Convention AERAS : l'Île-de-France va prendre en charge les surprimes

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Les personnes présentant des risques aggravés de santé qui souhaitent emprunter pour acquérir leur logement peuvent bénéficier de la convention AERAS.

Cette mesure facilite la souscription à une assurance de prêt immobilier, élément indispensable à l'obtention du financement. Les conditions sont encadrées et des surprimes peuvent s'appliquer.

Les emprunteurs résidant à Paris et dans toute l'Île-de-France seront chanceux en cette année 2020 : la région a décidé de payer la surprime à leur place.

Faciliter l'accès au logement

Vouloir acquérir son logement quand on est malade ou anciennement malade, c'est s'exposer à une double peine : se voir refuser l'accès au crédit à cause d'une pathologie vaincue ou toujours en cours. Pour lutter contre cette injustice, la convention AERAS (s'Assurer et Emprunter avec des Risques Aggravés de Santé) a mis en place un cadre précis pour permettre aux personnes concernées de concrétiser leur désir de devenir propriétaires.

L'accès au crédit immobilier est toujours un parcours du combattant, quel que soit le profil affiché ; il l'est d'autant plus que l'historique de santé augmente les risques pour les établissements bancaires de refuser le financement. Personnes atteintes d'un cancer, d'une maladie chronique, d'obésité, même les personnes guéries d’une grave maladie depuis des années, se voient appliquer des surprimes rédhibitoires sur leur assurance emprunteur, quand ce n'est pas un refus catégorique.

Depuis plusieurs années, la convention AERAS redonne espoir à toutes ces personnes frappées par la maladie en limitant les surcoûts opérés par les assureurs ou bancassureurs, et évolue régulièrement au fil des progrès de la médecine. Parmi les avancées majeures, figure le droit à l’oubli qui autorise les personnes guéries d’un cancer depuis 10 ans révolus à ne pas déclarer leur ancienne pathologie dans le questionnaire de santé lors de la souscription à l’assurance de prêt.

Selon les chiffres de la FFA (Fédération Française de l'Assurance), en 2017, 14% des demandes de prêts, soit plus de 530 000 dossiers, présentaient un risque aggravé de santé ; 96% d'entre elles ont fait l'objet d'une proposition d'assurance couvrant au moins le risque décès.

Cette couverture décès se fait sans surprime ni exclusion de garantie dans 72% des cas, dans 28% des cas avec surprime et pour moins de 0,5% sans surprime mais avec exclusion ou limitation de garanties. Les demandes comprenant en plus la garantie PTIA (Perte Totale et Irréversible d'Autonomie) ont été acceptées sans surprime ni exclusion dans 89% des cas.

Trop chère assurance !

Pour les dossiers assortis de surprime, un dispositif d'écrêtement est mis en place, c'est-à-dire que la convention impose des limites à la majoration des tarifs d'assurance en fonction des ressources de l'emprunteur présentant un risque aggravé de santé. Le revenu du foyer doit être inférieur ou égal à :

  • 1 fois le PASS (Plafond Annuel de la Sécurité Sociale), lorsque le nombre de parts du foyer fiscal est de 1 ;
  • 1,25 fois le PASS, lorsque le nombre de parts du foyer fiscal est de 1,5 à 2,5 ;
  • 1,5 fois le PASS, lorsque le nombre de parts du foyer fiscal est de 3 et plus.

Pour l'emprunteur qui remplit l'un de ces critères, la cotisation d'assurance ne peut excéder 1,4 point dans le TAEG du prêt (Taux Annuel Effectif Global), taux qui agrège l'ensemble des frais relatifs à l'obtention du financement (taux d'intérêt, frais de dossier, assurance, garantie, ...). Et pour les emprunteurs de moins de 35 ans qui financent leur achat immobilier en partie grâce au PTZ, le surcoût est intégralement assumé par les assureurs et les banques. Hors de ce cadre, les surprimes peuvent atteindre jusqu'à 300% !

Paiement des surprimes : généreuse Île-de-France !

Les emprunteurs de la région francilienne doivent faire face à une situation récurrente : la cherté des logements, un problème endémique qui confine à l'excès ces dernières années. À Paris, il faut débourser plus de 10 000€ le mètre carré. Les Hauts-de-Seine ne sont guère mieux lotis avec un mètre carré moyen à près de 7 000€.

