Crédit immobilier et obésité : quelle assurance emprunteur en 2024 ?

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À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre l’obésité ce lundi 4 mars 2024, Magnolia.fr met en lumière les conditions d’accès à une assurance de prêt immobilier pour les personnes qui souffrent de cette maladie chronique. Considérées comme des profils à risques aggravés de santé, elles éprouvent des difficultés pour concrétiser leur projet immobilier. La réglementation en matière d’assurance de prêt a toutefois évolué en 2022 en donnant la possibilité à certains d’échapper au questionnaire de santé.

Obésité : facteur de risques accrus en assurance emprunteur

L’obésité est une maladie chronique complexe et multifactorielle qui engendre un risque accru d’affections cardio-vasculaires, de diabète, de cancers et de mortalité due à d’autres pathologies.

Les personnes considérées comme obèses affichent un IMC (Indice de Masse Corporelle) égal ou supérieur à 30 kg/ m². L’obésité peut être :

  • modérée : entre 30 et 34,9 kg/
  • sévère : entre 35 et 39,9 kg/ m²
  • massive : plus de 40 kg/ m².

Les maladies le plus souvent associées à l’obésité sont :

  • le diabète non-insulinodépendant, dit diabète de l’obésité
  • les maladies métaboliques et cardiovasculaires
  • l’hypertension artérielle et intracrânienne
  • les autres maladies chroniques (apnée du sommeil, arthrose, etc.)
  • les maladies infectieuses
  • les cancers associés aux dysfonctionnements hormonaux ou digestifs
  • l’infertilité et les complications lors de la grossesse
  • les problèmes articulaires
  • les troubles respiratoires
  • les incontinences urinaires.

Lors de la souscription à l’assurance emprunteur, vous remplissez un questionnaire qui va, entre autres, renseigner l’assureur sur les risques de santé que vous incarnez. En tant qu’obèse, vous êtes considéré comme un profil à risques aggravés de santé, surtout si votre état s’accompagne d’une pathologie associée comme le diabète ou l'hypertension.

Assurance emprunteur et risques de santé liés à l’obésité

Les personnes qui présentent des risques accrus de santé bénéficient d’un dispositif opposable aux banques et aux assureurs qui leur permet d’accéder à l’assurance et au crédit à des conditions encadrées.

La convention Aeras (s’Assurer et Emprunter avec un Risque Aggravé de Santé) a mis en place une grille de référence qui liste les pathologies pour lesquelles l’assurance de prêt est accordée sans surprime ni exclusion, et celles où il est possible d’être couvert avec une surprime plafonnée (avec ou sans exclusion de garantie). La demande d'assurance est étudiée à 3 niveaux en fonction des risques de santé. La convention ne garantit pas l'accès à l'assurance emprunteur.

La plupart des pathologies associées à un état d’obésité font partie de cette grille, comme certains cancers et le diabète. En fonction de la maladie, du diagnostic et du traitement suivi, vous pouvez être couvert par les garanties décès et PTIA (Perte Totale et Irréversible d’Autonomie) et par les garanties invalidité/incapacité moyennant une surprime ou à des conditions standards.

Les garanties assurance emprunteur en cas d’obésité

L’assurance emprunteur a pour vocation de vous protéger ainsi que la banque au cas où vous seriez victime d’un aléa de la vie (décès, invalidité, incapacité de travail, voire perte d’emploi). En cas de risque couvert, celle-ci rembourse le prêteur selon les conditions du contrat d’assurance emprunteur, et à hauteur de la quotité si vous empruntez à deux.

Le questionnaire de santé informe le médecin-conseil de votre taille et de votre poids, et à partir de ces données, il va calculer votre IMC. Si l’IMC est compris entre 25 et 30, vous êtes en surpoids ; au-delà de 30, vous êtes atteint d’obésité. La couverture d’assurance pour une personne obèse varie d’un assureur à l’autre en fonction de l’IMC. Une surprime sera appliquée en raison du risque aggravé de santé.

