Alors que le marché immobilier reste sous tension, 2 dispositifs censés favoriser la location abordable et la rénovation de l’ancien peinent à convaincre. Malgré leurs réductions d’impôt attractives, Loc’Avantages et Denormandie souffrent d’un manque d’intérêt flagrant de la part des investisseurs. En cause : des démarches complexes, des loyers encadrés et une rentabilité limitée. Essayons de décrypter pourquoi ces dispositifs fiscaux, pourtant prometteurs, sont boudés par les particuliers en 2025, et le resteront si aucune réforme n’intervient.
Loc’Avantages : un dispositif fiscal intéressant mais boudé par les investisseurs
Le dispositif Loc’Avantages, lancé en 2022 pour succéder à "Louer Abordable" (loi Cosse), vise à encourager les propriétaires à proposer des loyers inférieurs à ceux du marché en échange d’un avantage fiscal conséquent.
Pourtant, en 2025, seuls 3 947 ménages ont profité du dispositif. Un chiffre très faible au regard du potentiel fiscal offert.
Les objectifs du Loc’Avantages
Ce dispositif, géré par l’Anah (Agence nationale de l’habitat), repose sur un principe simple :
- Louer un logement vide à un loyer inférieur au prix du marché
- Signer une convention avec l’Anah pour une durée minimale de 6 ans
- Louer à un locataire aux revenus modestes, sous conditions de ressources.
En échange, le propriétaire bénéficie d’une réduction d’impôt, comprise entre 15 % et 65 % selon le niveau de modération du loyer.
Des réductions d’impôt progressives selon le loyer pratiqué
Le taux d’avantage fiscal dépend du rabais consenti sur le loyer :
- Loyer inférieur de 15 % : réduction d’impôt de 15 à 20 % des loyers perçus
- Loyer inférieur de 30 % : réduction portée à 35 à 40 %
- Loyer inférieur de 45 % : réduction maximale de 65 %.
Ce gain fiscal est toutefois plafonné à 10 000 € par an, dans la limite du plafond global des niches fiscales.
Des contraintes trop lourdes pour séduire les propriétaires
Si l’objectif du Loc’Avantages est louable, sa mise en œuvre s’avère complexe et peu rentable pour nombre d’investisseurs.
- Des loyers trop encadrés
L’un des principaux freins réside dans le niveau des loyers imposés. Louer 30 à 45 % en dessous du prix du marché réduit considérablement la rentabilité locative.
Beaucoup de propriétaires estiment que la réduction d’impôt ne compense pas la perte de revenus locatifs.
- Des démarches administratives décourageantes
Le conventionnement avec l’Anah nécessite :
- Une procédure longue et technique, avec de nombreux justificatifs
- Un contrôle des plafonds de ressources du locataire
- Un suivi régulier de la conformité du bail.
- Une durée d’engagement contraignante
La durée minimale de location de 6 ans rebute également certains bailleurs. En cas de revente anticipée ou de besoin de récupérer le bien, le non-respect de l’engagement entraîne la perte de l’avantage fiscal. Il en va de tous les dispositifs de défiscalisation immobilière, présents comme anciens.
Loi Denormandie : un dispositif mal compris et trop restreint
Lancée en janvier 2019, la loi Denormandie a pour objectif de favoriser la rénovation de logements anciens dans des centres-villes dégradés. En théorie, elle s’apparente à la version dans l’ancien du dispositif Pinel, supprimé en janvier 2025. En pratique, elle peine à décoller.
En 2025, seulement 2 091 foyers ont profité du Denormandie. Là encore, la fiscalité attractive ne suffit pas à compenser les contraintes et la faible visibilité du mécanisme.
Un champ d’application limité
La grande faiblesse du Denormandie réside dans la restriction géographique :
- Seules environ 500 communes sont éligibles.
- Il s’agit des villes labellisées "Cœur de ville" ou engagées dans une opération de revitalisation du territoire (ORT).
Autrement dit, la majorité des villes moyennes ou petites en sont exclues, limitant drastiquement les opportunités d’investissement.
