Le décès d'un emprunteur est une situation délicate qui soulève de nombreuses questions concernant le remboursement du crédit immobilier en cours. Si l'assurance de prêt est censée prendre le relais dans ces circonstances, certains cas peuvent compromettre la prise en charge du capital restant dû. Analysons en détail les différentes situations et leurs implications.
Les conditions générales de prise en charge par l'assurance emprunteur en cas de décès
L'assurance emprunteur intervient normalement pour rembourser le capital restant dû à la banque lors du décès de l'assuré. Cette garantie, appelée "garantie décès", est obligatoire pour les prêts immobiliers et fait partie des garanties de base du contrat d'assurance.
La garantie décès de l’assurance emprunteur cesse entre les 75 et 90 ans du titulaire selon les contrats, sauf décès prématuré. Les offres déléguées sont plus généreuses que les contrats groupe des banques qui vont rarement au-delà de 80 ans.
La garantie PTIA (Perte Totale et Irréversible d’Autonomie) lui est toujours associée, mais elle prend fin en général aux 65 ans de l’emprunteur (quand il est en retraite), voire 70 ans pour les contrats alternatifs aux offres bancaires.
Plusieurs critères doivent être réunis mettre en jeu la garantie décès :
- Le contrat d'assurance doit être en cours de validité.
- Les cotisations doivent être à jour.
- Le décès doit survenir pendant la période de couverture.
- Les causes du décès ne doivent pas faire l'objet d'exclusions.
Les cas où l'assurance emprunteur rembourse intégralement le prêt
Dans la majorité des situations, l'assurance prend en charge le remboursement total du capital restant dû. Voici 2 scénarios parmi les plus courants :
Exemple 1 : Décès par maladie non préexistante
Marc, 45 ans, décède d'un cancer diagnostiqué deux ans après la souscription de son prêt immobilier. L'assurance rembourse l'intégralité des 180 000 € restants à la banque, car la maladie n'était pas connue au moment de la souscription.
Exemple 2 : Décès accidentel
Sophie, 35 ans, est victime d'un accident de la route fatal. Son assurance de prêt rembourse les 250 000 € restants sur son crédit immobilier, l'accident étant une cause de décès couverte sans restriction.
Le remboursement du prêt immobilier en cas de décès d’un co-emprunteur
Les exemples cités concernent des prêts immobiliers contractés par une seule personne. L’assurance couvre 100% du capital emprunté, il n’y a donc aucune interrogation sur le montant à rembourser en cas de décès.
Dans le cadre d’un emprunt à deux, une quotité d’assurance de prêt immobilier est attribuée à chaque co-emprunteur et l’addition des deux doit couvrir au moins 100% du capital emprunté. Pour une protection optimale, la quotité peut aller jusqu’à 100% sur chaque tête, soit 200% : en cas de décès, le co-emprunteur survivant est déchargé de la dette et obtient la pleine propriété du bien.
Si vous avez opté pour une répartition inférieure à 100% sur chaque tête, le niveau de remboursement du crédit va dépendre de la quotité de chacun.
Exemple 1 : vous avez choisi de vous assurer à 50/50. Si l’un de vous décède, le conjoint survivant devra continuer d’assumer 50% des mensualités restantes.
Exemple 2 : vous avez choisi une répartition à 70/30. Celui qui a la quotité à hauteur de 70% décède. L’assurance rembourse à la banque 70% du capital restant dû, les 30% de dette restante étant assumés par l’autre co-emprunteur.
Les situations de refus de prise en charge en cas de décès
Certaines circonstances peuvent conduire l'assurance à refuser le remboursement du prêt :
Fausse déclaration intentionnelle
Exemple concret : Pierre omet volontairement de mentionner ses antécédents cardiaques lors de la souscription. Il meurt d'une crise cardiaque 2 ans plus tard. L'assurance découvre la fausse déclaration et refuse la prise en charge du prêt, laissant l’éventuel co-emprunteur et les héritiers face à la dette.
Toute fausse déclaration en assurance emprunteur peut entraîner la nullité du contrat, doublée de poursuites judiciaires pour fraude à l’assurance (sanctions civiles et pénales, peine d’emprisonnement). Il s’agit d’un délit grave qui conduit au remboursement immédiat du prêt ou à la saisie du bien en cas d’incapacité financière.
Exclusions contractuelles
Exemple : Thomas, passionné d'alpinisme, décède lors d'une ascension en haute montagne. Son contrat excluant explicitement les sports extrêmes, l'assurance refuse d'intervenir pour les 210 000 € restants. L’éventuel co-emprunteur et les héritiers sont redevables de la dette.
Suicide pendant la période de carence
Exemple : Un emprunteur se suicide 6 mois après la souscription du prêt. Le délai de carence en assurance emprunteur étant d'un an pour le suicide, l'assurance ne prend pas en charge le remboursement. La réglementation apporte toutefois une protection à la famille et aux ayants droit : si le prêt est destiné au financement de la résidence principale, l’assurance indemnise la banque à hauteur de 120 000 €.
Ces situations font partie des exclusions de garanties générales et particulières dûment insérées dans le contrat d’assurance de prêt. Il est important de bien les lire et de vérifier une éventuelle option de rachat. Certains contrats permettent en effet de couvrir des risques habituellement exclus (maladie non objectivable, métier à risques, sport dangereux) moyennant une surprime.
Comment sécuriser la prise en charge intégrale du prêt par l’assurance emprunteur ?
Pour maximiser les chances d'une prise en charge totale, plusieurs précautions sont essentielles :
Être transparent lors de la souscription
- Déclarer tous ses antécédents médicaux
- Mentionner ses activités à risque
- Répondre honnêtement au questionnaire de santé
Vérifier les exclusions du contrat
- Lire attentivement les conditions générales
- Porter une attention particulière aux clauses d'exclusion
- Négocier si possible la suppression de certaines exclusions
Optimiser la quotité d'assurance
- Opter pour une quotité de 100% pour chaque emprunteur
- Adapter la quotité à la situation familiale
Solutions alternatives en cas de refus d’indemnisation
Si l'assurance refuse la prise en charge, plusieurs options existent :
Recours juridique
- Contester la décision auprès du médiateur de l'assurance
- Engager une procédure judiciaire si nécessaire
Arrangements avec la banque
- Négocier un rééchelonnement de la dette
- Proposer une vente du bien pour solder le crédit
Si l'assurance de prêt constitue une protection essentielle en cas de décès de l'emprunteur, son intervention n'est pas systématique. Une attention particulière doit être portée aux conditions de souscription et aux exclusions du contrat. La transparence lors de la déclaration initiale et le choix d'une couverture adaptée sont cruciaux pour garantir une prise en charge optimale.
Dans tous les cas, il est recommandé de :
- Conserver précieusement tous les documents contractuels
- Maintenir ses cotisations à jour
- Informer l'assurance de tout changement significatif
- Se faire accompagner par un professionnel pour la souscription
Ces précautions permettront de maximiser les chances d'une prise en charge totale du prêt par l'assurance en cas de décès de l'emprunteur, protégeant ainsi les proches d'une situation financière délicate.