Par exemple, le taux d’assurance peut être augmenté de 25% en cas d’IMC compris entre 30 et 36, sans exclusion des garanties PTIA (Perte Totale et Irréversible d’Autonomie) et ITT (Incapacité Temporaire Totale de travail). Quand l’IMC est entre 36 et 40, la garantie décès peut être affectée d’une surprime de 35% à 50%. Au-delà de 40 d’IMC, les garanties incapacité et invalidité ne sont plus accordées et la garantie décès est surfacturée jusqu’à 100%.

La réponse de l'assureur dépendra de la présence éventuelle d’une maladie associée. Certains assureurs refusent de couvrir les emprunteurs victimes d’obésité massive.

Bon à savoir : les garanties d’assurance de prêt immobilier sont toujours définies par la banque sur la base de vos données personnelles et professionnelles, et des caractéristiques de votre crédit (durée, montant, nature). Si l’assureur ne vous octroie pas certaines garanties minimales imposées par la banque, votre demande de prêt est refusée. La présence d'un co-emprunteur sans risque particulier de santé est un gage de sécurité pour la banque.

Important : faites valoir votre droit au libre choix du contrat d’assurance emprunteur. La banque ne peut conditionner l’octroi du prêt à la souscription de son contrat maison. À garanties au moins équivalentes, les offres alternatives sont jusqu’à trois fois moins chères. Mettez les contrats en concurrence via un comparateur d’assurance de prêt immobilier pour accéder aux meilleurs devis du marché.

Assurance de prêt immobilier sans questionnaire de santé

La loi Lemoine a rebattu les cartes de l’assurance de prêt immobilier en renforçant les droits des emprunteurs touchés par la maladie. Depuis le 1er juin 2022, vous n’avez pas de questionnaire de santé à remplir si vous cumulez ces deux conditions :

  • La part assurée n’excède pas 200 000€ (plafond de 400 000€ en cas d’emprunt à deux pour une quotité de 50% sur chaque tête).
  • Le prêt est remboursé avant votre 60ème anniversaire.

Les personnes dont l’état de santé ne permet pas d’accéder à l’assurance emprunteur à des conditions standards, c’est-à-dire sans surprime ni exclusion de garantie, échappent ainsi à la double peine. Compte tenu de la durée maximale réglementaire de remboursement d’un prêt immobilier (25 ans voire jusqu’à 27 ans dans le neuf ou dans l’ancien avec travaux de rénovation), la fin de la sélection médicale concerne majoritairement les emprunteurs de moins de 35 ans. 

Les chiffres de l’obésité en France et dans le monde

Selon les dernières données de l’Assurance Maladie, le surpoids concerne 47% des Français adultes, les hommes étant le plus souvent affectés que les femmes (36,9% contre 23,9%). Le taux d’obésité est en revanche plus élevé chez les femmes 17,4% que chez les hommes 16,7% (chiffres 2020).

Entre 1997 et 2020, l’obésité chez les adultes est passée de 8,5% à 17%, soit environ 8,5 millions de personnes touchées, tandis que le nombre de cas de surpoids fluctue autour de 30%. 

Selon une récente étude de The Lancet et de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le taux d’obésité dans la population mondiale a doublé parmi les adultes entre 1990 et 2022 : il a quasiment triplé chez les hommes, passant de 4,8% à 14%, et a plus que doublé chez les femmes, passant de 8,8% à 18,5%. Dans le monde, il y aurait un milliard de personnes obèses en 2022, dont 160 d’enfants et d’adolescents (31 millions en 1990).

