PER ou assurance vie ?
L’assurance vie figure en tête des produits de placement préférés des Français pour préparer sa retraite. Depuis octobre 2019, le PER ou Plan d’Épargne Retraite concurrence l’assurance vie en s’appuyant sur de solides arguments. Issu de la loi Pacte, le PER est plus souple et plus accessible que les produits d’épargne précédents. Faut-il pour autant mettre de côté l’assurance vie ? Magnolia.fr refait le match entre PER et assurance vie.
PER et assurance vie : les points communs
L'assurance vie et le Plan d'Épargne Retraite (PER) sont deux produits financiers qui présentent plusieurs similitudes, bien qu'ils répondent à des objectifs différents. Ces deux solutions d'épargne sont prisées par les épargnants pour diverses raisons, notamment pour la constitution d'un capital, la préparation de la retraite ou la transmission de patrimoine.
- Avantages fiscaux
Les deux produits bénéficient d'avantages fiscaux attrayants. En effet, les gains générés par l'assurance vie sont exonérés d'impôt sur le revenu lorsqu'ils restent dans le contrat. Il est par ailleurs possible d’être exonéré d’impôts lors du retrait ou de la clôture d’une assurance vie dans certains cas (licenciement, mise à la retraite anticipée, invalidité de catégorie 2 ou 3, cessation d’activité suite à une liquidation judiciaire).
Les versements effectués sur un PER sont déductibles du revenu imposable, ce qui permet de réduire l'assiette fiscale. De plus, les capitaux issus d'un PER sont soumis à la fiscalité de la retraite, généralement plus avantageuse que celle des revenus du travail.
- Flexibilité de gestion
Tant l'assurance vie que le PER offrent une grande flexibilité en termes de versements et de gestion de l'épargne. Dans un contrat d’assurance vie, l'investisseur peut choisir entre différents supports d'investissement tels que des fonds en euros sécurisés ou des unités de compte plus dynamiques, en passant par les SCPI (Sociétés Civiles de Placement Immobilier).
Le PER permet de sélectionner parmi une gamme de placements diversifiée, allant des fonds en euros aux actions plus volatiles. Cette diversification permet d'adapter l'épargne aux objectifs et au profil de risque de l'investisseur. Pour les deux contrats, les versements sont libres en termes de montant comme de régularité.
- Transmission du patrimoine
L'assurance vie comme le PER sont des outils efficaces pour la transmission du patrimoine. Dans le cadre de l'assurance vie, le souscripteur a la possibilité de désigner un bénéficiaire en cas de décès, qui recevra les capitaux investis hors du cadre de la succession.
Avec le PER, il est possible de désigner un bénéficiaire en cas de décès pour percevoir les capitaux restants (rente de réversion). Ces dispositions permettent de transmettre un capital dans des conditions fiscales avantageuses, tout en protégeant les proches.
- Épargne à long terme
Les deux produits sont destinés à une épargne à long terme, que ce soit pour la constitution d'un capital ou la préparation de la retraite. L'assurance vie, avec son cadre fiscal avantageux et sa souplesse de gestion, est souvent utilisée comme un outil d'épargne sur le long terme.
Le PER est spécifiquement conçu pour préparer la retraite en constituant un capital tout au long de la vie active, grâce aux versements réguliers effectués pendant cette période.
- Modes de sortie
Le déblocage du PER peut se faire sous forme de capital, de rente viagère ou en sortie mixte (panachage capital et rente). L’assurance vie permet une sortie en capital ou en rente viagère. Le retrait de l’intégralité du capital entraîne la fermeture de votre contrat d’assurance vie. Selon la modalité de sortie choisie, s’appliquent des règles fiscales spécifiques.
Disponibilité de l’épargne : le point divergent entre PER et assurance vie
La différence majeure entre le PER et l’assurance vie est la disponibilité de l’épargne. Vous pouvez effectuer des retraits de votre contrat d’assurance vie à tout moment. En fonction de la durée d’investissement des primes versées, vous êtes plus ou moins imposé.