Selon MeilleursAgents, le prix du mètre carré en Île-de-France se situe autour de 6 500€ pour un appartement et de près de 3 400€ pour une maison, loin devant la moyenne hexagonale (prix médian à 2 060€/m² selon les Notaires entre juillet 2018 et juin 2019). Être malade ou ancien malade renchérit le coût d'une acquisition compte tenu des conditions d'emprunt spécifiques, et éclipse bien souvent le projet à cause des surprimes appliquées sur l'assurance.

Forte de ce constat, la région Île-de-France a pris la décision de prendre en charge les surprimes pour tous les primo-accédants qui relèvent de la convention AERAS dans la limite du montant assurable (320 000€).

Le Conseil Régional présidé par Valérie Pécresse mettra en place à compter d'avril 2020 un fonds de garantie de 3,7 millions d'euros destiné à la prise en charge de ces surprimes qui concernent chaque année un millier de Franciliens. L'initiative est forte, et présentée comme "un dispositif inédit et puissant afin de réparer une injustice".

Elle va permettre d'effacer le plafond d'écrêtement de surprime pour les risques aggravés au titre de la convention AERAS grâce à la garantie en capital offerte par la région en cas de défaut de paiement des emprunteurs.

Un Appel à Manifestation d'Intérêt (AMI) sera bientôt lancé pour inviter les assureurs et les banques à adhérer à ce dispositif solidaire régional.

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Il s’agit notamment de : Bénéficiaires de la Complémentaire Santé Solidaire (C2S)  Personnes couvertes par l’Aide médicale d’État (AME)  Patients en Affection de Longue Durée (ALD)  Femmes enceintes à partir du 6e mois jusqu’à 12 jours après l’accouchement Femmes ayant recours à une IVG  Jeunes femmes de moins de 26 ans dans le cadre de la contraception (actes et contraceptifs) Personnes victimes d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle  Victimes d’un attentat  Personnes bénéficiant de programmes de prévention (M’T Dents, dépistages organisés, etc.). Dans ces cas précis, le tiers payant s’applique de droit, sans que le patient ait besoin d’en faire la demande. Pour les autres assurés, le tiers payant peut être accordé sur présentation des justificatifs (carte Vitale, attestation de mutuelle), mais reste facultatif et dépend de la politique du professionnel de santé. Comment fonctionne le tiers payant ? 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Le tiers payant partiel Il concerne uniquement la part prise en charge par l’Assurance maladie (ex. : 70 % pour une consultation classique). Le patient doit régler le reste à charge, soit : la participation forfaitaire de 2 € par consultation les dépassements d’honoraires éventuels  la part complémentaire, remboursable ensuite par la mutuelle. Exemple : Une consultation à 50 € chez un spécialiste en secteur 2 : L’Assurance maladie rembourse 19 € (70 % de 30 € - participation forfaitaire de 2 €) ; Le patient paie 29 € au médecin, dont une partie sera remboursée par la complémentaire. 2. Le tiers payant total Dans ce cas, le patient ne paie rien sur le moment. L’Assurance maladie prend en charge sa part, et la mutuelle couvre le reste immédiatement. Cela suppose que : Le professionnel accepte le tiers payant intégral. La mutuelle couvre bien les frais restants. Aucun dépassement d’honoraires n’est à la charge de l’assuré (ou est remboursé selon le contrat). 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Conseil d’expert : avant chaque consultation, pensez à demander si le professionnel pratique le tiers payant (et sous quelle forme), pour éviter toute mauvaise surprise.

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Assurance emprunteur : contrat bancaire ou individuel, quel est le moins cher en 2025 ?