 

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Crédit immobilier : toutes les infos pour emprunter en mai 2024

Les taux d’intérêts ont de nouveau baissé en avril, offrant davantage d’opportunités aux ménages porteurs d’un projet immobilier. Les conditions s’améliorent au fil des semaines dans un contexte toujours restrictif quant aux règles d’emprunt. Une proposition de loi retirée lundi soir a pourtant tenté d’assouplir la norme des 35% de taux d’endettement maximal. Le plus gros levier d’économies du crédit immobilier reste la délégation d’assurance emprunteur. Nouvelle baisse des taux du crédit immobilier En ce début mai, les signaux sont toujours au vert. Entamée aux prémices de l’année 2024, la baisse des taux d’intérêts du crédit immobilier se poursuit. Si le mouvement est moins vif qu’en janvier et février, les ajustements sont significatifs, entre 10 et 15 points de base concédés sur chaque durée. Taux sous les 4% sur toutes les durées Les valeurs sont descendues sous la barre des 4% en avril et continuent sur cette lancée. Le taux moyen sur 20 ans se situe autour de 3,80% (hors assurance emprunteur et coût des sûretés) et sur 25 ans, les valeurs restent inférieures à 4%. Les meilleurs dossiers peuvent escompter de belles ristournes : un profil premium peut actuellement s’endetter à 3,40% sur 20 ans et à 3,50% sur 25 ans. Selon les experts, la tendance baissière devrait se dérouler tout au long de l’année et afficher fin 2024 des taux autour de 3,50% voire 3% pour les plus optimistes. Pouvoir d’achat immobilier en hausse Un simple calcul témoigne d’une nette amélioration du pouvoir d’achat immobilier. Pour une mensualité de 1 000€ sur 20 ans (hors assurance de prêt et autres frais), vous pouviez emprunter 158 066€ en décembre 2023 (taux nominal à 4,50%). Actuellement, avec un taux de 3,80% sur cette même maturité, le montant empruntable s’élève à 167 928€ : vous avez gagné près de 10 000€ en l’espace de 4 mois. Les emprunteurs en position de force Ce retournement de situation, après une année noire pour le marché immobilier, est tangible : la production de crédits immobiliers a bondi de plus de 50% entre décembre 2023 et mars 2024 (chiffres Observatoire Crédit Logement/CSA). Si on constate une embellie du marché au premier trimestre 2024, elle reste timide, car on part de loin. En 2023, le nombre de prêts à l’habitat a chuté de plus de 40% par rapport à l’année précédente. Le moment est venu de challenger les banques et de les mettre en concurrence, car elles ont à cœur de financer les projets immobiliers, le crédit étant leur plus gros produit d’appel. Les emprunteurs ont la main pour négocier des conditions avantageuses dans un contexte où les banques margent de nouveau sur le crédit immobilier.  