Immobilier : quelles aides pour faire des économies d’énergie en 2023 ?

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La forte hausse des prix de l’énergie est une bonne motivation pour engager des travaux de rénovation énergétique dans son logement. Magnolia.fr passe en revue les aides financières auxquelles vous avez droit pour réduire la facture.

MaPrimRénov’, le dispositif phare de rénovation énergétique

Lancée en janvier 2020 alors que s’amorçait l’épidémie de Covid-19, MaPrimRénov’ n’a commencé à monter en force qu’en 2021 grâce, notamment, à son élargissement à tous les ménages propriétaires de leur logement, qu’ils soient occupants ou bailleurs. Le succès de MaPrimRénov’ est au rendez-vous : selon l’Anah (Agence nationale de l’habitat), plus de 1,5 million de logements ont été rénovés depuis 2020, dont 670 000 en 2022. 3,1 milliards d’euros d’aides ont été distribués rien que pour l’année 2022, bien plus qu’en 2021 (640 000 logements rénovés et 2 Md€ distribués).

Les bénéficiaires sont majoritairement des ménages à revenus modestes et très modestes (71%) et l’aide est essentiellement dirigée vers le changement de système de chauffage (70%), avant l’isolation thermique (21%) et la ventilation (4%). Malheureusement, l'isolation thermique devrait intervenir avant le changement de chauffage. En 2022, la rénovation globale, qui engendre un gain énergétique moyen de 50,8%, ne concernait que 66 000 maisons et appartements.

Qui peut bénéficier de MaPrimRénov’ ?

Pour avoir droit au dispositif, il faut :

  • Être propriétaire occupant ou bailleur d’un logement construit depuis plus de 15 ans avant la date de début des travaux.
  • Le logement doit être occupé à titre de résidence principale.
  • Les travaux doivent être réalisés par une entreprise ou un artisan certifié RGE (Reconnu Garant de l’Environnement).

Quels travaux avec MaPrimRénov’ ?

Le dispositif cible les travaux d’économies d’énergie :

  • Isolation thermique : murs par extérieur ou intérieur, toiture-terrasse, combles
  • Chauffage : remplacement par un système plus performant et plus écologique (pompe à chaleur, chaudière à granulés, géothermie)
  • Production d’eau chaude sanitaire
  • Dépose d’une cuve à fioul

L’aide via MaPrimRénov’ peut aussi financer un audit énergétique qui permet de mesurer les performances énergétiques d’un logement et de prioriser les travaux à réaliser.

Quel est le montant de MaPrimRénov’ ?

Le montant de l’aide financière dépend à la fois de la nature des travaux et du niveau de ressources du ménage (revenus très modestes, modestes, intermédiaires et hauts revenus). Le montant de la prime est plafonné à 20 000€ par logement pour une durée maximale de cinq ans.

Avec MaPrimRénov’ Sérénité, selon vos revenus, il est possible de financer jusqu’à 50% du coût des travaux sous réserve que le gain énergétique atteigne au moins 35%. L’Anah bonifie le financement d’une prime de 10% du montant total si vous habitez une passoire thermique (classe F ou G sur l’échelle du DPE) ou si le gain permet un saut de deux classes énergétiques.

Faites votre demande sur le site maprimrenov.gouv.fr

Éco-prêt à taux zéro : plus généreux en 2023

L’éco-PTZ est un prêt bancaire dont les intérêts sont payés par l’État et dont le montant peut atteindre 30 000€ à rembourser sur une période pouvant aller jusqu’à 20 ans. Il est accessible à tous les propriétaires (occupant ou bailleur), ainsi qu’aux SCI (Société Civile Immobilière) non soumises à l’impôt sur les sociétés. Le bien doit être occupé comme résidence principale ou destiné à l’être.

Les travaux éligibles à l’éco-PTZ sont les mêmes que ceux de MaPrimRénov’ et ils doivent être effectués par un professionnel certifié RGE.

Depuis juillet 2022, le cumul de MaPrimrénov’ et de l’éco-prêt à taux zéro est simplifié. Auparavant, il fallait faire une demande distincte pour chaque dispositif et fournir un devis des travaux ou une facture de travaux pour avoir droit à une avance en un ou plusieurs versements. Il suffit désormais d’envoyer la notification d’octroi par l’Anah de MaPrimRénov’ pour solliciter un éco-PTZ auprès d’une banque conventionnée.

Le montant de l’éco-PTZ permet ainsi de financer jusqu’à 30 000€ de reste à charge de MaPrimRénov’.