Fiscalité des gains (intérêts et plus-values) avant le 27 septembre 2017
Durée d’investissement des versements |
Imposition |
Entre 0 et 4 ans |
Déclaration impôt sur le revenu ou PFL au taux de 35 % + prélèvements sociaux au taux de 17,2 % |
Entre 4 et 8 ans |
Déclaration impôt sur le revenu ou PFL au taux de 15 % + prélèvements sociaux au taux de 17,2 % |
Plus de 8 ans |
Déclaration impôt sur le revenu ou PFL au taux de 7,5 % + prélèvements sociaux au taux de 17,2 % |
Fiscalité des gains près le 27 septembre 2017
Durée d’investissement des versements |
Imposition |
Entre 0 et 8 ans |
Prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30% |
Plus de 8 ans avec primes versées inférieures à 150 000 euros |
Prélèvement forfaitaire de 7,5 % + prélèvements sociaux de 17,2 % |
Plus de 8 ans avec primes versées supérieures à 150 000 euros |
Prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30% |
Après 8 années de détention, vous bénéficiez d’un abattement annuel de 4 600 € (9 200 € pour un couple) sur vos gains lors des rachats.
Un des inconvénients du PER est le déblocage de l’épargne uniquement au moment de la retraite, la finalité du contrat étant la constitution d’une épargne destinée à compléter la pension de retraite. Il existe toutefois des situations de déblocage anticipé, comme le décès du conjoint ou l’achat de la résidence principale.
Assurance vie : davantage de souplesse pour tous les projets
Compte tenu d’une totale disponibilité de l’épargne, l’assurance vie se prête à tout type de projets. En fonction des besoins du moment, vous pouvez disposer de votre épargne pour financer par exemple des travaux de rénovation de votre logement, les études de vos enfants, l’achat d’équipement pour la maison. Même sans projet précis, vous êtes libre de disposer de votre assurance vie.
La fiscalité de l’assurance vie abonde dans ce sens : les rachats partiels après 8 années de détention sont exonérés d’impôts dans la limite de 4 600€ pour une personne seule et 9 200€ pour un couple.
PER : objectif retraite
Comme son nom l’indique, le PER est un produit spécifiquement dédié à la retraite, contrairement à l’assurance vie qui répond à divers objectifs. Si vous optez pour la gestion pilotée, votre épargne est investie dans le capital des entreprises (actifs boursiers), mais elle est progressivement sécurisée à mesure que la retraite approche.
Sachez par ailleurs que vous pouvez transférer l’intégralité de l’épargne détenue sur d’autres plans retraite (PERP, Madelin, Préfon, Corem, Perco, article 83) sur votre PER, ce qui en simplifie la gestion et optimise le rendement.
L’autre point fort du PER est sa fiscalité. Vous pouvez opter pour la déduction sur le revenu imposable des versements ou préférer attendre la sortie du plan pour bénéficier d’une fiscalité plus avantageuse. La fiscalité applicable au déblocage des fonds dépend du mode de sortie choisi lors de la souscription :
Mode de sortie du PER |
Déduction sur le revenu imposable des versements |
Non-déduction sur le revenu imposable des versements |
Sortie en capital |
La part des versements déduits est soumise à l’IR. La part des gains est soumise au PFU* de 30%. |
Seule la part correspondant aux gains est soumise au PFU de 30%. |
Sortie en rente viagère |
La rente est soumise à l’IR dans la catégorie pensions et retraites après un abattement de 10%, et assujettie aux prélèvements sociaux sur la quote-part de la rente correspondant aux versements volontaires (après abattement entre 30% et 70% selon l’âge lors du premier versement). |
La partie de la rente imposable à IR correspond au montant de la rente réduit d'un abattement de 30% à 70% selon l’âge. La partie de la rente correspondant aux gains est soumise aux prélèvements sociaux au taux de 17,2%. |
*Prélèvement Forfaitaire Unique
Si le PER permet de réduire ses impôts à l’entrée, ce que l’assurance vie n’autorise pas, l’avantage va à l’assurance vie en sortie. Après 8 ans de détention, les gains et intérêts d’une assurance vie sont soumis au barème de l’impôt progressif ou au PFU après un abattement annuel de 4 600€ ou 9 200€.