En 2025, face à un marché immobilier qui se redresse peu à peu et une réglementation favorable à la concurrence, les emprunteurs se posent la question légitime : vaut-il mieux choisir le contrat d’assurance de prêt proposé par la banque ou opter pour un contrat individuel auprès d’un assureur alternatif ? Tour d’horizon du marché, des tarifs et des arbitrages clés pour faire le bon choix. Un marché immobilier en crise mais en voie de stabilisation Depuis 2021, le marché immobilier a connu une baisse drastique de ses volumes de transactions, passant de 1,2 million de ventes à environ 780 000 en 2024. Cette chute, liée à la hausse des taux d’intérêts, a mécaniquement réduit les opportunités commerciales pour l’assurance emprunteur. Mais les signaux d’un redémarrage se précisent : plusieurs assureurs constatent un regain d’activité depuis fin 2024, augurant une reprise progressive en 2025. Cette dynamique nouvelle offre un contexte favorable à une concurrence plus vive entre bancassureurs et assureurs alternatifs. Surtout que la loi Lemoine, entrée en vigueur en 2022, permet désormais aux emprunteurs de changer d’assurance de prêt immobilier à tout moment, sans attendre la date anniversaire du contrat. Loi Lemoine : vers une démocratisation du changement d’assurance Après les lois Lagarde (2010), Hamon (2014) et l’amendement Bourquin (2018), la loi Lemoine représente une avancée majeure en matière de liberté de choix pour l’emprunteur. Elle autorise la résiliation du contrat d’assurance quand l’emprunteur le souhaite, et ce dès le lendemain de la signature de l’offre de prêt, ouvrant ainsi la voie à une véritable concurrence tarifaire. Mais en pratique, les effets de cette loi ont été quelque peu ralentis par le contexte économique. Les bancassureurs, en position de quasi monopole lors de la souscription du crédit (77 % de parts de marché), ne facilitent pas toujours la substitution. Allers-retours administratifs, délais rallongés, contre-offres de dernière minute… autant de freins, certains à la limite de la légalité, qui rendent le changement d’assurance plus complexe qu’il n’y paraît.  Et pour cause, les marges bancaires sur l’assurance de prêt peuvent aller jusqu’à 70%, une manne à laquelle les établissements de crédit ne comptent pas renoncer.  Contrat groupe ou contrat individuel : 2 approches bien distinctes Les banques proposent généralement des contrats groupes, standardisés, avec des garanties mutualisées. Ces formules sont simples à souscrire et directement intégrées au crédit immobilier. En face, les contrats individuels des assureurs alternatifs offrent une tarification personnalisée, souvent plus compétitive, notamment pour les profils jeunes, non-fumeurs ou présentant peu de risques de santé. Quelle part de marché pour les assureurs alternatifs ? Selon les derniers chiffres, les assureurs hors bancassurance détiennent désormais près de 23 % du marché à la souscription. Et leur part ne cesse de croître grâce à la montée en puissance des résiliations post-crédit. Entre 2022 et 2024, le taux de résiliation a d’ailleurs doublé. Le modèle d’acquisition a changé : aujourd’hui, 70 % des contrats individuels sont souscrits après la signature du prêt immobilier. La progression des assureurs alternatifs reste très lente et plus que modérée : leurs parts de marché sont passées de 15,6% en 2021 à 16,1% en 2023, les bancassureurs détenant près de 84% des contrats d’assurance de prêt en stock.  