Des travaux obligatoires coûteux et encadrés
Pour bénéficier des avantages fiscaux, le propriétaire doit :
- Acheter un bien ancien nécessitant des travaux éligibles au dispositif Denormandie
- Réaliser des travaux de rénovation représentant au moins 25 % du coût total de l’opération
- Obtenir un gain énergétique d’au moins 20 % (30 % pour les maisons individuelles).
Ces conditions, bien que vertueuses d’un point de vue écologique, sont financièrement dissuasives :
- Le coût des rénovations est souvent élevé.
- Les exigences techniques en matière de performance énergétique (DPE) compliquent les projets.
- Le contrôle administratif est rigoureux et parfois lent.
Bon à savoir : La loi Denormandie est cumulable avec les aides à la rénovation (MaPrimRénov’, CEE, éco-prêt à taux zéro, TVA réduite, aides des collectivités locales). Le montant des aides devra être déduit des dépenses éligibles à l’exonération fiscale.
Des avantages fiscaux dégressifs selon la durée de location
Le Denormandie reprend le principe fiscal du Pinel :
- 12 % de réduction d’impôt pour 6 ans de location
- 18 % pour 9 ans
- 21 % pour 12 ans.
Mais cette fiscalité attractive ne compense pas les risques et lourdeurs du dispositif, notamment dans un contexte où le marché locatif des centres-villes anciens reste fragile.
Pourquoi ces 2 dispositifs peinent-ils à convaincre ?
Les causes du désintérêt pour Loc’Avantages et Denormandie sont similaires :
Des contraintes disproportionnées
- Conditions d’accès complexes
- Engagements longs (6 à 12 ans)
- Vérifications administratives fréquentes
Une rentabilité limitée
- Loyers trop bas par rapport au marché
- Travaux coûteux pour Denormandie
- Plafonds fiscaux parfois jugés insuffisants
Une visibilité insuffisante
- Dispositifs méconnus du grand public
- Communication institutionnelle faible
- Peu de relais auprès des courtiers ou conseillers en gestion de patrimoine
|
Dispositif |
Objectif principal |
Avantage fiscal maximal |
Contraintes majeures |
Nb de bénéficiaires en 2025 |
|
Loc’Avantages |
Louer à un prix abordable via la convention Anah |
Jusqu’à 65% des loyers |
Loyer inférieur au marché, durée de 6 ans, démarches lourdes |
3 947 |
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Denormandie |
Rénover l’ancien dans les centres-villes |
Jusqu’à 21% du prix du bien |
Travaux coûteux, zone limitée, conditions énergétiques |
2 091 |
Quelles alternatives pour les investisseurs immo en 2026 ?
Face à ces freins, de nombreux particuliers préfèrent se tourner vers :
- Le statut de LMNP (Loueur en Meublé Non Professionnel), plus souple et fiscalement avantageux ;
- Les SCPI fiscales, qui mutualisent les risques et simplifient la gestion ;
- l’investissement locatif classique, sans niche fiscale, mais avec plus de liberté sur les loyers et la durée de location.
Le dispositif Loc’Avantages et la loi Denormandie partagent un constat commun : une bonne idée fiscale, mais mal adaptée à la réalité du marché et trop contraignante pour les investisseurs.
Tant que la rentabilité et la simplicité d’accès ne seront pas renforcées, ces dispositifs resteront marginaux dans la stratégie d’investissement des Français.
Aujourd’hui en France, les particuliers peuvent investir dans l’immobilier ancien via ces 2 dispositifs, et en loi Malraux, davantage réservée aux gros revenus. Pour le neuf, depuis la disparition du Pinel, il reste le LLI (Logement Locatif Intermédiaire). Assorti d’un engagement locatif de longue durée (15 ans) très pénalisant, ce dispositif pérenne censé remplacer le Pinel est toutefois plus simple et hors plafonnement. L'annonce de la création d'un réel statut de bailleur privé en 2026, censé relancer l'investissement locatif, redonne espoir aux milliers de particuliers qui hésitent à louer leur bien ou à acheter de l'immobilier en vue de générer des revenus complémentaires.