Arrêt maladie : comment toucher 100 % de votre salaire ?
L’arrêt maladie est une situation fréquente dans le monde du travail, souvent imprévisible et source d’inquiétudes financières pour les salariés. Lorsqu’un problème de santé empêche temporairement un employé de poursuivre son activité professionnelle, une question se pose immédiatement : vais-je continuer à toucher mon salaire en totalité ?
En 2025, entre indemnités journalières de la Sécurité sociale, compléments de l’employeur, garanties prévoyance et dispositifs de mutuelle, différents leviers permettent effectivement d’atteindre une couverture allant jusqu’à 100 % du salaire. Encore faut-il connaître les bonnes conditions, les droits applicables à votre statut et les démarches à entreprendre.
Cet article fait le point complet sur les mécanismes existants pour compenser la perte de revenus en cas d’arrêt maladie, les règles de calcul, les aides cumulables et les solutions préventives pour ne pas subir une chute brutale de revenus.
L’objectif est de vous aider à identifier les conditions qui vous permettront de maintenir votre pouvoir d’achat en cas d’arrêt de travail, que vous soyez salarié du privé, fonctionnaire, intérimaire ou travailleur indépendant.
Les trois leviers à activer pour toucher 100 % de votre salaire
Obtenir une compensation intégrale ne se fait pas automatiquement. Il faut combiner différents dispositifs, souvent méconnus ou sous-utilisés. Voici les trois piliers à articuler intelligemment pour ne pas perdre un euro pendant votre arrêt maladie.
Un socle indispensable : les indemnités journalières de la Sécurité sociale (IJSS)
Les IJSS constituent la première brique du maintien de salaire. Elles sont versées par l’Assurance Maladie à compter du 4ᵉ jour d’arrêt et correspondent à 50 % de votre salaire journalier de base dans la limite d’un plafond fixé à 52,33 € par jour en 2024.
En pratique, cela signifie qu’à partir d’un revenu net mensuel d’environ 3 100 €, le plafond est atteint et la compensation partielle. Les IJSS ne couvrent donc jamais l’intégralité de votre salaire, même pour un revenu moyen.
À retenir : Elles sont essentielles, mais insuffisantes. Elles nécessitent d’être complétées pour atteindre 100 %. |
Le complément employeur : un droit encadré par la loi… et dopé par votre convention collective
C’est l’employeur qui constitue le deuxième pilier de votre revenu en arrêt maladie. Selon le Code du travail (article L1226-1), tout salarié avec au moins un mois d’ancienneté bénéficie, sous conditions, d’un complément de salaire qui s’ajoute aux IJSS.
Ce complément débute généralement après le délai de carence de 3 jours, est versé pendant une durée progressive, selon l’ancienneté, et porte la rémunération à 90 % du salaire brut pendant les 30 premiers jours d’arrêt, puis 66,66 % du 31ᵉ au 90ᵉ jour.
Ce que beaucoup de salariés ignorent pourtant, c’est que certaines conventions collectives peuvent largement améliorer le simple cadre légal. Elles prévoient souvent des dispositifs de maintien de salaire bien plus avantageux que les seuls IJSS. Quelques exemples parlants :
- Banque : 100 % du salaire maintenu pendant 6 mois, dès le début de l'arrêt.
- Fonction publique : traitement intégralement conservé dès le 1er jour, selon le statut et la nature de l’arrêt.
- BTP, métallurgie : maintien total du salaire possible, sous condition d’ancienneté suffisante.
Relisez votre convention collective ou consultez les ressources humaines de votre entreprise. C’est souvent là que se joue la différence entre 70 %… et 100 % de votre salaire.
Une garantie précieuse : la prévoyance collective ou individuelle
Dernière marche à gravir pour atteindre le 100 % : la prévoyance. Elle vient compléter ce que ni la Sécurité sociale, ni l’employeur ne couvrent entièrement. Deux cas de figure :
Prévoyance collective
Votre entreprise a souscrit un contrat groupe. Ce contrat, généralement géré par la mutuelle d’entreprise ou un assureur partenaire, prend le relais du complément employeur pour combler le reste à charge.
Prévoyance individuelle
Si vous êtes travailleur indépendant, salarié d’une TPE non couverte ou si vous souhaitez une protection sur-mesure, vous pouvez souscrire à titre personnel une assurance prévoyance.
Mais attention, tous les contrats ne se valent pas. Avant de compter sur cette garantie, posez-vous les bonnes questions :
- Le contrat garantit-il bien un maintien à 100 % ?
- Quel est le délai de carence (certains contrats attendent 30, 60 ou 90 jours avant de verser quoi que ce soit) ?
- Quels sont les plafonds de prise en charge ?
- Y a-t-il des exclusions (activités à risque, maladies antérieures, etc.) ?