Combien peut-on économiser en changeant d’assurance emprunteur ? C’est la question centrale pour les emprunteurs en 2025 : les contrats individuels sont-ils vraiment plus avantageux financièrement ? D’après le Comité consultatif du secteur financier (CCSF), le bilan est nuancé : Dans 32 % des cas, le contrat de la banque reste moins cher. Dans 36 % des cas, le contrat individuel permet de gagner jusqu’à 2 000 € sur toute la durée du prêt (soit environ 8,50 € d’économie mensuelle sur 20 ans). Dans les 32 % restants, l’écart dépasse les 2 000 €, avec même 2 % des cas où l’économie dépasse 7 000 €. À retenir : les économies potentielles varient fortement selon le profil de l’emprunteur, son âge, son état de santé, la durée restante du prêt et le capital assuré. Critères Contrat bancaire Contrat individuel (en délégation) Tarification Standardisée, peu personnalisée Personnalisée selon âge, profession, santé Coût moyen Souvent plus élevé sur toute la durée du prêt Plus de 7 000€ d’économies potentielles Souscription Automatique avec le prêt immobilier Démarche séparée, souvent avec un courtier Souplesse des garanties Limitée, garanties uniformisées Plus de choix, ajustements possibles, rachat d’exclusion de garantie Accès au changement Résiliation à tout moment grâce à la loi Lemoine, mais manœuvres dilatoires des banques Résiliation à tout moment grâce à la loi Lemoine Profil idéal Emprunteur avec risque aggravé ou prêt court Jeunes, non-fumeurs, bons profils de santé Parts de marché à la souscription du prêt (2024) 77% 23% (en hausse) Une guerre tarifaire toujours plus intense La bataille se joue essentiellement sur le prix. Depuis une dizaine d’années, les assureurs alternatifs ont ajusté leurs grilles tarifaires à plusieurs reprises pour séduire les emprunteurs. Swiss Life, Cardif, Groupama, Alptis ou encore April ont ainsi multiplié les offres et segmenté leur clientèle pour proposer des couvertures adaptées à tous les profils, des jeunes actifs aux professions libérales. Les bancassureurs ont dû réagir : entre 2019 et 2023, leurs tarifs ont baissé de 15 % à 23 % en moyenne. Cette stratégie vise à limiter l’évasion de leurs clients vers la concurrence. L’importance de bien maîtriser la substitution Changer de contrat d’assurance emprunteur reste une démarche encadrée. Pour réussir sa substitution, il faut respecter plusieurs étapes :  envoi d’un nouveau contrat qui présente une équivalence de garanties avec celui de la banque acceptation par cette dernière dans les 10 jours ouvrés mise en place du nouveau contrat et rédaction de l’avenant résiliation de l’ancien.  Cette complexité a incité de nombreux courtiers à investir massivement dans des outils de gestion et des plateformes d’accompagnement. Certains, comme le courtier Magnolia.fr qui propose une palette de 29 contrats, ont même mis en place des services internes dédiés aux procédures de résiliation et de substitution. Objectif : fluidifier le parcours et lever les blocages. Assurabilité, mutualisation… les nouveaux enjeux du marché La baisse des tarifs pose aussi la question de la rentabilité. Avec l’accès à l’assurance emprunteur sans questionnaire médical pour les prêts inférieurs à 200 000 €, le risque de sinistres augmente. Pourtant, le ratio sinistres/primes reste raisonnable (autour de 50 %), bien inférieur à d’autres branches comme l’auto ou la santé. Pour que le modèle reste pérenne, assureurs et banques doivent affiner leur tarification et leur sélection des risques. Certains craignent une segmentation excessive, où seuls les meilleurs profils bénéficient des offres les plus avantageuses, remettant en cause la logique de mutualisation des risques en assurance emprunteur. Ce qu’il faut retenir Le contrat bancaire garde l’avantage de la simplicité et de l’intégration directe à l’offre de prêt. Il reste compétitif pour certains profils, notamment en cas de conditions négociées. En revanche, les contrats individuels se révèlent nettement plus économiques pour deux tiers des emprunteurs, surtout ceux qui prennent le temps de comparer les offres et d’optimiser leur couverture.