Les autres aides financières aux travaux d'économie d’énergie

Vous pouvez compléter MaPrimRénov’ et l’éco-PTZ par d’autres dispositifs :

CEE ou Certificat d’Économie d’Énergie

Cette aide est distribuée par les fournisseurs d’énergie pour financer partiellement ou totalement les travaux d’économies d’énergie. Son montant dépend du fournisseur, de la nature des travaux, du gain énergétique réalisé et de vos revenus.

Coup de pouce économies d’énergie

La prime existe sous deux formes (coup de pouce chauffage et/ou coup de pouce isolation), et permet de payer des dépenses pour le remplacement du chauffage ou pour l’isolation du logement. Les résidences secondaires y sont également éligibles. Le montant peut aller jusqu’à 5 000€ (chaudière biomasse performante ou système solaire combiné) et 12€/m2 d’isolant posé. Pour en profiter, il faut contacter un organisme signataire de la charte d’engagement liée à la prime, principalement un vendeur d’énergie.

Coup de pouce rénovation performante d’une maison individuelle

Après audit énergétique obligatoire, les travaux doivent permettre de baisser d’au moins 55% la consommation annuelle d’énergie primaire (chauffage, eau chaude et refroidissement). Le montant de l’aide va jusqu’à 350€/MWh si la consommation d’énergie après travaux est inférieure ou égale à 110 kWh/m2.

Coup de pouce rénovation performante de bâtiment résidentiel collectif

La prime concerne les travaux de rénovation globale dans les copropriétés. Les travaux doivent permettre un gain énergétique d’au moins 35%. La demande de prime doit être faite par le syndic et le montant de l’aide est fixé en fonction de la nature des travaux (jusqu’à 500€/MWh pour un changement d’équipement de chauffage ou de production d’eau chaude).

Prêt de la CAF

Si vous êtes bénéficiaire d’une prestation familiale, vous pouvez obtenir un prêt à l’amélioration de l’habitat destiné à financer des travaux de rénovation ou d’isolation thermique au taux d’intérêts de 1% (hors assurance emprunteur) et remboursable sur 3 ans maximum. Son montant peut atteindre 80% du montant des dépenses engagées dans la limite de 1 067,14€.

Aides des collectivités locales

Certaines communes accordent des aides financières aux travaux de rénovation énergétique, d’adaptation et mises aux normes du logement. Rendez-vous sur le site de l’Anil pour savoir si votre localité en propose une.

Avant d’engager des travaux, consultez France Rénov’, le portail du service public et unique de la rénovation énergétique. Il existe plus de 450 espaces Conseil France Rénov’ sur tout le territoire, où des experts vous aident gratuitement à solliciter les aides financières disponibles et à trouver les professionnels qualifiés RGE.

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Scandale des prêts immobiliers en francs suisses : des maisons 2 fois plus chères que leur prix d'achat

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Convention Aeras : le refus d’assurance dans 64% des demandes de médiation

