La réglementation en matière d’assurance emprunteur a évolué radicalement en 2022 grâce aux dispositions prévues par la loi Lemoine. Certains profils échappent à la sélection médicale par la suppression du questionnaire de santé. Les banques comme les assureurs ont obligation de respecter cette mesure, mais les établissements de crédit restent libres d’accepter ou de refuser de financer un projet immobilier.
Loi Lemoine : accéder à l’assurance emprunteur sans sélection médicale
Le couperet du questionnaire de santé
La souscription à l’assurance de prêt passe nécessairement par des formalités médicales :
- Questionnaire de santé simplifié ou plus complet selon les antécédents médicaux
- Examens complémentaires éventuels si risques élevés (pathologie préexistante à la souscription, montant emprunté important, âge)
En présence de risques accrus de santé, l’emprunteur peut faire valoir la convention Aeras (s’Assurer et Emprunter avec un Risque Aggravé de Santé). Ce dispositif est opposable aux banques et aux assureurs, et permet d’accéder à une assurance emprunteur à des conditions spécifiques selon la pathologie concernée :
- avec ou sans surprime
- surprime plafonnée
- avec ou sans exclusion de garanties
- écrêtement des primes pour les emprunteurs de moins de 35 ans.
La sélection médicale opérée par le questionnaire de l’assurance peut être rédhibitoire :
- prime trop chère
- exclusions de garantie qui diminuent la protection
- refus d’assurance si le niveau de risque est trop élevé.
Suppression du questionnaire médical
La loi Lemoine entrée en vigueur en juin 2022 constitue une avancée majeure pour les emprunteurs stigmatisés par leur historique de santé. Sous réserve de respecter les 2 conditions suivantes, vous ne remplissez pas de questionnaire de santé, et ce, quel que soit votre historique médical :
- Le montant du prêt immobilier est inférieur ou égal à 200 000€.
- Le prêt est remboursé avant votre 60ème anniversaire.
Le texte réglementaire précise que l’assureur ne peut rechercher aucune information relative à l’état de santé de l’assuré ni demander d’examen médical si ces 2 limites sont respectées.
La banque prêteuse propose systématiquement son offre d’assurance emprunteur. Si elle l’assortit d’un questionnaire de santé, vous êtes en droit de le refuser.
Sachez par ailleurs que vous êtes libre de choisir votre assurance de prêt (loi Lagarde). En déléguant le contrat à un prestataire externe, vous pouvez faire de grosses économies comparativement à la formule groupe bancaire.
En utilisant un comparateur d’assurance de prêt immobilier, vous accédez rapidement et gratuitement à plus d’une dizaine d’offres alternatives à souscrire sans questionnaire de santé. Avec l’aide d’un courtier, vous sélectionnez l’assurance la plus compétitive, en adéquation avec vos besoins.
Que devient l’assurance en cas d’évolution de l’état de santé ?
L’immense majorité des contrats d’assurance emprunteur présentent des conditions irrévocables : une fois souscrit, les garanties et le tarif négocié sont maintenus, quelle que soit l’évolution des risques que vous incarnez.
Si vous souffrez d’une maladie chronique comme l’hypertension ou le diabète au moment de la souscription de votre assurance sans questionnaire de santé, vous êtes couvert même s’il y a aggravation de votre état de santé.
Attention toutefois aux exclusions du contrat d’assurance. Certains prestataires ajoutent une clause qui exclut les suites et conséquences de toute maladie diagnostiquée antérieurement à la date d’effet des garanties. On voit ici l’effet boomerang de l’assurance sans questionnaire de santé.
Quelles sont les raisons principales de refus d'un prêt immobilier par les banques ?
Si les banques sont obligées d’appliquer la loi Lemoine quant à la suppression de la sélection médicale sous certaines conditions, elles ont en revanche toute latitude de refuser de vous octroyer le financement. Si l’on voulait être tatillon, on pourrait ajouter que votre banque peut déceler sur votre compte vos dépenses et remboursements de santé et en déduire que vous présentez des risques qu’elle n’est pas prête à couvrir.
Plus généralement, les motifs de refus de crédit immobilier portent avant tout sur des critères financiers.
Taux d'endettement inadapté
Les banques appliquent un critère strict : le taux d'endettement ne doit pas dépasser 35% des revenus nets avant impôt, assurance comprise (règles du HCSF). Un dépassement de ce seuil constitue un motif de refus immédiat, même pour un candidat ayant une situation professionnelle stable.
Revenus insuffisants ou instables
L'évaluation porte sur :
- la régularité et la pérennité des revenus
- le niveau de rémunération
- l'ancienneté dans l'emploi
Un profil professionnel considéré comme précaire (CDD, période d'essai, intérim) augmente significativement les risques de refus.
Profil de risque bancaire
Plusieurs éléments sont rédhibitoires :
- incidents de paiement
- découverts répétés
- crédits en cours non maîtrisés
- fichage à la Banque de France
- achats compulsifs
- jeux en ligne et de casino
Apport personnel insuffisant
Les établissements bancaires exigent généralement un apport représentant :
- 10% à 20% du montant total du projet
- une capacité à démontrer une épargne constituée
Une épargne de précaution post-crédit est demandée en plus de l’apport personnel.
Facteurs liés au bien immobilier
Les banques évaluent :
- la localisation du bien
- son état général
- sa valeur vénale
- les potentiels travaux nécessaires
La réglementation européenne du crédit demande aux banques de réaliser une expertise du bien immobilier (frais à la charge de l’emprunteur, ajoutés au TAEG).
Durée de prêt excessive
Les banques ont pour obligation de limiter la durée de remboursement à 25 ans (autre règle du HCSF). Si, pour respecter le taux d’endettement, vous devez emprunter au-delà de la norme, votre demande de financement est refusée.
La durée maximale peut aller jusqu’à 27 ans en cas d’achat dans le neuf (VEFA) ou dans l’ancien avec travaux de rénovation d’un montant au moins équivalent à 10% de l’opération.
Autres critères de refus
- Âge de l'emprunteur
- Au-delà de 65-70 ans
- Proche de la retraite
- Sans garanties complémentaires
- Absence de garanties
- Caution insuffisante
- Pas de co-emprunteur
- Garanties hypothécaires limitées
Il existe néanmoins des stratégies de contournement. Pour améliorer ses chances, voici nos conseil :
- Consolidez votre dossier financier
- Présentez des garanties solides
- Comparez les offres bancaires
- Proposez un apport personnel conséquent
- solliciter les services d’un courtier spécialisé en crédit et assurance
La négociation et la préparation sont essentielles pour maximiser vos probabilités d'obtention de prêt immobilier, indépendamment du fait que vous échappez à la sélection médicale en assurance emprunteur.