La pression s’est d’autant plus relâchée que le taux d’usure pour le deuxième trimestre est supérieur à ce qu’il était au premier trimestre. Entre le taux nominal et le taux maximum légal, les emprunteurs ont une plus large latitude pour intégrer tous les autres frais liés à l’obtention du crédit. Jusqu’au 30 juin, le taux d’usure est fixé 6,39% pour les prêts d’une durée de 20 ans et plus (6,13% pour les prêts entre 10 et 20 ans). Encadrement du crédit immobilier : rien ne bouge Le redressement de la capacité d’emprunt se fait dans un contexte inchangé quant aux règles d’octroi du HCSF (Haut Conseil de Stabilité Financière). L’institution, qui dépend du ministère de l’Économie et qui est placée sous l’égide de la Banque de France, encadre strictement le crédit immobilier depuis janvier 2021. Deux limites ont été instaurées, auxquelles les banques ne peuvent déroger qu’à la marge, soit 20% de leur production semestrielle en grande partie à destination de la primo-accession et de l’achat de la résidence principale : Le taux d’endettement ou taux d’effort ne peut excéder 35% des revenus nets, assurance de prêt comprise. La durée de remboursement est plafonnée à 25 ans (voire jusqu’à 27 ans en cas d’achat dans le neuf ou dans l’ancien avec travaux dont l’enveloppe équivaut au moins à 10% du montant de l’opération). Accusée de freiner l’accès à la propriété, car sans égard pour le reste à vivre, cette norme hérisse les professionnels du crédit, au premier rang desquels les courtiers qui plaident depuis des années pour son assouplissement. Une proposition de loi portée par le groupe Renaissance prévoyait d'amender la règle des 35% de taux d’effort qui participe à la chute massive de la production de crédits à l’habitat en privant de financement des ménages pourtant solvables. Lundi 29 avril, elle a été retirée par son auteur, le député Lionel Causse, pendant son examen à l'Assemblée en raison d'amendements de l'opposition visant à dénaturer le texte. La réforme du crédit immobilier fait pschitt. La volonté d’assouplissement avait déjà été clairement atténuée lors de son examen en commission parlementaire en maintenant les pouvoirs du HCSF quant aux conditions dérogatoires accordées aux banques. Sans compter que la BdF est notoirement opposée à toute réforme de la norme visant l’encadrement du crédit. Délégation d’assurance de prêt immobilier : la voie royale pour faire des économies En attendant un assouplissement des règles d’octroi qui ne viendra sans doute pas de si tôt, vous avez les moyens de mieux maîtriser le coût de votre crédit immobilier. Faites jouer la concurrence en matière d’assurance emprunteur et optez pour la délégation pour trouver le contrat compétitif qui permet de diviser par deux à quatre le coût de l’assurance proposée par votre banque. À garanties équivalentes, les contrats groupe bancaires sont jusqu’à 60% plus chers que les offres alternatives. En négociant au mieux l’assurance, vous économisez des milliers d’euros sur la durée de votre emprunt. Un emprunteur de 30 ans sans antécédent de santé peut ainsi réduire de 10 800€ le coût de son crédit en souscrivant une assurance externe au taux de 0,09% (taux moyen pour ce profil chez Magnolia.fr) plutôt que l’assurance bancaire au taux de 0,36%. Si vous craignez pour votre financement, car la banque rechigne à vous accorder la délégation d’assurance, agissez dans un deuxième temps. Dès le lendemain de la signature de l’offre de prêt, vous pouvez changer d’assurance emprunteur et ainsi, accéder à une formule compétitive qui respecte les exigences de la banque en matière de couverture minimale et ne peut plus faire barrage à votre projet immobilier.    