La Convention AERAS (S’Assurer et Emprunter avec un Risque Aggravé de Santé) vise à faciliter l’accès au crédit immobilier ou professionnel des personnes présentant un risque de santé. Pourtant, le rapport annuel 2024 de sa Commission de médiation, publié en mai 2025, révèle une réalité préoccupante : dans près de deux tiers des cas, les demandes recevables concernaient un refus d’assurance de prêt. Retour en détail sur ce bilan, les chiffres clés et les enjeux. Qu’est-ce que la commission de médiation AERAS ? Rôle et fonctionnement Un organisme au service des emprunteurs fragilisés La Commission de médiation AERAS a pour mission d’examiner les réclamations déposées par des emprunteurs dont la demande d’assurance a été refusée ou jugée non conforme aux engagements de la Convention. Elle intervient lorsqu’un candidat au crédit immobilier ou professionnel estime que son état de santé conduit à une exclusion ou à des conditions inadaptées. Une procédure amiable et rapide La médiation permet de rechercher une solution amiable entre l’assureur, la banque et l’emprunteur. Elle intervient notamment sur : les contestations de refus d’assurance de prêt les litiges liés au droit à l’oubli ou à la grille de référence AERAS les désaccords sur les surprimes ou exclusions. L’objectif est de garantir un traitement équitable, dans des délais compatibles avec l’achat d’un bien immobilier. Un volume de saisines en forte hausse en 2024 Plus de 270 courriers reçus En 2024, la Commission a été saisie 273 fois, contre 148 en 2023, soit une hausse de 84 %. Cette augmentation est attribuée à deux facteurs majeurs : la reprise du marché immobilier stimulée par la baisse des taux, la mise en ligne en avril 2024 d’un formulaire de contact accessible sur le site officiel de la Convention. Ce canal numérique a rencontré un grand succès puisqu’il représente 67 % des saisines. Un taux de recevabilité de 45 % Parmi les demandes, 45 % ont été jugées recevables. En neutralisant les dossiers sans suite, ce taux atteint même 50 %, ce qui traduit une certaine pertinence des réclamations déposées. Refus d’assurance : premier motif de contestation 64 % des demandes recevables concernent un refus Le rapport souligne que la première cause de saisine reste le refus d’assurance (niveaux 1, 2 ou 3). Ce motif représente : 29 % de l’ensemble des saisines mais surtout 64,5 % des demandes recevables, contre 56 % en 2023. Ce chiffre illustre la difficulté persistante des personnes à risque aggravé de santé pour accéder à l’assurance emprunteur, malgré le cadre protecteur de la Convention. Les autres motifs fréquents Demandes hors champ AERAS : 19 % des saisines, souvent liées à des sinistres non couverts. Courriers adressés par erreur : 15 % des demandes. Litiges liés au droit à l’oubli ou à la grille de référence : 11 % des saisines, mais 25 % des demandes recevables. Des délais de traitement en nette amélioration Une réduction des temps de réponse Le rapport souligne un délai moyen de réponse de 4 jours en 2024, contre 7 jours en 2023. Pour les dossiers nécessitant une véritable médiation avec les banques ou assureurs, le délai est de 23 jours en moyenne (contre 19 en 2023). Une exigence liée au marché immobilier Ces délais courts sont essentiels pour respecter le calendrier d’un achat immobilier. La Commission insiste sur les efforts réalisés par les professionnels pour répondre rapidement et permettre la conclusion des projets. Les médiations : un dispositif globalement bien appliqué 124 demandes recevables traitées En 2024, sur les 273 saisines, 124 étaient recevables et ont donné lieu à une analyse approfondie. Une majorité de dossiers conformes à la Convention 87 % des médiations ont confirmé que les assureurs et banquiers avaient appliqué correctement la Convention. Dans 13 % des cas, la médiation a permis d’obtenir une satisfaction totale ou partielle pour l’emprunteur. Ces chiffres traduisent une meilleure appropriation du dispositif par les acteurs financiers, mais aussi la persistance de situations problématiques, notamment liées aux refus d’assurance. Les saisines non recevables : des demandes hors périmètre Plus de la moitié des saisines concernées En 2024, 55 % des demandes n’étaient pas recevables, en légère hausse par rapport à 2023. Parmi elles : 34 % portaient sur des demandes hors objet (refus de prise en charge de sinistre, contestation de prêt…), réorientées vers la Banque de France ou la médiation de l’assurance. 28 % étaient des erreurs d’adresse. 22 % concernaient des contestations d’exclusions ou de surprimes assurance emprunteur. 16 % étaient classées sans suite, faute de réponse du demandeur après plusieurs relances. Les évolutions marquantes de 2024 Extension aux prêts professionnels Une avancée importante a été réalisée : les prêts professionnels pour l’acquisition de fonds de commerce composés uniquement de biens immatériels sont désormais couverts par la Convention AERAS. Vers une clarification du droit à l’oubli Suite à la modification du document d’information en novembre 2023, un groupe de travail a été créé pour traiter les difficultés liées aux maladies générant des séquelles après un cancer éligible au droit à l’oubli. Ses conclusions sont attendues en 2025. Rappelons que le droit à l’oubli a été amélioré en 2022 suite à l’adoption de la loi Lemoine :  Le délai est désormais de 5 ans et non plus 10, après la fin du protocole thérapeutique et en l’absence de rechute. Le dispositif a été étendu à l’hépatite virale C.  Tableau récapitulatif des chiffres clés de la Convention Aeras (2024) Indicateurs Chiffres 2024 Évolution par rapport à 2023 Nombre total de saisines 273 courriers +84 % (148 en 2023) Part des saisines via le formulaire en ligne 67 % Nouveau canal en 2024 Taux de recevabilité 45 % (50 % hors dossiers sans suite) Stable Refus d’assurance (motif principal) 64,5 % des demandes recevables +8,5 points (56 % en 2023) Droit à l’oubli et grille de référence 25 % des demandes recevables +6 points (19 % en 2023) Saisines non recevables 55 % +2 points Délai moyen de réponse 4 jours (23 jours en cas de médiation) Amélioration (7 jours en 2023) Taux de conformité des dossiers (application correcte de la Convention) 87 % +1 point   Taux de satisfaction pour les emprunteurs (médiations abouties) 13 % Stable Convention AERAS : enjeux et perspectives Un dispositif encore perfectible Si la médiation confirme que le dispositif AERAS est globalement bien appliqué, les 64 % de refus d’assurance montrent qu’un grand nombre d’emprunteurs reste confronté à des obstacles majeurs. Des pistes d’amélioration Renforcer la pédagogie auprès des candidats à l’assurance. Clarifier les conditions du droit à l’oubli. Favoriser une plus grande transparence des assureurs. Une vigilance nécessaire pour 2025 L’année 2025 sera déterminante, notamment avec la publication des travaux sur le droit à l’oubli. La Commission de médiation continuera de jouer son rôle de régulateur pour s’assurer que la Convention AERAS reste un outil de justice et d’équité pour les emprunteurs fragilisés par la maladie. Conclusion Le rapport 2024 de la Commission de médiation AERAS met en lumière une hausse significative des saisines et un refus d’assurance dans près de deux tiers des demandes recevables. Si les délais de traitement et la qualité de la médiation progressent, les difficultés liées au refus d’assurance et à l’application du droit à l’oubli montrent que le chemin reste long pour un accès pleinement équitable à l’assurance emprunteur.

