Crédit immobilier : toutes les infos pour emprunter en mai 2025

toutes-infos-emprunter-mai-2025

Le marché du crédit immobilier en ce mois de mai 2025 présente un visage contrasté, oscillant entre une stabilisation bienvenue des taux d'intérêt et une augmentation quasi généralisée des frais de notaire. Après une période d'incertitude marquée par une hausse des taux en avril, le printemps 2025 semble offrir de nouvelles perspectives aux aspirants propriétaires. 

Cette période, traditionnellement dynamique pour l'immobilier, est d'autant plus intéressante qu'elle s'inscrit dans un contexte monétaire favorisant la concurrence entre les établissements bancaires. Décryptons les conditions d'emprunt actuelles, l'impact de la révision des frais de notaire et les stratégies à adopter pour optimiser le coût de son financement, en mettant l'accent sur le levier essentiel de l'assurance emprunteur.

Stabilité des taux en mai 2025 : une bouffée d'air frais

Après une période prolongée de baisse, les taux d'intérêt des prêts immobiliers avaient connu un regain de vigueur en avril, suscitant des inquiétudes quant à une potentielle tendance haussière durable, alimentée par un environnement politico-économique perçu comme instable.

Cependant, le mois de mai apporte un démenti à ces prévisions pessimistes. La stabilisation des taux en mai, intervenant après le rebond d'avril, constitue un signal positif pour le marché. Elle offre aux emprunteurs une visibilité accrue et de nouvelles opportunités de concrétiser leurs projets immobiliers.

Actuellement, les conditions d'emprunt se situent en moyenne (hors assurance et coût des sûretés) aux niveaux suivants :

  • Sur 10 ans : 3,05%
  • Sur 15 ans : 3,12%
  • Sur 20 ans : 3,15%
  • Sur 25 ans : 3,25%

Il est important de rappeler que les règles du Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) encadrent la durée maximale de remboursement des prêts immobiliers à 25 ans. Néanmoins, une flexibilité est admise, permettant un endettement jusqu'à 27 ans dans le cadre de l'acquisition d'un bien neuf (vente en état futur d'achèvement - VEFA) ou d'un bien ancien nécessitant des travaux de rénovation dont le montant représente au moins 10% du coût total de l'opération.

Un contexte macroéconomique favorable aux emprunteurs

Ce début de mois de mai 2025 s'avère particulièrement propice aux emprunteurs, qui bénéficient d'une conjonction d'éléments positifs, quel que soit leur profil.

Politique monétaire de la BCE 

Le niveau des taux d'intérêt actuels est directement influencé par la politique monétaire de la Banque Centrale Européenne (BCE). La BCE a procédé à une 7e baisse consécutive de ses taux directeurs le 22 avril dernier, ramenant le taux de refinancement à 2,40%. Ce taux, qui culminait à 4,5% en septembre 2023, a diminué progressivement en parallèle avec le ralentissement de l'inflation dans la zone euro (2,2% sur un an à fin mars).

Cette politique accommodante contribue à maintenir des coûts de financement relativement bas pour les banques, qui répercutent en partie ces conditions favorables sur les taux proposés aux emprunteurs.

En parallèle, l’OAT 10 ans (emprunt obligataire de l’État français) stagne autour de 3,20% signe que les investisseurs conservent leur confiance malgré l’endettement excessif de la France.

Décotes pour les meilleurs dossiers

De plus, les profils d'emprunteurs considérés comme "premium", c'est-à-dire présentant une situation financière solide et un faible niveau de risque, peuvent actuellement négocier des taux inférieurs à 3% sur toutes les durées d'emprunt. Ces niveaux se rapprochent de ceux observés fin 2022, une période encore considérée comme favorable pour l'accès au crédit immobilier.

