Souscrire un prêt immobilier marque souvent une étape majeure dans une vie, notamment entre 30 et 40 ans, période où l’achat d’un premier logement devient une priorité. Pourtant, beaucoup d’emprunteurs se concentrent sur le taux d’intérêt de leur crédit, sans prêter suffisamment attention à l’assurance de prêt. Or, ce contrat annexe peut représenter jusqu’à un tiers du coût global de l’opération et peser lourdement sur le budget.
Il est possible de résilier son assurance emprunteur à tout moment grâce à la loi Lemoine qui s’applique à tous les emprunteurs depuis le 1er septembre 2022. Ce droit qui célèbre ses 3 ans aujourd’hui ouvre la voie à des économies considérables, parfois supérieures à 10 000 € sur la durée du crédit. Pourtant, ce levier reste encore largement sous-utilisé par les emprunteurs.
Une réforme majeure encore trop méconnue
Avant 2022, changer d’assurance de prêt nécessitait de respecter une date précise : l’anniversaire du contrat (amendement Bourquin) ou la fin de la première année (loi Hamon). Ces contraintes réglementaires décourageaient de nombreux assurés.
Mise en place en juin 2022, la loi Lemoine a profondément modifié cette logique : désormais, chaque emprunteur peut résilier son contrat à tout moment, sans attendre l’échéance annuelle.
En théorie, cela simplifie la démarche. En pratique, la grande majorité des emprunteurs continue de conserver l’assurance « groupe » proposée par leur banque. Plusieurs freins persistent :
- manque d’information claire sur les droits
- perception de démarches lourdes
- peur que la banque refuse le dossier ou impose des conditions plus strictes
- idées reçues selon lesquelles une assurance externe serait moins protectrice.
Résultat : les banques conservent encore aujourd’hui près de 85 % du marché de l’assurance emprunteur, alors que la concurrence offre des tarifs bien plus compétitifs.
Pourquoi les 30-40 ans sont les grands gagnants du changement d’assurance de prêt
Les emprunteurs de 30 à 40 ans représentent un profil particulièrement avantageux pour les assureurs :
- âge relativement jeune
- bonne santé générale
- stabilité professionnelle croissante.
Ces critères permettent d’accéder à des offres individuelles beaucoup moins coûteuses que les contrats bancaires mutualisés.
Prenons un exemple concret : pour un prêt de 250 000 € sur 20 ans, un couple trentenaire peut diviser par deux voire par trois le coût de son assurance en optant pour une offre alternative. Cela représente souvent plusieurs milliers d’euros d’économies, parfois jusqu’à 15 000 €, simplement en changeant de prestataire.
Et les écarts se creusent avec l’âge, mais à tout âge, l’économie reste significative, avec plusieurs milliers d’euros à la clé sur la durée restante du prêt immobilier.
Les différences entre contrat groupe et contrat individuel expliquent les écarts de prix d’un produit à l’autre, à garanties équivalentes : les banques proposent des tarifs uniformisés, qui mutualisent les risques de tous les assurés. Les assureurs indépendants, eux, ajustent la prime en fonction du profil personnel : non-fumeur, bonne condition physique, absence de pathologies, profession stable…
Les fausses croyances qui freinent encore le changement d’assurance emprunteur
On constate que les économies sont substantielles, mais pourquoi si peu de ménages osent-ils franchir le pas ? Plusieurs idées reçues circulent encore :
- “Changer va ralentir l’obtention de mon crédit” : c’était parfois vrai avant la signature, mais une fois le prêt accordé, la banque ne peut pas revenir sur ses conditions.
- “L’assurance externe protège moins bien” : la loi impose une stricte équivalence de garanties. Si le nouveau contrat ne couvre pas les mêmes risques, la banque est en droit de refuser, mais dans le cas contraire, elle ne peut pas s’y opposer.
- “Les démarches sont trop complexes” : depuis la résiliation à tout moment, un simple courrier recommandé accompagné de la nouvelle attestation suffit.
