Crédit immobilier : les taux d’usure en hausse en novembre 2023

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Les nouveaux taux d’usure applicables au crédit immobilier pour novembre 2023 poursuivent leur hausse et témoignent de la progression continue des taux d’intérêts pratiqués par les banques de détail. Le taux maximal autorisé va frôler les 6%, signe que le crédit est toujours plus cher. La mensualisation du taux d’usure n’est qu’une mesure provisoire qui prendra fin en janvier 2024. Les conditions monétaires se seront peut-être stabilisées d’ici là.

Les taux d’usure en novembre 2023

Les seuils de l’usure applicables à compter du 1er novembre 2023 continuent d’augmenter (sauf sur prêts relais) et illustrent les hausses récentes de taux d’intérêts du crédit immobilier.

 

 

Taux d’usure octobre 2023

Taux effectifs moyens pratiqués les 3 mois précédents

Taux d’usure novembre 2023

Prêt à taux fixe d’une durée inférieure à 10 ans

4,31%

3,23%

4,31%

Prêt à taux fixe d’une durée comprise entre 10 et moins de 20 ans

5,55%

4,24%

5,65%

Prêt à taux fixe 

d’une durée de 20 ans et plus

5,80%

4,43%

5,91%

Prêt à taux variable

5,40%

4,04%

5,39%

Prêt relais

5,79%

4,47%

5,96%

Pour rappel, le taux d’usure est le taux annuel effectif global ou TAEG que la banque ne peut dépasser lors de l’octroi du crédit. Ce TAEG inclut tous les frais liés à l’obtention du financement et comprend :

Les courtiers en crédit estiment qu’il faut au minimum un écart de 60 à 70 points de base entre le taux nominal d’un prêt et le taux d’usure sur la durée concernée pour que le dossier soit finançable. En présence de risques accrus (santé, profession, pratique d’un sport à risque), la marge nécessaire pour intégrer le coût de l’assurance de prêt immobilier atteint les 100 points ou peut aller au-delà.

Fin de la mensualisation du taux d’usure en janvier 2024

Le système de l’usure a montré son dysfonctionnement avec la remontée brutale et constante des taux d’intérêts. Depuis janvier 2022, les taux d’emprunt n’en finissent pas de grimper, opérant une distorsion entre les conditions monétaires auxquelles sont confrontées les banques et le niveau auquel elles peuvent prêter.

Traditionnellement, le taux d’usure est défini chaque trimestre à partir des TAEG moyens octroyés les trois mois précédents, auxquels la Banque de France ajoute un tiers. Dans un contexte particulier de remontée violente des taux d’intérêts, la BdF a décidé, à compter de février 2023, de mensualiser le taux d’usure afin d’éviter qu’un effet de seuil n’engendre un report des mises en place de prêts le trimestre suivant. Néanmoins, le calcul se fait toujours sur la base des moyennes des taux pratiqués lors des trois mois précédents.

Prévue initialement jusqu’au mois de juillet 2023, la révision mensuelle de l’usure reste en place jusqu’en janvier 2024, sauf décision de la prolonger pour faciliter l’accès au crédit immobilier dans un contexte qui va rester tendu et incertain, en lien avec les conflits armés en Ukraine et au Proche Orient. 

Vers une stabilisation des conditions d’emprunt

Un taux d’usure à un rythme mensuel permet de retarder l’effet ciseau opéré par une progression incessante des taux d'intérêts. Ceux-ci ont quasiment été multipliés par 4 depuis janvier 2022, passant d’une moyenne de 1,10% (hors assurance et coût des sûretés) à 4,30% en octobre 2023 pour un bon dossier.

Cette hausse spectaculaire et inédite est largement imputable à la politique monétaire de la Banque Centrale Européenne qui, pour contrer la dérive inflationniste, relève ses taux directeurs. Les banques de détail ajustent leurs barèmes de taux en conséquence et avec un taux d’usure mensuel, la correction est nettement plus rapide.

Jeudi dernier, la BCE a décidé une pause après une série de 10 hausses successives de ses taux entamée fin juillet 2022. Le taux de dépôt reste à 4% et le taux de refinancement à 4,50%, ce qui devrait inciter les banques commerciales à être moins gourmandes et augmenter leurs barèmes de manière plus modérée.

La révision mensuelle de l’usure leur a permis de reconstituer partiellement leurs marges, marges que l’assurance de prêt immobilier permet de gonfler très significativement. Rappelons que les assurances proposées par les établissements bancaires sont jusqu’à 60% plus chères que les offres alternatives de la concurrence. Les taux de crédit immobilier fin 2023 et début 2024 devraient continuer à progresser, sans toutefois dépasser la barre symbolique des 5%.

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Complémentaire santé solidaire : les salariés y ont-ils droit ?

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Alerte Presse // Pas de crédit immobilier sans assurance groupe bancaire : le scandaleux chantage des banques

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