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Envolée des dépassements d’honoraires depuis 2019 : facture salée pour les mutuelles

Depuis plusieurs années, le coût des consultations médicales dans le secteur libéral s’envole. Le dernier rapport du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie (Hcaam) met en lumière une réalité préoccupante : les dépassements d’honoraires des médecins progressent de plus de 5 % par an depuis 2019, et cette tendance ne semble pas près de s’inverser. Entre les tarifs libres des spécialistes, la concentration géographique des praticiens en secteur 2 et les limites de la prise en charge par la Sécurité sociale, les patients se tournent de plus en plus vers leur mutuelle santé pour éviter une explosion de leur reste à charge. Des dépassements d’honoraires en hausse continue depuis 2019 Les chiffres sont sans appel. En 2024, le montant total des dépassements d’honoraires pratiqués par les médecins spécialistes a atteint 4,3 milliards d’euros, selon le Hcaam. Cette somme colossale traduit une augmentation moyenne de +5 % par an en valeur réelle, hors inflation. Ce phénomène, déjà amorcé avant la crise sanitaire, s’est renforcé avec le temps. Les dépassements représentent aujourd’hui plus du tiers des revenus professionnels dans certaines spécialités, notamment en chirurgie, gynécologie ou ophtalmologie.  Pour les patients, la note devient de plus en plus difficile à assumer financièrement, surtout dans les zones où les tarifs libres sont devenus la norme. Une géographie inégale : Paris et l’Ouest parisien en tête Le rapport souligne de fortes disparités territoriales. C’est en Île-de-France, et plus précisément à Paris et dans l’Ouest parisien, que les dépassements d’honoraires atteignent leurs plus hauts niveaux. La majorité des spécialistes pratiquent en secteur 2, qui leur permet de fixer librement leurs honoraires, contrairement au secteur 1, où les praticiens sont obligés d’appliquer le tarif conventionné Les patients franciliens déboursent alors bien plus pour consulter un spécialiste que ceux vivant dans des régions où la densité médicale est moindre et où les tarifs opposables dominent encore. Les mutuelles en première ligne face à la flambée des tarifs médicaux Un coût lourd pour les complémentaires santé Si cette hausse pèse évidemment sur les ménages, elle impacte également fortement les organismes complémentaires d’assurance maladie. Ces derniers assument entre 37 % et 40 % du remboursement des dépassements d’honoraires, d’après les estimations du Hcaam. En 2022, le coût global de la prise en charge des dépassements par les complémentaires atteignait déjà entre 1,3 et 1,4 milliard d’euros. Une somme en constante augmentation se répercute inévitablement sur le montant des cotisations des assurés. Les mutuelles santé doivent donc jongler entre 2 impératifs :  maintenir un haut niveau de remboursement pour préserver l’accès aux soins  limiter la hausse des primes qui menace le pouvoir d’achat des assurés. Des inégalités de couverture selon le type de contrat Autre constat préoccupant : tous les assurés ne bénéficient pas du même niveau de protection. Les salariés couverts par une mutuelle collective en entreprise, négociée par leur employeur, profitent de garanties plus généreuses et de taux de remboursement supérieurs. Pour mémoire, les salariés du privé, et du public à compter de janvier 2026, ne paient que 50% de la cotisation de leur mutuelle collective, l’autre moitié étant compensée par l’employeur. À l’inverse, les travailleurs indépendants, retraités ou demandeurs d’emploi qui souscrivent une mutuelle santé individuelle supportent une part plus importante du coût. Le Hcaam souligne ainsi que les restes à charge les plus élevés après remboursement progressent avec le niveau de vie, mais touchent également des foyers modestes vivant dans des zones médicalement sous-dotées, où le choix de praticiens à