- “La banque me facturera des frais” : là encore, la réglementation interdit tout frais de résiliation ou modification liés au changement d’assurance.
Ces blocages psychologiques maintiennent un statu quo profitable aux établissements bancaires. Pourtant, s’informer et comparer l’assurance emprunteur ne demande qu’un peu de temps et permet de réaliser des économies souvent supérieures à ce que l’on espère gagner en négociant son taux de crédit.
Quels critères comparer avant de changer d’assurance emprunteur ?
Changer d’assurance n’est pas qu’une question de prix. Plusieurs éléments méritent une attention particulière pour éviter les mauvaises surprises :
- Les exclusions : certains contrats ne couvrent pas les sports à risque, les déplacements professionnels fréquents ou les affections dorsales.
- Les délais de carence : période durant laquelle la couverture ne s’applique pas encore.
- Les franchises : laps de temps avant l’indemnisation en cas d’arrêt de travail (choix entre 15 et 180 proposé par les meilleurs contrats alternatifs)
- Les modalités d’indemnisation : remboursement sur la base des mensualités ou du capital restant dû.
Un audit de son contrat actuel permet d’identifier ses points faibles et de les comparer avec les offres concurrentes. Pour les ménages peu familiers du jargon, l’accompagnement d’un courtier spécialisé ou d’un conseiller indépendant peut s’avérer précieux. Le rôle d’un courtier en assurance de prêt n’est pas seulement de trouver le contrat le moins cher, mais aussi celui qui sera le mieux adapté à votre situation, celui qui vous protège en toutes circonstances.
Une démarche plus simple qu’il n’y paraît
Depuis la réforme Lemoine, le processus de changement a été considérablement allégé :
- Demander un devis auprès de plusieurs assureurs alternatifs.
- Vérifier l’équivalence des garanties grâce au formulaire type remis par la banque (fiche standardisée d’information).
- Choisir la meilleure offre et obtenir l’attestation d’assurance.
- Envoyer la demande de substitution à sa banque par courrier recommandé.
- Attendre la validation : sous 10 jours, la banque doit répondre et ne peut pas s’opposer si toutes les garanties sont respectées.
Une fois le nouveau contrat en place, aucune pénalité ni frais supplémentaires ne peuvent être appliqués. Le prêt continue avec les mêmes conditions, mais avec une mensualité d’assurance souvent bien plus légère.
Réduire le coût de son crédit immobilier et augmenter son pouvoir d’achat
À l’heure où l’immobilier reste un investissement majeur pour les ménages, chaque économie compte. En réduisant de 30 à 60 % le coût de leur assurance, les emprunteurs dégagent un budget supplémentaire qui peut être utilisé pour :
- réduire le montant global du crédit
- accélérer le remboursement anticipé
- financer d’autres projets personnels ou professionnels
- augmenter la capacité d’épargne ou d’investissement.
Sur 20 ou 25 ans, ces économies deviennent un véritable atout patrimonial. Elles permettent de mieux préparer sa retraite, d’investir dans l’éducation des enfants ou encore de sécuriser sa situation financière.
Loi Lemoine : une opportunité à saisir sans attendre
L’assurance emprunteur représente souvent un poste de dépense sous-estimé dans un projet immobilier. Pourtant, depuis la loi Lemoine, chaque emprunteur a la possibilité de reprendre la main sur ce contrat et de réaliser des économies substantielles.
Pour les 30-40 ans, la démarche est encore plus stratégique : leur profil de risque très favorable leur ouvre la voie à des offres concurrentes particulièrement avantageuses.
Changer d’assurance n’est ni risqué ni complexe : il suffit de comparer, de vérifier l’équivalence des garanties et de formuler sa demande. À la clé, plusieurs milliers d’euros économisés, une charge mensuelle réduite et une plus grande liberté financière.
En matière d’assurance emprunteur, les gagnants ne sont pas ceux qui signent vite, mais ceux qui osent comparer.