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Lunettes et appareils auditifs : vers une baisse des remboursements des mutuelles ?

Face à une situation financière tendue, les complémentaires santé envisagent de réduire leur prise en charge des équipements optiques et auditifs. Cette décision pourrait remettre en question les acquis de la réforme du 100% Santé et impacter directement le budget des Français. Une pression financière croissante sur les mutuelles Les complémentaires santé traversent une période difficile. Confrontées à une augmentation constante des dépenses de santé et à l'impact de la réforme du 100% Santé, elles tirent la sonnette d'alarme. Selon la Mutualité Française, qui regroupe 233 mutuelles représentant près de 35 millions d'assurés, la situation est devenue intenable. Les mutuelles enregistrent un déficit technique depuis plusieurs années suite aux divers désengagements de l’Assurance Maladie et à la mise en place du dispositif 100% Santé. Elles versent davantage de prestations aux adhérents qu’elles ne perçoivent de cotisations. Vers une remise en question des acquis du 100% Santé Mise en place progressivement entre 2019 et 2021, la réforme du 100% Santé ou reste à charge zéro vise à permettre aux Français d'accéder à des soins et équipements sans débourser un centime dans 3 domaines : l'optique : lunettes de vue (montures et verres toutes corrections) ; les lentilles ne sont pas concernées.  le dentaire : prothèses dentaires (couronnes, bridges, dentiers) l'audiologie. Les contrats de mutuelle responsable sont obligés d’appliquer cette réforme conformément à leur cahier des charges réglementaire. Les offres d’entrée de gamme se limitent à la prise en charge du panier 100% Santé. Pour bénéficier d’une couverture élargie des dépenses sur ces 3 postes onéreux, il faut tabler sur les contrats avec des garanties renforcées. La réforme du 100% Santé a considérablement amélioré l'accès aux soins, particulièrement pour les appareils auditifs qui peuvent coûter jusqu’à 1 500€ par oreille. Un marché opportuniste en optique et audiologie En effet, selon les chiffres de l'Assurance Maladie, le nombre de personnes appareillées a presque doublé depuis la mise en place de la réforme, passant de 447 000 en 2019 à 790 000 en 2022. Cette augmentation significative reflète un besoin réel mais génère également des coûts supplémentaires pour les mutuelles. Elle témoigne également de l'émergence d'audioprothésites qui ont vu dans le dispositif un moyen de s'enrichir facilement. Éric Chenut, le président de la Mutualité Française, fustige par ailleurs l’impressionnante densité du marché de l’optique, soit 13 000 magasins en France, autant qu’aux USA, pour une population 5 fois moindre. Cela illustre l'existence d’un véritable business juteux en partie généré par les défaillances du système de santé, qui prospère sur le dos des mutuelles santé. Quels sont les ajustements envisagés pour préserver l'équilibre financier des mutuelles ? Pour faire face à ces difficultés financières, la Mutualité Française propose plusieurs pistes d'action : Révision du panier 100% Santé Les mutuelles souhaitent revoir le périmètre des prestations intégralement prises en charge, en ciblant notamment les lunettes et les appareils auditifs. La monture de lunettes serait prise en charge à 30€ au lieu de 100€ aujourd’hui. Adaptation de la fréquence de renouvellement Actuellement, les lunettes peuvent être renouvelées tous les 2 ans avec un remboursement intégral. Les mutuelles envisagent un renouvellement tous les 3 ans pour réduire leurs dépenses. Même solution pour les prothèses auditives qui seraient prises en charge au rythme d’une fois tous les 5 ans au lieu de 4 actuellement. Modification des plafonds de prise en charge Pour les équipements hors panier 100% Santé, les complémentaires santé prévoient de diminuer les plafonds de remboursement. Ces mesures sont présentées comme nécessaires pour préserver l'équilibre économique du système. Elles permettraient de réduire les primes de l’ordre de 20% à 25% pour un contrat qui présenterait toutefois une couverture minimale. À l’inverse, si rien n'est fait, les cotisations des adhérents pourraient augmenter de manière significative en 2026. Rappelons que la hausse des tarifs de mutuelle santé en 2025 s’établit en moyenne autour de 7%, après les 10% appliqués en 2024. Un impact direct pour les assurés Si ces propositions sont mises en œuvre, les conséquences pour les Français seront significatives. Les assurés devront potentiellement : Patienter plus longtemps avant de pouvoir renouveler leurs équipements avec une prise en charge complète Assumer un reste à charge plus important pour les équipements hors panier 100% Santé Faire face à des hausses de cotisations si les économies réalisées ne suffisent pas à rétablir l'équilibre financier des mutuelles Cette situation pourrait particulièrement affecter les personnes aux revenus modestes qui, sans une prise en charge adéquate, pourraient être contraintes de renoncer à certains soins ou équipements. Bon à savoir : si vos revenus sont modestes ou très modestes, vous êtes peut-être éligible à la Complémentaires Santé Solidaire (CSS ou C2S). Ce dispositif vous donne accès à une mutuelle gratuite ou moyennant une participation forfaitaire minime. Ce type de contrat applique le cahier des charges des mutuelles dites responsables. Vers un nouvel équilibre entre accessibilité et soutenabilité du système de santé Le débat autour des remboursements des lunettes et appareils auditifs illustre la difficulté à concilier 2 impératifs :  garantir l'accès aux soins pour tous  assurer la viabilité économique du système de protection sociale. La recherche d'un nouvel équilibre s'impose comme une nécessité. Elle impliquera probablement des compromis de la part de tous les acteurs concernés : pouvoirs publics, complémentaires santé, professionnels de santé et patients. Quelles que soient les décisions prises, elles devront tenir compte de la réalité sociale du pays et de l'importance cruciale de l'accès aux soins pour la santé publique. Les discussions qui s'engagent aujourd'hui détermineront pour une large part le visage de notre système de protection sociale dans les années à venir. En attendant, les Français concernés par le renouvellement prochain de leurs lunettes ou appareils auditifs pourraient avoir intérêt à ne pas trop tarder pour bénéficier des conditions actuelles de remboursement, avant que les éventuelles restrictions n'entrent en vigueur.