Sortie en capital à la retraite et reprise d'un emploi : que faut-il savoir ?


Reprendre une activité après la retraite est aujourd’hui courant, que ce soit pour compléter ses revenus, transmettre ses compétences ou simplement rester actif. Mais comment ce retour à l’emploi influence-t-il la fiscalité de votre PER si vous optez pour une sortie en capital ?

Sortie en capital à la retraite : quelle fiscalité ?

À la retraite, vous pouvez liquider votre PER en rente viagère, en capital, ou via une combinaison des deux. La sortie en capital peut être effectuée en une seule fois ou de manière fractionnée :

  • Sortie en capital en une seule fois : vous percevez l’intégralité de votre épargne PER en une seule somme.
  • Sortie en capital fractionnée : vous retirez votre épargne en plusieurs versements, étalés dans le temps.

Dans tous les cas, la fiscalité applicable à la sortie dépend de l’origine des fonds épargnés : versements déductibles ou non déductibles.

Versements déductibles

Lorsque vous avez opté pour la déduction fiscale de vos versements au moment de l’épargne, vous avez bénéficié d’un avantage immédiat en diminuant votre revenu imposable. En contrepartie, lors de la sortie en capital, ces sommes sont intégralement soumises à l’impôt sur le revenu, comme un revenu classique. 

  • Le capital est soumis au barème progressif de l’impôt sur le revenu.
  • Les plus-values sont imposées au Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) de 30 %.

Versements non déductibles 

Si vous n’avez pas déduit vos versements à l’entrée du PER (soit par choix, soit parce que vous étiez non imposable ou aviez atteint le plafond de déduction), la sortie en capital bénéficie d’une fiscalité bien plus avantageuse

  • Le capital est exonéré d’impôt.
  • Seules les plus-values sont soumises au PFU (30 %).

Que dit la loi sur la reprise d'emploi à la retraite ?

Reprendre un travail après la retraite est tout à fait légal. On parle alors de cumul emploi-retraite.

Le dispositif de cumul emploi-retraite permet à un retraité de reprendre et d’exercer une activité professionnelle rémunérée tout en continuant de percevoir sa pension.Ce dispositif se décline en deux régimes : le cumul plafonné et le cumul libéralisé, selon que vous remplissiez ou non certaines conditions au moment de la liquidation de vos droits.

Le cumul emploi-retraite libéralisé

Vous pouvez bénéficier du cumul emploi-retraite libéralisé, c’est-à-dire sans limitation de revenus, si vous remplissez toutes les conditions suivantes :

  • Vous avez liquidé l’ensemble de vos retraites personnelles (base et complémentaires) auprès de tous les régimes, y compris étrangers ou d’organisations internationales ;
  • Vous avez obtenu votre retraite à taux plein, soit :
    • à l’âge légal (62 à 64 ans selon votre année de naissance) avec la durée d’assurance requise ;
    • ou automatiquement à 67 ans, quel que soit le nombre de trimestres validés.

Dans ce cas, vous pouvez reprendre une activité immédiatement, chez tout employeur. Votre pension ne sera ni suspendue ni réduite, quel que soit le montant de vos revenus.

À noter : depuis le 1er novembre 2023, si vous souhaitez retravailler chez votre dernier employeur, vous devez toutefois respecter un délai de carence de 6 mois après votre départ en retraite.

Le cumul emploi-retraite plafonné

Si vous ne remplissez pas les conditions du cumul libéralisé (absence de taux plein ou liquidation partielle des retraites), vous relevez du cumul plafonné.

Dans ce cas :

Le montant total de vos pensions (de base et complémentaires) et de vos nouveaux revenus d’activité ne doit pas dépasser :
    • soit la moyenne mensuelle des salaires des 3 derniers mois d’activité avant la retraite ;
    • soit 1,6 fois le Smic mensuel, si ce seuil est plus favorable.

En cas de dépassement, votre pension de retraite est réduite ou suspendue en proportion.

Concernant la reprise d’activité :

  • Chez un nouvel employeur : vous pouvez reprendre immédiatement après votre retraite.
  • Chez votre ancien employeur : un délai d’attente de 6 mois est imposé.

Vous devez impérativement déclarer cette reprise à votre caisse de retraite dans le mois qui suit, accompagnée de toutes les pièces justificatives.

Statut d'activité possibles pour la reprise d’emploi à la retraite

Plusieurs statuts sont possibles pour la reprise d'une activité après la retraite. Vous pouvez devenir : 

  • salarié : CDD, CDI, temps partiel ; 
  • travailleur indépendant ;
  • auto-entrepreneur ou encore 
  • gérant d'une société. 

Chaque statut a ses propres implications en termes de cotisations sociales, de protection sociale et de fiscalité. Il est donc du devoir du retraité de bien se renseigner avant de choisir son statut pour la reprise d'une activité.

Quelles sont les conséquences fiscales pour une sortie en capital d’un PER et reprise d'emploi ?