tarifs encadrés est quasi inexistant. Pourquoi les dépassements explosent : le poids du secteur 2 et du libre choix des médecins La principale explication de cette dérive tarifaire tient à la progression du nombre de médecins exerçant en secteur 2. En 2000, seuls 37 % des spécialistes étaient autorisés à fixer librement leurs honoraires. En 2024, cette proportion atteint 56 %, d’après le Hcaam. Et la tendance se renforce : 3 jeunes spécialistes sur 4 choisissent désormais ce statut à l’installation, contre 2 sur 3 en 2017. Ce choix s’explique par le désir d’indépendance financière et par la possibilité de mieux valoriser leur expertise, surtout dans des spécialités très sollicitées. Mais cette liberté tarifaire se traduit directement par une augmentation des dépassements moyens par acte, accentuée par la baisse de la part d’activité à tarifs opposables. Important : les médecins du secteur 2 ont la liberté d’adhérer à l’OPTAM (Option Pratique Tarifaire Maîtrisée), un dispositif où ils s’engagent à limiter leurs dépassements d’honoraires et à appliquer les tarifs conventionnés pour 70% de leurs actes. En échange, les patients bénéficient d’une meilleure prise en charge par la Sécurité sociale et les mutuelles santé. L’effet domino sur les cotisations L’augmentation constante des dépassements crée un cercle vicieux : les mutuelles doivent rembourser davantage, ce qui les pousse à revaloriser leurs cotisations pour maintenir l’équilibre financier. Les assurés, de leur côté, se retrouvent face à un double renchérissement : celui des tarifs médicaux et celui de leur complémentaire santé. Le rôle des complémentaires santé dans le remboursement des dépassements d’honoraires Une couverture variable selon la formule choisie Les mutuelles santé proposent plusieurs niveaux de garantie pour les dépassements d’honoraires. Les formules de base remboursent le ticket modérateur, c’est-à-dire la différence entre le tarif conventionné et la prise en charge de la Sécu. Aucun surcoût n’est remboursé. Les contrats intermédiaires couvrent les dépassements jusqu’à 200 % ou 250 % BRSS (Base de Remboursement de la Sécurité Sociale), ce qui offre une protection adaptée dans la plupart des situations. Les mutuelles avec garanties haut de gamme peuvent aller jusqu’à 400 % BRSS, idéales pour les assurés vivant en zone urbaine ou consultant régulièrement des spécialistes de secteur 2. L’importance du taux de remboursement Prenons l’exemple d’une consultation chez un cardiologue secteur 2 facturée 90 €. La base de remboursement de la Sécurité sociale est de 52,50 €. Sans mutuelle, vous êtes remboursé à 70 % de cette base, soit 34,75 € (déduction faite de la participation forfaitaire de 2 €), et doit régler 55,25 € de sa poche. Avec une mutuelle à 200 %, vous n’avez aucun reste à charge. Le remboursement maximal de la mutuelle est mathématiquement de 70,25 € (52,50 € x 2 - 34,75 €), mais il est obligatoirement limité à la dépense engagée, vous recevez donc 55,25 € (90 € - 34,75 €) Cette simulation illustre à quel point la mutuelle est devenue un levier déterminant pour accéder à des soins de qualité sans se ruiner.  Si vous estimez que votre complémentaire santé ne couvre pas correctement les dépassements d’honoraires auxquels vous devez faire face, changez de formule : grâce à la résiliation infra-annuelle en mutuelle santé, vous avez le droit de résilier à tout moment après un an de souscription. L’envolée des dépassements d’honoraires des dernières années révèle une fracture grandissante dans l’accès aux soins. Entre liberté tarifaire des médecins, inégalités territoriales et tension sur les finances des mutuelles, le système atteint ses limites. Dans ce contexte, disposer d’une mutuelle santé solide et bien calibrée n’est plus un confort, mais une nécessité. Elle constitue le meilleur rempart contre la dérive des tarifs médicaux et reste un pilier incontournable d’une couverture santé adaptée.