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HCSF : la réforme du crédit immobilier fait pschitt !

Le miracle n'a pas eu lieu. Débattue à l'Assemblée nationale dans la soirée du lundi 29 avril, la proposition de loi visant à réformer le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) a été retirée par son auteur. Portée par le député Lionel Causse, cette initiative avait pour objectif d'assouplir les conditions d'octroi des crédits immobiliers. Des débats houleux qui n'étaient pas à la hauteur de l'enjeu et des amendements en pagaille aboutissent finalement à son abandon. Le HCSF reste « un machin inutile » qui bride l’accès au crédit immobilier à de nombreux ménages pourtant solvables en refusant d’introduire la notion de reste à vivre. Contexte de la réforme du crédit immobilier La proposition de loi portée par un collectif de députés du groupe Renaissance visait à ajuster le fonctionnement du HCSF, organisme chargé de réguler le crédit immobilier en France depuis la crise financière de 2008-2011. Ce dernier émet des recommandations pour prévenir le surendettement des ménages, fixant notamment une limite d'endettement à 35% du revenu des ménages et une durée de remboursement maximale de 25 ans (sauf exception dans le neuf et l’ancien avec travaux de rénovation où elle peut aller jusqu'à 27 ans). Ces consignes sont devenues juridiquement opposables aux banques depuis janvier 2022. Après une année noire pour l’immobilier en 2023 (-40% de production de crédits immobiliers), la proposition de réforme du HCSF visait à ajuster son fonctionnement pour redynamiser le marché. Reste à vivre : une notion oubliée du HCSF Le député Lionel Causse a retiré sa proposition après des débats agités à l'Assemblée nationale. Les amendements adoptés pendant les discussions ont profondément altéré le contenu initial du texte, ce qui a conduit à son abandon. L'auteur de la proposition a justifié ce retrait en arguant que les modifications apportées avaient dénaturé le projet initial. Cette décision intervient après des échanges houleux où les opinions divergentes ont été exprimées, notamment par le député Nicolas Sansu, mettant en garde contre les risques d'endettement accru pour les ménages. Certains députés ont qualifié cette initiative de réponse "imparfaite, insuffisante et peut-être dangereuse" face au déficit de production de logements dans le pays. Ces oppositions ont contribué à la remise en question de la proposition de loi et ont finalement abouti à son retrait. La proposition prévoyait deux mesures : modification de la composition du HCSF par la nomination de 2 parlementaires (un député et un sénateur) parmi ses membres afin d’introduire davantage de démocratie ; prise en compte du reste à vivre : les banques auraient eu la possibilité de s’affranchir de la règle des 35% d’endettement maximum (assurance de prêt immobilier comprise) pour les emprunteurs solvables ne présentant aucun risque d’endettement excessif. La fin de la règle des 35% d’endettement devient l’Arlésienne du crédit immobilier, alors qu’elle relève du bon sens : laisser les banques distribuer des financements selon leurs critères, comme elles l’ont toujours fait avant l’application de la norme. Le taux de défaut de paiement en France est le plus bas d’Europe à moins de 0,80% en raison de l’acuité des prêteurs et non de l'encadrement du crédit. Le HCSF intouchable Malgré le soutien initial du gouvernement, notamment sur la notion de reste à vivre, la proposition a été critiquée par divers acteurs, au premier rang desquels la Banque de France (BdF) et la Banque centrale européenne (BCE). Christine Lagarde, la présidente de la BCE, avait donné un avis négatif sur ce texte, estimant que « ces changements entraînent de facto une dilution de la représentation des organes techniques au sein du HCSF, y compris, mais sans s’y limiter, la Banque de France et l’ACPR ». Lors de l’examen du texte en commission des finances, les députés avaient introduit le fait de laisser entre les mains du gouverneur de la BdF les décisions quant à l’encadrement du crédit. Ce dernier étant farouchement opposé à toute réforme du HCSF, la proposition de réforme amendée n’avait plus aucun sens. Selon les détracteurs du texte, l’introduction de deux parlementaires dans la composition du HCSF aurait risqué de mettre à mal l’indépendance de l’autorité macro-prudentielle en favorisant le lobbying. Le texte initial prévoyait en outre de revoir les règles tous les trois mois, un délai jugé trop strict par la BCE. La rigueur est pourtant bien du côté du HCSF en privant les ménages solvables d’accès au crédit immobilier par l’application à l’aveugle de règles devenues indéfendables. Peut-on justifier de laisser des locataires s’endetter à 50% de leurs revenus quand on refuse aux candidats à l’accession à la propriété la possibilité d’emprunter à plus de 35% sans compromettre leur santé financière ? Les parlementaires opposés à la réforme oublient qu’être propriétaire de sa résidence principale est une sûreté pour la retraite. En bridant l’accès à la propriété immobilière, l’État se tire une balle dans le pied : baisse du pouvoir d’achat des retraités, manque de rentrées d’argent (moins de droits de mutation). Timide reprise du marché immobilier Le retrait de la proposition de loi soulève des interrogations quant aux prochaines étapes dans la résolution de la crise du logement en France. Le resserrement de l’accès au crédit à l’habitat instauré par le HCSF dès janvier 2020 s’est rapidement transformé en rationnement du crédit pour de raisons obscures qu’on espère décorrélées de la régulation de l’inflation. La récente baisse des taux d’intérêts redynamise la demande et rend les banques plus concurrentielles, ce qui a peut-être offert un excès de confiance aux parlementaires quant à la normalisation du marché.