PTZ pour le financement de la résidence principale

Les primo-accédants bénéficient également d'un soutien accru grâce au Prêt à Taux Zéro (PTZ) dont la version 2025 est en vigueur depuis le 1er avril. Ce dispositif a été étendu à l'ensemble du territoire pour l'acquisition de logements neufs, et il est désormais possible de financer une maison individuelle via ce prêt aidé.

Le principal avantage du PTZ réside dans l'absence d'intérêts à payer à la banque, ce qui permet de réduire significativement le taux d'endettement global de l'emprunteur.

Concurrence interbancaire

Enfin, malgré un contexte politique et économique toujours teinté d'incertitudes, les banques affichent une attitude commerciale offensive. La concurrence interbancaire est particulièrement vive en cette période printanière, qui constitue traditionnellement le premier temps fort de l'année pour le marché immobilier. Cette compétition accrue incite les établissements prêteurs à proposer des offres attractives pour conquérir de nouveaux clients, le crédit immobilier étant le produit d’appel par excellence.

Augmentation généralisée des frais de notaire : un coût supplémentaire à anticiper

Si les conditions d'emprunt semblent globalement favorables, une ombre plane sur le marché immobilier en mai 2025 : la hausse quasi généralisée des droits de mutation à titre onéreux (DMTO), souvent improprement appelés "frais de notaire". La loi de finances 2025 autorise les départements à augmenter ces droits de 0,5 point.

Les DMTO sont des taxes perçues lors de toute transaction immobilière, qu'il s'agisse d'un bien neuf, ancien ou d'un terrain. Leur montant représente une part significative du coût total de l'acquisition : généralement entre 7% et 8% du prix de vente dans l'ancien, et entre 2% et 3% dans le neuf. Seuls les primo-accédants pour l'achat de leur résidence principale et les acquéreurs de biens neufs sont exonérés de cette augmentation des DMTO en 2025.

Pour les autres acquéreurs, cette hausse se traduit par un surcoût non négligeable des frais de notaire. Concrètement, cela représente une augmentation de 500€ de DMTO par tranche de 100 000€ du prix du bien. Ainsi, pour l'achat d'un logement d'une valeur de 300 000€, l'acquéreur devra débourser 1 500€ supplémentaires au titre des DMTO.

Face à la crise immobilière qui a marqué les années 2023 et 2024, de nombreux départements ont saisi cette opportunité pour tenter de redresser leurs finances locales en augmentant les DMTO. Cependant, quelques rares départements, tels que l'Oise, les Alpes-Maritimes, l'Eure, l'Indre, la Saône-et-Loire ou encore les Hautes-Pyrénées (liste non exhaustive), ont fait le choix de maintenir les taux inchangés, quel que soit le type d'acquisition. Il est donc essentiel pour les futurs acquéreurs de se renseigner sur le taux appliqué dans le département où ils envisagent d'acheter.

Réduire le coût global du prêt immobilier : l'assurance emprunteur comme levier d'économies majeur

Même si les taux d'intérêt demeurent attractifs, l'objectif de tout emprunteur est de négocier les conditions les plus avantageuses possibles afin de minimiser le coût total de son crédit immobilier. Il est crucial de comprendre que le coût d'un prêt ne se limite pas aux seuls intérêts. D'autres frais, facturés par la banque, viennent alourdir la facture :

  • Frais de dossier : Ils représentent généralement entre 0,30% et 1,50% du montant emprunté, avec des planchers et des plafonds (souvent un minimum de 500€ et un maximum de 1 500€).
  • Frais de garantie : Destinés à couvrir la banque en cas de défaut de paiement, ils prennent la forme d'une hypothèque ou d'une caution. Leur coût est d'environ 2% du montant emprunté et ils sont payables lors de la signature de l'acte de vente. La caution présente l'avantage de permettre la récupération d'une partie des sommes versées au terme, en l’absence d’incident de paiement.
  • Primes d'assurance emprunteur : Il s'agit de la deuxième dépense la plus importante après les intérêts d'emprunt. En moyenne, elle représente un tiers du coût total du crédit, soit des milliers d'euros sur la durée totale du prêt.