Certains contrats permettent une simulation du maintien de revenus. Utilisez ces outils pour évaluer précisément ce que vous toucheriez… et ajustez vos garanties si c’est nécessaire.
Exemple concret pour atteindre 100 % du salaire
Prenons l’exemple de Claire, salariée dans le secteur bancaire, avec un salaire brut mensuel de 3 000 €. Voyons comment elle parvient à maintenir l'intégralité de son salaire pendant son arrêt maladie.
1. Indemnités journalières de la Sécurité sociale (IJSS)
Claire perçoit environ 50 % de son salaire journalier de base, soit environ 50 € par jour, plafonné à 52,33 €. Sur un mois, cela représente environ 1 570 € brut.
2. Complément employeur (convention bancaire avantageuse)
Sa convention collective prévoit un maintien à 100 % du salaire pendant 90 jours. Son employeur complète donc la différence entre les IJSS et son salaire, soit 1 430 € supplémentaires.
3. Prévoyance collective
Dans son cas, aucune intervention nécessaire : la convention bancaire couvre déjà l’intégralité de la perte de revenu. Si l’accord avait été moins généreux, une prévoyance aurait pu prendre le relais.
Grâce à la combinaison des IJSS et de sa convention collective, Claire perçoit 100 % de son salaire brut (3 000 €) tout au long de son arrêt maladie.
Le maintien à 100 % repose sur ces trois piliers complémentaires :
- Les IJSS : versées par la Sécurité sociale.
- Le complément employeur ou conventionnel : qui peut compléter partiellement ou totalement vos revenus selon votre ancienneté et votre convention.
- La prévoyance (collective ou individuelle).
Si l’un de ces trois éléments fait défaut, le maintien à 100 % est compromis. C’est pourquoi une analyse de votre situation personnelle est indispensable pour éviter les mauvaises surprises en cas de coup dur.
Quelles combinaisons permettent réellement de toucher 100 % de son salaire en arrêt maladie ?
Atteindre un maintien de salaire total pendant un arrêt maladie dépend dedifférents facteurs combinés : statut professionnel, ancienneté, protection conventionnelle et couverture prévoyance. Voici les cas les plus fréquents :
Situation |
IJSS (Indemnités journalières de la Sécurité sociale) |
Complément employeur |
Prévoyance |
Salaire maintenu ? |
Salarié en CDI, avec ancienneté et convention favorable |
Oui (selon plafond Sécu) |
Oui, souvent jusqu’à 100 % |
Pas toujours nécessaire |
Oui, tant que la période de maintien prévue est couverte |
Salarié sans prévoyance ni convention favorable |
Oui |
Partiel (souvent autour de 66 %) |
Non couvert |
Non : Perte de revenus fréquente |
Fonctionnaire |
Oui, système spécifique (congé maladie ordinaire, CLM) |
Pas de complément formel |
Parfois (surtout pour longue durée) |
Oui, en général, traitement maintenu sous conditions |
Indépendant avec prévoyance individuelle |
Via la SSI |
Aucun employeur pour compenser |
Oui, selon le contrat souscrit |
Oui, si la prévoyance est bien calibrée |
Quand est-ce que vous ne touchez pas 100 % ?
Même avec les dispositifs légaux et complémentaires, il existe des cas où votre revenu ne sera pas intégralement maintenu. Voici les principaux écueils à anticiper.
Pas de prévoyance (ou une couverture insuffisante)
Si vous ne bénéficiez d’aucun contrat de prévoyance (ni individuel, ni collectif) ou si celui en place ne couvre qu’une fraction du salaire (ex : 60 %), vous resterez en dessous des 100 %, même en cumulant IJSS et complément employeur.
Un contrat qui ne complète qu’à hauteur de 70 % du brut par exemple vous laisse un reste à charge non négligeable.
Convention collective peu avantageuse
Certaines conventions n’imposent aucun complément au-delà des obligations légales. Résultat : après 30 jours à 90 %, vous passez à 66,66 % du brut et parfois moins selon l’ancienneté. Sans prévoyance, la perte de revenu est immédiate.
C’est le cas des secteurs du BTP ou du commerce où les accords d’entreprise peuvent être moins protecteurs.
Arrêt longue durée : fin de droits et épuisement des plafonds
Les IJSS cessent au bout de 360 jours d’arrêt sur 3 ans (sauf ALD) et les compléments employeur ont une durée limitée. Les contrats de prévoyance, eux, appliquent des plafonds (mensuels ou annuels) ou des délais de carence plus longs en cas de pathologies récurrentes.