Lorsque vous effectuez une sortie en capital de votre PER et que vous reprenez une activité professionnelle, ces deux sources de revenus s'ajoutent à votre revenu imposable. Cela peut entraîner une augmentation de votre impôt sur le revenu, notamment si vous franchissez une tranche marginale d'imposition (TMI) plus élevée.

Ce risque fiscal est particulièrement important en cas de sortie en capital en une seule fois, car le montant total du capital s’ajoute intégralement à vos autres revenus dans l’année de perception. Une sortie fractionnée permet d’étaler les retraits sur plusieurs années, ce qui peut lisser l’imposition et éviter de grimper brutalement dans les tranches supérieures de l’impôt.

Pour mieux comprendre, prenons un exemple de sortie en capital dont les versements étaient non déductibles :

Exemple : retrait de 77 000 € + reprise d’activité à 20 000 € / an

Sortie en capital en une seule fois

  • Capital imposable : 70 000 € (les gains représentent les 7 000 €)
  • Reprise d’activité : 11 000 €

Revenu imposable total : 81 000 €
TMI : 30 % (palier atteint dès 29 316 €)

  • Impôt sur le revenu estimé : 24 300 €

Sortie en capital fractionnée (en 4 fois sur 4 ans)

  • Retrait : 17 500 € / an (capital imposable)
  • Reprise d’activité : 11 000 € / an

Revenu imposable annuel : 28 500 €
TMI : 11 %

  • Impôt sur le revenu estimé : 3 135 € / an

Total impôt sur 4 ans : 4 × 3 135 € = 12 540 €

Comment optimiser la fiscalité si vous liquidez votre PER en capital et reprenez une activité ?

Si vous envisagez une sortie en capital de votre PER tout en reprenant une activité professionnelle, vous risquez un cumul de revenus qui augmente fortement votre imposition. Voici comment limiter cet effet fiscal :

  • Privilégier une sortie fractionnée : répartir vos retraits sur plusieurs années permet de lisser vos revenus imposables et d’éviter de passer dans une tranche d’imposition supérieure.
  • Synchroniser retraite et activité : vous pouvez moduler ou différer votre reprise d’activité en fonction de vos retraits, pour éviter un pic d’imposition l’année du déblocage.
  • Solliciter un expert : un conseiller en gestion de patrimoine ou un expert-comptable peut vous aider à bâtir une stratégie sur mesure, qui tient compte de votre profil fiscal et de vos projets.

Sortie PER en capital et reprise d’emploi : quel impact sur les aides sociales et les exonérations ?

Effectuer une sortie en capital de votre PER augmente votre revenu fiscal de référence (RFR). Si vous reprenez une activité professionnelle en parallèle, les revenus perçus viennent également s’ajouter à ce RFR. Cela peut avoir des répercussions sur votre accès à certaines aides ou exonérations.

Parmi les conséquences les plus fréquentes :

  • Perte de l’exonération de CSG sur votre pension de retraite, si votre RFR dépasse les seuils fixés.
  • Diminution, voire perte de l’ASPA (Allocation de solidarité aux personnes âgées), si vos ressources dépassent les plafonds légaux.
  • Sortie du dispositif de la Complémentaire santé solidaire (CSS), qui dépend strictement du niveau de vos revenus.

Ces effets ne sont pas automatiques : ils dépendent de plusieurs paramètres, comme la composition de votre foyer fiscal, votre lieu de résidence ou la nature de vos autres ressources. C’est pourquoi il est fortement recommandé de simuler votre RFR en prenant en compte tous vos revenus (capital PER + revenus d’activité), avant de décider du montant et du mode de sortie de votre épargne.

Peut-on continuer à alimenter un PER après la retraite ?

Oui, il est tout à fait possible de continuer à effectuer des versements volontaires sur un PER individuel (PERIN), même après avoir liquidé ses droits à la retraite et repris une activité professionnelle. En théorie, aucune limite d’âge n’interdit l’alimentation d’un PER.

Cependant, il est important de noter une restriction fiscale : les versements ne sont plus déductibles du revenu imposable une fois que vous percevez une pension de retraite. Ce principe découle de l’article 163 quatervicies du Code général des impôts, qui réserve l’avantage fiscal de la déduction aux personnes encore en activité et non retraitées.

Malgré cette perte d’avantage fiscal, continuer à alimenter un PER peut s’avérer pertinent dans plusieurs situations :

  • Préparer une transmission : en désignant un ou plusieurs bénéficiaires, vous pouvez transmettre un capital dans un cadre fiscal souvent plus avantageux que d’autres supports, notamment en cas de décès avant 70 ans.
  • Anticiper un besoin de liquidités : un PER permet de constituer une épargne mobilisable plus tard, par exemple pour un projet immobilier ou un imprévu financier.
  • Optimiser votre stratégie patrimoniale : si vous disposez déjà d’un patrimoine conséquent, le PER peut s’intégrer dans une logique de diversification ou de planification successorale.

Sans oublier que la souplesse des modalités de sortie (capital en une fois, fractionné ou mixte) permet d’adapter le déblocage des fonds à vos besoins concrets, avec un pilotage sur mesure de votre trésorerie.

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