Pour optimiser la fiscalité en sortie, il est donc recommandé de ne pas déduire les versements sur un PER à l’entrée. Tout dépend du taux marginal d’imposition (TMI) durant la vie du plan et celui à la retraite. Pour minimiser l’impact fiscal en sortie, vous pouvez effectuer une sortie en capital fractionnée : une fois que vous avez atteint l’âge de la retraite permettant une sortie à l’échéance, vous effectuez des retraits sur le mode des retraits partiels de l’assurance vie. Cela évite de toucher une somme importante en une seule fois avec le risque de basculer vers une TMI supérieure.
Succession : avantage à l’assurance vie
L'assurance vie est souvent considérée comme un outil de transmission de patrimoine grâce à ses avantages fiscaux et à sa facilité de succession. Les capitaux versés en cas de décès du souscripteur sont généralement exonérés de droits de succession dans la limite de certains seuils. Le conjoint ou le partenaire pacsé est exonéré de droits de succession, ainsi que les frères et sœurs de l’assuré, sous réserve d’être célibataires, âgés de plus de 50 ans ou invalides, et de résider sous le toit de l’assuré durant les 5 années précédant son décès.
Pour les autres héritiers ou les tiers désignés, les règles sont complexes et dépendent de 3 critères :
- La date de souscription du contrat (avant ou après le 20 novembre 1991)
- L’âge du souscripteur au moment du versement des primes (avant ou après 70 ans)
- La date de versement des primes (avant ou après le 13 octobre 1998).
Date de souscription |
Primes versées avant le 13 octobre 1998 |
Primes versées après le 13 octobre 1998 |
Avant le 20/11/1991 |
Exonération |
Abattement de 152 500€ Prélèvement de 20% au-delà |
Entre le 20/11/1991 et le 12/10/1998 |
Exonération des primes versées avant 70 ans Droits de succession sur les primes versées après 70 ans après abattement de 30 500€ |
Primes versées avant 70 ans : abattement de 152 500€, prélèvement de 20% entre 152 500€ et 700 000€, et 31,50% au-delà Primes versées après 70 ans : abattement de 30 500€ |
Depuis le 13/10/1998 |
|
Primes versées avant 70 ans : abattement de 152 500€, prélèvement de 20% entre 152 500€ et 700 000€, et 31,50% au-delà Primes versées après 70 ans : abattement de 30 500€ |
Les abattements valent pour l’ensemble des bénéficiaires.
Dans le cadre du PER, la fiscalité est moins avantageuse car elle diffère selon la date de décès du souscripteur :
- décès avant 70 ans : exonération des droits de succession pour le conjoint ou le partenaire pacsé ; prélèvement de 20% jusqu’à 700 000€ après abattement de 152 500€ pour tout autre bénéficiaire (31,50% au-delà de 700 000€)
- décès après 70 ans : droits de succession selon le degré de parenté du bénéficiaire ; application d’un abattement de 30 500€ à partager pour l’ensemble des bénéficiaires sur la totalité des contrats d’épargne.
Le match PER/assurance vie
C’est un match où il n’y a ni gagnant ni perdant car les deux produits sont complémentaires et répondent à un objectif commun : investir pour améliorer ses revenus. On peut cependant dégager les points forts et les points faibles de chaque placement :
Type de produit |
Points forts |
Points faibles |
Assurance vie |
Disponibilité de l’épargne à tout moment
|
|
PER |
Possibilité de déduction fiscale des versements Transfert d’anciens plans de retraite
|
|
Une règle d’or prévaut : diversifier ses placements. En investissant dans un PER et un contrat d’assurance vie, vous optimisez votre patrimoine en combinant les atouts de ces deux produits financiers dont la finalité reste la même : se constituer une épargne pour l’avenir.