L'ensemble de ces dépenses incontournables est intégré dans le Taux Annuel Effectif Global (TAEG). Cet indicateur, qui représente le coût total du crédit immobilier pour l'emprunteur exprimé en pourcentage annuel, est obligatoirement mentionné sur tous les supports d'information bancaire (publicités, offres de prêt). Il constitue un outil essentiel pour comparer objectivement les différentes offres de prêt.

La bonne nouvelle est que l'emprunteur dispose d'un réel pouvoir pour maîtriser le coût de son assurance de prêt. Contrairement à une idée reçue, il n'est pas obligatoire de souscrire à l'assurance proposée par la banque (assurance groupe). La loi Lagarde de 2010 permet de choisir une assurance déléguée auprès d'un autre prestataire.

La délégation d’assurance de prêt vous ouvre des opportunités inédites de payer moins cher, tout en étant couvert par des garanties sur-mesure, en adéquation avec vos besoins réels. Les assurances bancaires coûtent jusqu’à 4 fois plus cher et reposent sur le principe de mutualisation : quel que soit votre profil, vous êtes couvert par des garanties standards.

Pour un crédit immobilier de 250 000€, on estime que vous pouvez économiser en moyenne entre 5 000€ et 15 000€ si vous souscrivez une assurance individuelle.

Si la délégation vous semble ardue à mettre en place lors de votre demande de crédit, saisissez la loi Lemoine dans un deuxième temps : vous avez le droit de changer d’assurance de prêt immobilier à tout moment et sans frais, dès le lendemain de la signature de l’offre de prêt. Rentrez dans le jeu de la banque pour ensuite retourner la situation à votre avantage grâce à la réglementation.

Mai est habituellement un mois porteur pour le marché immobilier. Les conditions observées en 2025 sont propices aux emprunteurs, avec des taux qui n’augmentent pas et qui restent à des niveaux attractifs. En tirant partie de la législation sur l’assurance emprunteur, vous pouvez faire des économies en négociant de meilleures conditions d’emprunt.

