de la proposition de loi soulève des interrogations quant aux prochaines étapes dans la résolution de la crise du logement en France. Le resserrement de l’accès au crédit à l’habitat instauré par le HCSF dès janvier 2020 s’est rapidement transformé en rationnement du crédit pour de raisons obscures qu’on espère décorrélées de la régulation de l’inflation. La récente baisse des taux d’intérêts redynamise la demande et rend les banques plus concurrentielles, ce qui a peut-être offert un excès de confiance aux parlementaires quant à la normalisation du marché.