Résultat : si votre arrêt se prolonge, le cumul des dispositifs peut s’interrompre et provoquer une chute brutale de revenu. |
Non-respect des conditions administratives
Des erreurs ou des retards peuvent entraîner la suspension temporaire ou la réduction des indemnités :
- Délai de déclaration non respecté (48h pour l’arrêt maladie),
- Certificat médical incomplet,
- Oubli de prévenir la complémentaire santé.
Même si vous êtes couvert, l’oubli d’une étape peut bloquer les versements.
Comment prévenir une perte de salaire en cas d’arrêt maladie ?
Toucher 100 % de son salaire en arrêt maladie ne dépend pas uniquement de la Sécurité sociale ou de l’employeur : c’est aussi une question d’anticipation personnelle. Voici les leviers à activer avant que la situation ne survienne.
Passez au crible votre convention collective et votre contrat de travail
Votre premier réflexe doit être de vérifier si votre employeur complète les IJSS. À quel taux ? Pendant combien de temps ? Certaines conventions garantissent un maintien intégral du salaire dès le 1er jour d’arrêt. D’autres se limitent strictement au minimum légal.
Interrogez votre service RH sur l’existence d’une prévoyance collective
Si vous êtes salarié, votre entreprise a peut-être souscrit un contrat de prévoyance. Ce contrat peut compléter vos revenus en cas d’arrêt prolongé.
Cherchez à connaître :
- Le niveau de garantie (80 %, 90 %, 100 % du salaire ?),
- Le délai de carence (nombre de jours avant le versement),
- La durée de couverture.
En l’absence de contrat collectif, une solution individuelle s’impose.
Souscrivez une prévoyance individuelle si besoin
C’est indispensable si vous êtes indépendant, intérimaire, en CDD ou salarié sans contrat de prévoyance d’entreprise. Choisissez un contrat avec peu ou pas de délai de carence, couvrant jusqu’à 100 % de votre salaire net et avec des plafonds cohérents avec vos revenus.
Respectez les démarches et délais légaux en cas d’arrêt
Une fois l’arrêt prescrit, déclarez-le à la CPAM sous 48 heures. Prévenez également votre employeur et, si besoin, votre mutuelle ou assureur.
Gardez précieusement tous les justificatifs (arrêt de travail, bulletins de salaire, courriers) et n’oubliez pas qu’une déclaration hors délai peut entraîner une perte de plusieurs jours d’indemnisation.
Simulez une perte de revenus pour anticiper les impacts
Faites une simulation de vos revenus en arrêt maladie, avec et sans prévoyance. Cela vous permettra de mesurer concrètement l’écart et d’adapter votre protection.
Mieux vaut une cotisation mensuelle maîtrisée qu’un gouffre financier en cas de coup dur. En moyenne, sans complément, vous perdez entre 30 et 40 % de vos revenus pendant un arrêt prolongé.
Compléter ses revenus en arrêt maladie : quelles solutions ?
Lorsque les indemnités de base ne suffisent pas à couvrir l’intégralité de votre salaire, il devient essentiel d’explorer des solutions complémentaires pour éviter une baisse de revenus. Plusieurs dispositifs existent, en entreprise et à titre individuel.
La prévoyance collective : une protection souvent méconnue, mais précieuse
De nombreuses entreprises proposent à leurs salariés une prévoyance collective qui prend le relais des indemnités journalières de la Sécurité sociale (IJSS) et complète le salaire. Cette protection est parfois obligatoire dans certaines branches professionnelles ou négociée via des accords d’entreprise.
Ce qu’elle couvre :
- Un complément de revenu qui permet d’atteindre jusqu’à 100 % du salaire brut pendant un temps défini.
- Une prise en charge partielle ou totale après l’expiration du complément employeur.
La prévoyance individuelle : une solution sur mesure
Si votre employeur ne propose pas de prévoyance ou si vous êtes travailleur non salarié (TNS), une prévoyance individuelle peut combler le manque à gagner. C’est vous qui choisissez les garanties, les montants à assurer et les conditions (carence, franchise, exclusions).
Ce qu’il faut examiner avant de souscrire :
- Le taux de couverture (ex. : 60 %, 80 %, 100 %),
- Les délais de carence avant indemnisation,
- Les plafonds d’indemnisation,
- Les exclusions contractuelles (ex. : pathologies préexistantes).
Important : Plus vous souscrivez tôt (jeune, en bonne santé), plus les cotisations seront faibles et les garanties solides. |
Les mutuelles santé : des aides ponctuelles ou des options prévoyance
Certaines mutuelles santé incluent dans leurs garanties des aides complémentaires en cas d’arrêt maladie : prise en charge de certains frais de santé, forfaits journaliers, voire soutien au revenu en cas d’arrêt longue durée.
Vérifiez votre contrat pour identifier :
- L’existence d’une aide financière liée à un arrêt de travail,
- Les services d’accompagnement, comme l’aide à domicile ou la téléconsultation.