Dernières publications

bilan-2025-CCSF-assurance-emprunteur

Assurance emprunteur, épargne, santé, obsèques : bilan 2024/2025 du CCSF

Le Comité consultatif du secteur financier (CCSF) a rendu son rapport d’activité 2024-2025, détaillant les avancées réalisées dans les domaines de l’épargne, de la santé et de l’assurance. Si plusieurs chantiers sont désormais achevés, celui de l’assurance emprunteur reste encore ouvert, dans un contexte où la DGCCRF multiplie les sanctions contre certaines banques. Une mission confiée par Bercy en 2024 Une feuille de route ambitieuse En juillet 2024, Bruno Le Maire, alors ministre de l’Économie, a adressé au CCSF une lettre de mission fixant plusieurs priorités :  renforcer la transparence dans l’épargne améliorer les contrats d’assurance obsèques évaluer les pratiques liées à l’assurance emprunteur adapter la réglementation en matière de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme (ce sujet n’est pas développé dans cet article). Douze mois plus tard, Catherine Julien-Hiebel, présidente du CCSF, se félicite des résultats obtenus : 4 chantiers finalisés, 3 autres largement avancés. Parmi eux, la création du premier Observatoire des produits d’épargne financière (OPEF) représente une avancée majeure pour les épargnants. Transparence sur les frais et les performances Instauré par la loi Industrie verte, l’OPEF a publié son premier rapport le 1er juillet 2025. Ce document, inédit en France, compare les frais, performances et caractéristiques des principaux supports d’épargne : assurance vie, Plan Epargne Retraite, comptes à terme, etc. Selon le CCSF, cet outil permet d’offrir plus de lisibilité aux épargnants et de renforcer la concurrence entre établissements. Une deuxième édition de ce rapport est déjà prévue pour l’été 2026 afin de suivre les tendances du marché. Assurance obsèques : un encadrement renforcé Un avis adopté à l’unanimité Face aux anomalies relevées par la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes), à savoir clauses abusives, informations incomplètes, documents commerciaux trompeurs, le CCSF a publié, le 8 octobre 2024, un avis unanime pour encadrer davantage les contrats d’assurance obsèques. Des manquements signalés par plusieurs autorités L’ACPR (Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution) avait déjà constaté en 2021 une application inégale de sa recommandation par les assureurs, tandis que la Médiation de l’assurance notait encore 2 % de litiges liés à ces contrats en 2023. Le CCSF a donc formulé plusieurs pistes pour mieux informer les souscripteurs et rendre les offres plus transparentes, afin d’éviter tout abus. Santé et prévoyance : vers des contrats plus lisibles Une lisibilité encore perfectible Depuis plusieurs années, le CCSF s’attelle à simplifier la compréhension des contrats de complémentaire santé (mutuelles santé, compagnies d’assurance, institutions de prévoyance), également celle des contrats avec garantie prévoyance. Des bilans réguliers et un suivi à venir Après un premier avis en janvier 2024, les organismes complémentaires (Ocam) ont pris des engagements pour rendre leurs documents plus clairs. Un nouveau bilan mené par le secrétariat général du CCSF sera publié à l’automne 2025, afin d’évaluer la mise en œuvre effective des recommandations. Dépendance : le CCSF soutient la création d’un contrat solidaire Un dispositif adossé aux complémentaires santé Le 16 janvier 2024, le CCSF a validé une recommandation unanime en faveur d’une garantie dépendance solidaire, rattachée automatiquement aux contrats de mutuelle santé responsable. L’objectif : élargir la base de cotisants et maîtriser le niveau des cotisations. Une gouvernance collégiale et un projet législatif en vue Ce modèle impliquerait les pouvoirs publics, les employeurs, les assurés et les organismes assureurs, dans une gouvernance partagée. Plusieurs propositions de loi et amendements au PLFSS 2025 s’en sont déjà inspirés. Le CCSF espère que les États généraux de la dépendance permettront de transformer cette idée en un mécanisme universel et durable, au service des personnes en perte d’autonomie. Assurance emprunteur : un chantier toujours en cours Une suite aux travaux sur la loi Lemoine Parmi les missions confiées par le ministre, l’assurance emprunteur reste la dernière en attente de conclusions. Le CCSF doit encore évaluer les difficultés rencontrées dans l’application de la loi Lemoine, qui autorise les emprunteurs à changer d’assurance de prêt immobilier à tout moment. Des conclusions très attendues Face aux sanctions récentes infligées par la DGCCRF à plusieurs banques pour non-respect du droit à la résiliation en assurance emprunteur, le prochain rapport du CCSF sera particulièrement scruté. Il devrait dresser un état des lieux complet du marché, identifier les freins persistants et proposer des mesures concrètes pour renforcer la concurrence et la liberté de choix des assurés. Le CCSF s’impose plus que jamais comme un acteur central de la protection financière des consommateurs. Ses travaux ont permis d’importantes avancées dans l’épargne, la santé et la dépendance. Mais l’assurance emprunteur reste un dossier sensible dans un contexte de quasi-monopole des banques : les conclusions à venir pourraient bien redéfinir l’équilibre entre banques et assureurs alternatifs dans les prochains mois.

crédit-immobilier-toujours-rentable-pour-banques

Assurance emprunteur et frais de dossier : le prêt immobilier toujours rentable pour les banques

Le crédit immobilier est au cœur de la stratégie commerciale des banques. Même si les taux d’intérêt affichés restent relativement stables, voire compétitifs malgré des conditions monétaires défavorables, les établissements bancaires ont trouvé une autre manière de préserver leurs marges : l’augmentation des frais de dossier. Associés à l’assurance emprunteur, ces frais constituent un levier puissant pour maintenir la rentabilité du financement immobilier. Pourquoi et comment les banques utilisent ces leviers ? Quelles sont les conséquences pour les emprunteurs ? Quelles solutions existent pour limiter l’impact financier d’un prêt immobilier ? Pourquoi les banques cherchent-elles à compenser leurs marges ? Le contexte des taux immobiliers Depuis plusieurs années, les taux de crédit immobilier connaissent une forte volatilité. Après une période de hausse marquée entre 2022 et 2024, les taux sont en baisse depuis janvier 2025 et se sont récemment stabilisés. Pourtant, pour les banques, prêter de l’argent à des conditions trop favorables peut s’avérer peu rentable en raison des conditions monétaires. Utilisé par la Banque Centrale Européenne pour prêter aux banques commerciales de la zone euro, le taux de refinancement est descendu à 2,15% en juin 2025, et impacte directement le crédit aux particuliers, qui peut alors devenir plus accessible.  Mais les banques prennent également en compte l’OAT 10 ans (emprunt de l’État français sur 10 ans). Or, ce dernier suit une tendance haussière ces dernières semaines en lien avec l’instabilité politique dans notre pays et la dégradation de la note de la France par les agences de notation le 12 septembre dernier. Actuellement, le taux moyen sur 20 ans se situe autour de 3,35% (hors assurance et coût des sûretés), pour un OAT 10 ans au-delà de 3,50%. La pression de la concurrence Un établissement qui augmente brutalement ses barèmes risque de voir ses clients se tourner vers la concurrence. Résultat : les banques préfèrent maintenir des taux attractifs mais se rattraper ailleurs sur : Les frais de dossier L’assurance emprunteur, souvent souscrite directement auprès de la banque. Les frais de dossier : un outil discret mais efficace Qu’est-ce que les frais de dossier ? Les frais de dossier correspondent à la rémunération de la banque pour l’étude et la mise en place du prêt immobilier. Ils sont généralement exprimés : En montant forfaitaire (par exemple 1 000 €)  Ou en pourcentage du capital emprunté (souvent autour de 1 %). Ces frais peuvent être négociés avant signature de l’offre ; ils ne sont pas facturés en cas de refus du crédit.  Une augmentation significative des frais de dossier  Selon l'observation des courtiers en crédit immobilier, de nombreuses banques ont décidé de relever leur plafond de frais de dossier. Alors qu’il oscillait autour de 1 000 € jusqu’à récemment, il peut désormais atteindre 2 000 € ou plus. Exemple concret : pour un prêt immobilier de 200 000 €, la hausse des frais de dossier peut représenter jusqu’à 945 € supplémentaires par rapport aux anciens barèmes. Des disparités selon les profils Tous les emprunteurs ne sont pas logés à la même enseigne. Certaines banques proposent des conditions préférentielles pour attirer des profils stratégiques : Les jeunes actifs, qui représentent de futurs clients fidèles  Les emprunteurs avec apport, jugés moins risqués  Les clients haut de gamme, auxquels des offres premium sont réservées. L’assurance emprunteur : la principale source de rentabilité pour les banques Le poids de l’assurance de prêt immobilier L’assurance emprunteur couvre les risques de décès, d’invalidité ou d’incapacité de travail. Si elle protège avant tout l’emprunteur et sa famille, elle constitue surtout une source de revenus importante pour les banques. Bon à savoir : plus de 80% des emprunteurs souscrivent à l’assurance bancaire, ce qui représente entre 6 et 8 milliards de cotisations annuelles pour les établissements de crédit. L’assurance de groupe proposée par les établissements financiers est très souvent plus chère que les offres des assureurs alternatifs. Les banques réalisent ainsi une marge substantielle sur ce produit complémentaire qui peut aller jusqu’à 70%. La combinaison frais de dossier + assurance emprunteur En pratique, les banques articulent leur stratégie de rentabilité autour de 2 leviers : Maintenir des taux attractifs pour séduire de nouveaux clients  Compenser les marges perdues sur le taux nominal grâce aux frais de dossier et à l’assurance emprunteur. Ainsi, même avec un crédit immobilier affiché à un taux compétitif, le coût total du financement peut s’avérer élevé une fois tous les frais ajoutés. Impact pour les emprunteurs : un coût total en hausse Exemple de simulation Prenons le cas d’un prêt immobilier de 200 000 € sur 20 ans avec un taux nominal de 3 %. Ancien modèle : Frais de dossier : 1 000 € Assurance emprunteur (banque) : 0,35 % du capital assuré = 14 000 € sur la durée du prêt Coût total : 15 000 € Nouveau modèle : Frais de dossier : 2 000 € Assurance emprunteur (banque) : 0,40 % = 16 000 € Coût total : 18 000 € Le crédit coûte 3 000 € de plus alors que le taux est resté identique. Une hausse peu visible pour le client Le grand avantage pour la banque est la discrétion de la méthode. Alors que le taux nominal est l’indicateur le plus scruté par les emprunteurs, les frais annexes passent souvent au second plan. Peut-on négocier les frais de dossier et l’assurance emprunteur ? La marge de négociation sur les frais de dossier Bonne nouvelle : les frais de dossier ne sont pas figés. Plusieurs solutions existent pour les réduire : Demander une remise lors de la négociation du prêt  Passer par un courtier, qui peut obtenir une exonération partielle  Ouvrir des produits bancaires complémentaires (compte épargne, assurance habitation). Le levier du changement d’assurance emprunteur La loi Lagarde de 2010 vous donne le droit de choisir en toute liberté le contrat d’assurance qui va couvrir votre prêt immobilier. Dans les faits, peu d’emprunteurs en profitent. Chacun peut en revanche faire valoir ce droit dans un deuxième temps, une fois l’offre de prêt signée. Depuis la loi Lemoine (2022), vous pouvez changer d’assurance de prêt à tout moment sans frais. Il est donc possible de réduire considérablement la facture en optant pour une assurance déléguée auprès d’un assureur spécialisé. Exemple : sur un emprunt de 250 000 €, la différence de coût entre une assurance bancaire et une assurance externe peut atteindre 15 000 € sur 20 ans. Il est crucial de changer au plus tôt pour optimiser les économies potentielles, car le coût de l’assurance emprunteur est calculé sur le capital restant dû. Comment limiter l’impact de ces frais pour rester gagnant ? Comparer plusieurs banques avant de signer son crédit immobilier. Vérifier systématiquement le TAEG (Taux Annuel Effectif Global), qui intègre entre autres les frais de dossier et l’assurance. C’est le seul indicateur officiel du coût global d’un crédit immobilier. Négocier systématiquement les frais de dossier, quitte à mettre les banques en concurrence. Souscrire une assurance déléguée, souvent 2 à 4 fois moins chère que l’assurance groupe. Faites-vous aider par un expert. Le rôle d’un courtier en assurance de prêt est de vous accompagner au mieux de vos intérêts tout au long du processus de recherche et de souscription ou substitution. Le crédit immobilier reste-t-il rentable pour les banques ? Malgré des conditions monétaires dégradées, le crédit immobilier demeure un produit d’appel stratégique pour les établissements financiers. Il permet d’attirer de nouveaux clients et de vendre des produits annexes (assurance emprunteur, épargne, placements, assurance habitation). Grâce à l’augmentation des frais de dossier et au maintien de l’assurance de groupe, les banques continuent de générer des revenus confortables, tout en donnant l’illusion d’un financement compétitif. Conclusion Le crédit immobilier n’est pas seulement une question de taux. Les frais de dossier et l’assurance emprunteur représentent des éléments déterminants du coût total. Si les banques ont choisi de stabiliser leurs taux pour rester attractives, elles compensent largement via ces frais annexes. Pour l’emprunteur, la clé réside dans la vigilance et la comparaison. En utilisant les leviers de négociation et en recourant à l’assurance déléguée, il est possible de réduire de plusieurs milliers d’euros le coût global du financement.