Cumuler certaines aides pour optimiser sa couverture
En arrêt maladie, vous pouvez cumuler différents dispositifs afin de compenser totalement ou partiellement la baisse de vos ressources :
- IJSS + complément employeur + prévoyance collective,
- IJSS + prévoyance individuelle (si indépendant ou en entreprise sans accord),
- IJSS + aide mutuelle + économies personnelles.
Attention à ne pas dépasser votre salaire net de référence, car certains contrats plafonnent l’ensemble des versements cumulés.
Les démarches à suivre pour obtenir le maintien de salaire
Pour bénéficier d’un complément de salaire ou activer vos garanties prévoyance, certaines formalités administratives doivent être respectées dans les temps. Voici les étapes clés pour éviter les mauvaises surprises :
Déclarer votre arrêt maladie dans les délais impartis
Vous avez 48 heures pour transmettre votre arrêt à votre caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) et à votre employeur. Le non-respect de ce délai peut retarder ou suspendre le versement de vos IJSS.
Ce que vous devez faire :
- Envoyer les volets 1 et 2 à la CPAM,
- Transmettre le volet 3 à votre employeur,
- Prévenir votre mutuelle ou organisme de prévoyance si vous en avez un.
Vérifier vos droits auprès de votre employeur ou RH
Consultez votre contrat de travail, votre convention collective ou tout accord d’entreprise pour connaître les règles de maintien de salaire et les éventuelles garanties complémentaires.
Informer votre mutuelle ou assurance prévoyance
Contactez votre organisme de prévoyance ou votre mutuelle dès le début de l’arrêt maladie. Vous devrez leur fournir :
- Le justificatif d’arrêt maladie,
- Vos bulletins de salaire récents,
- Un relevé d’identité bancaire (RIB).
Bon à savoir : Certains contrats exigent une déclaration dans un délai strict (ex. : 5 ou 10 jours après le début de l’arrêt). |
Suivre vos versements et contester si besoin
Vérifiez le montant et les dates de vos versements : IJSS, salaire complémentaire, garanties prévoyance. En cas d’écart ou d’oubli, adressez une réclamation écrite à votre employeur ou à l’organisme concerné.
En cas de litige persistant, saisissez :
- L’inspection du travail,
- Votre caisse d’assurance maladie,
- Un représentant du personnel ou syndical,
- Un médiateur si nécessaire.
Prévenir la perte de salaire en cas d’arrêt maladie : anticipez !
La perte de revenus liée à un arrêt maladie peut déséquilibrer un budget, surtout si l’absence se prolonge. Même avec les indemnités journalières et un complément employeur, certaines situations ne permettent pas de toucher 100 % de son salaire. Anticiper, c’est se donner les moyens d’éviter les mauvaises surprises.
Étape 1 : Faites le point sur vos droits actuels
Avant toute chose, prenez le temps de vérifier ce à quoi vous avez droit en cas d’arrêt maladie. Consultez :
- Votre contrat de travail,
- Votre convention collective,
- Les garanties éventuellement souscrites par votre employeur (prévoyance, mutuelle),
- Votre caisse de Sécurité sociale (régime général, RSI, MSA).
Étape 2 : Négociez à l’embauche (ou lors d’un changement de poste)
Si vous êtes en poste ou en phase de négociation, pensez à poser des questions sur :
- Le maintien de salaire en cas d’arrêt maladie,
- L’existence d’une couverture prévoyance collective,
- Les délais de carence et les plafonds d’indemnisation.
Un employeur peut accepter de souscrire une meilleure couverture si vous justifiez d’un besoin spécifique (santé fragile, enfants à charge, emprunt immobilier en cours).
Étape 3 : Souscrivez une prévoyance individuelle adaptée
Lorsque la couverture collective n’existe pas ou s’avère insuffisante, une prévoyance individuelle peut prendre le relais. C’est un contrat que vous souscrivez vous-même, avec un niveau de garantie ajustable selon vos besoins :
- Complément d’indemnisation pour atteindre 100 % du salaire,
- Indemnités journalières après un délai de carence,
- Garantie invalidité ou incapacité prolongée.
À vérifier : les exclusions, les délais de carence, les plafonds de couverture.
Étape 4 : Adaptez votre épargne de précaution
En parallèle d’une couverture, prévoyez une épargne de précaution équivalente à trois mois de dépenses fixes. Cette réserve vous permet de faire face aux premiers mois d’un arrêt maladie sans trop d’impact sur votre niveau de vie.
Étape 5 : Restez informé des évolutions légales
Les dispositifs évoluent régulièrement : revalorisation des indemnités journalières, évolution des obligations employeurs, changements dans les régimes de Sécurité sociale. Un suivi régulier de votre protection permet d’ajuster vos garanties en fonction du cadre légal.