dépenses-de-santé-part-mutuelles-augmente

Remboursement des dépenses de santé : la part des mutuelles augmente

Chaque année, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) publie les comptes de la santé, un panorama complet sur le financement des soins en France. Les résultats 2024 mettent en lumière une évolution significative : la part des complémentaires santé, principalement les mutuelles, progresse, tandis que celle de la Sécurité sociale enregistre un léger recul. Les ménages, de leur côté, continuent également de supporter une fraction croissante des frais de santé. Ce constat révèle une tendance de fond : la répartition du financement des soins se modifie progressivement, avec une charge de plus en plus importante portée par les organismes complémentaires et les assurés eux-mêmes. Une hausse marquée des prestations des complémentaires santé En 2024, les organismes complémentaires d’assurance maladie (Ocam), qui regroupent les mutuelles, les assureurs privés et les institutions de prévoyance, ont enregistré une progression notable de leurs prestations. Selon la Drees, ces dépenses se sont accrues de 6,2 % par rapport à 2023, soit une croissance deux fois plus élevée que celle observée en 2022 (+3 %). Cette augmentation traduit le rôle central joué par les mutuelles dans la prise en charge de nombreux soins. Contrairement aux régimes obligatoires de la Sécurité sociale, qui concentrent leur remboursement sur les dépenses essentielles, les Ocam couvrent largement les postes de soins où les restes à charge sont encore élevés : dentaire, optique, audioprothèses, mais aussi certains soins ambulatoires (consultations spécialistes par exemple). La consommation de soins et de biens médicaux (CSBM), qui désigne l’ensemble des dépenses médicales hors prévention, est désormais financée à 12,8 % par les complémentaires santé, soit une hausse de 0,3 point par rapport à 2023. On revient ainsi à un niveau proche de celui qui prévalait avant la crise sanitaire de la Covid-19. Mutuelle santé : 475 euros de prestations par habitant En termes financiers, le poids des complémentaires est loin d’être négligeable. En 2024, elles ont versé 32,5 milliards d’euros de prestations, soit l’équivalent de 475 € par habitant. Hausse des dépenses en dentaire, optique et audiologie Le remboursement des soins dentaires constitue l’un des principaux moteurs de cette progression. Rien que sur ce poste, les organismes complémentaires ont déboursé près de 6,4 milliards d’euros, représentant presque la moitié des coûts (48,5 %). Rapporté à la population, cela correspond à 94 € par habitant. L’optique reste également un secteur emblématique de l’intervention des mutuelles et assureurs : plus des deux tiers des frais (68,2 %) sont financés par les complémentaires, soit 5,6 milliards d’euros au total, et 82 € par habitant. Quant aux audioprothèses, bien qu’elles représentent un marché plus restreint, les Ocam assurent tout de même la moitié des dépenses dans ce domaine, pour un montant d’environ 1 milliard d’euros (14 € par habitant). À eux seuls, ces 3 secteurs (dentaire, optique et audioprothèses) absorbent près de 40 % des remboursements versés par les complémentaires santé. Rappelons que depuis 2021 les contrats de mutuelle responsable (95% du marché de la complémentaire santé) doivent appliquer la réforme 100% Santé, ou reste à charge zéro en dentaire (prothèses), optique (monture et verres de correction) et audiologie. La mise en place de ce dispositif qui oblige les complémentaires à prendre en charge l’intégralité du ticket modérateur des équipements du panier 1 (sans reste à charge) pèse considérablement sur leur équilibre financier. Ceci explique en partie l'augmentation très marquée des tarifs des complémentaires santé ces dernières années. Des soins ambulatoires de plus en plus pris en charge Outre les postes classiques, les dépenses en soins ambulatoires (soins ne nécessitant pas d’hospitalisation) connaissent également une progression notable. La Drees observe une hausse de 0,7 milliard d’euros sur ce poste en 2024. Cette évolution s’explique notamment par une demande accrue de soins spécialisés et par la revalorisation des tarifs depuis 2023. Dans ce contexte, les mutuelles apparaissent comme un acteur incontournable pour limiter le reste à charge des patients, particulièrement dans un système où l’assurance maladie obligatoire se recentre sur les dépenses prioritaires. Les mutuelles, premier acteur du secteur de la complémentaire santé Toutes catégories confondues, les mutuelles demeurent les principaux contributeurs au financement de la complémentaire santé. En 2024, elles ont versé 14 milliards d’euros de prestations sur le champ de la CSBM. Elles devancent ainsi les compagnies d’assurances, qui prennent en charge 11,9 milliards d’euros, ainsi que les institutions de prévoyance, à hauteur de 6,5 milliards d’euros. Cette répartition souligne la place prédominante des mutuelles dans le système français. Traditionnellement ancrées dans une logique de solidarité et de gestion à but non lucratif, elles continuent de représenter la forme la plus répandue de complémentaire santé auprès des ménages. Une part croissante du reste à charge pour les ménages Si les Ocam augmentent leur part de financement, les ménages ne sont pas en reste. En 2024, ils ont directement supporté 20 milliards d’euros de dépenses de santé, soit 7,8 % de la CSBM. Cette proportion progresse légèrement (+0,1 point par rapport à 2023), traduisant une charge financière toujours plus lourde pour les patients. En moyenne, le reste à charge par habitant était de 292 € en 2024, contre 276 € en 2023. Cette évolution est à mettre en parallèle avec la hausse continue du coût de certains soins et le développement de pratiques médicales non totalement prises en charge par la Sécurité sociale ni par les complémentaires, comme certaines médecines douces, les actes hors nomenclature ou les actes de confort. Un recul de la part de la Sécurité sociale Face à ces progressions assumées par les assurés et leurs complémentaires santé, le financement public enregistre un recul. En 2024, la part de la Sécurité sociale dans la CSBM passe de 79,9 % à 79,4 %, soit une baisse de 0,5 point. Le financement public de la santé représentait 202 milliards d’euros en 2024, soit 6,9% du PIB. En 2020, au moment de la crise Covid, les administrations publiques finançaient 80,1% de la CSBM. Cette diminution, bien que modeste, confirme une tendance structurelle : l’assurance maladie obligatoire se concentre de plus en plus sur les dépenses essentielles (hospitalisation, soins de ville), laissant une part croissante aux complémentaires et aux assurés. En 2024, les dépenses de santé ont totalisé 255 milliards d’euros, soit une consommation moyenne par habitant de 3 723 € par an, répartie ainsi : Soins hospitaliers : 1 765 € Soins ambulatoires : 1 137 € Médicaments : 504 € Dispositifs médicaux (optique, audiologie, etc.) : 317 € Une réorganisation progressive du financement des soins Ces chiffres traduisent une transformation progressive du modèle français de financement de la santé. Si la Sécurité sociale demeure le premier financeur, son rôle relatif s’amenuise au profit des Ocam et des ménages. Les mutuelles apparaissent comme un acteur de plus en plus central, notamment sur des postes coûteux comme l’optique, le dentaire et les audioprothèses. Alors que l’Assurance Maladie prévoit de moins rembourser certains soins en 2026, comme les cures thermales et les lunettes, mais aussi les dépenses relatives aux patients en ALD (Affection de Longue Durée), cette évolution pose question sur l’égalité d’accès aux soins. En effet, si la part des ménages augmente, certains patients risquent de renoncer à des traitements faute de moyens suffisants ou de couverture complémentaire adaptée.