L’adoption définitive de l’article 7 du PLFSS 2026 marque un véritable tournant pour les complémentaires santé. Après des semaines de débats, la fameuse taxe exceptionnelle sur les mutuelles en 2026, estimée à 1 à 1,1 milliard d’euros, va bel et bien s’appliquer. Si le gouvernement affirme qu’elle vise à corriger les hausses jugées injustifiées de 2025, de nombreuses voix alertent sur un possible impact pour les assurés.
La question n’est pas de savoir si vos cotisations vont augmenter en 2026, le débat étant déjà clos, mais de combien ? Voici une analyse complète des enjeux, conséquences et points de vigilance.
Pourquoi une taxe exceptionnelle sur les mutuelles en 2026 ?
Une réponse aux hausses de tarifs anticipées en 2025
En 2025, les mutuelles ont augmenté leurs cotisations d’environ 6 %, après une hausse de près de 8 % en 2024. Ces ajustements, présentés comme anticipant une augmentation du ticket modérateur, ne se sont finalement pas avérés nécessaires, puisqu’elle n’a pas eu lieu. Le gouvernement considère ainsi qu’une partie de ces hausses est injustifiée.
D’après Thibault Bazin, rapporteur général LR du PLFSS (Projet de Loi de Financement de La Sécurité Sociale), cette mesure s’apparente même à un remboursement des montants perçus à tort. L’objectif affiché est clair : corriger une dérive tarifaire, sans pour autant fragiliser l’équilibre financier de la Sécurité sociale.
Un compromis politique pour éviter d’autres mesures impopulaires
Pour la ministre Stéphanie Rist, la surtaxe est une alternative à d’autres mécanismes plus pénalisants pour les usagers, tel que l’augmentation des franchises médicales, qui aurait pu être actée par simple décret.
Le gouvernement revendique donc une approche cohérente, limitée à l’année 2026 uniquement, et encadrée pour éviter les dérapages sur les tarifs.
Les garanties adoptées pour éviter une hausse des cotisations de mutuelle santé en 2026
Interdiction exceptionnelle d’augmenter les tarifs en 2026
Pour répondre à la principale inquiétude des parlementaires, à savoir une répercussion immédiate sur les assurés, un amendement du député Jérôme Guedj (PS) instaure une interdiction explicite : aucune hausse des cotisations ne pourra être appliquée en 2026.
L’objectif est d’empêcher que la taxe soit directement refacturée aux adhérents.
Cependant, ce mécanisme suscite des doutes juridiques. Le rapporteur Bazin évoque notamment une possible atteinte à la liberté contractuelle et le fait que les tarifs 2026 sont déjà fixés dans la plupart des contrats, rendant la disposition délicate à appliquer.
Une négociation obligatoire entre la Sécu et les complémentaires santé pour 2027
Un autre volet prévoit une concertation structurée entre l’Assurance maladie obligatoire et les complémentaires avant le 31 mars 2026. Cette négociation aura pour rôle de définir le cadre tarifaire de 2027, afin d’éviter un rattrapage brutal des prix l’année suivante.
L’enjeu est majeur : éviter que les assurés paient en 2027 ce qu’ils n’ont pas payé en 2026.
C’est précisément le scénario craint par de nombreux députés, qui redoutent une double peine.
Les conséquences pour les assurés : une hausse immédiate ou différée de leurs cotisations de mutuelle santé ?
Pas d’augmentation en 2026, mais un risque de rattrapage en 2027
Le gouvernement promet qu’il n’y aura aucune hausse en 2026 liée à la surtaxe, et cela va se vérifier car :
- les tarifs 2026 sont déjà fixés,
- la loi interdit toute augmentation,
- la surtaxe n’est due qu’en 2026.
Mais à partir de 2027, les mutuelles retrouveront leur liberté tarifaire, sous réserve des négociations prévues au printemps 2026.
Or, comme le rappelle Éric Chenut, président de la Mutualité française :
« Comme toute taxe, elle finit par se répercuter, même si l’impact n’est pas immédiat. »
Pour rappel, les contrats de complémentaire santé sont déjà assujettis à une taxe mutuelle de :
- 13,27% pour la mutuelle responsable
- 20,27% pour la mutuelle non responsable.
En pratique, à quoi faut-il s’attendre ?
Les tendances tarifaires déjà annoncées pour 2026 restent élevées, mais les estimations divergent selon les cabinets de conseil en assurance et d’actuariat : entre 2,5% et 3,5% pour Facts & Figures, entre 3,4% et 10% pour Addactis, avec une moyenne à 4,3% pour les contrats individuels. La situation manque donc de clarté, le seul constat étant que ces hausses tarifaires sont bien supérieures à l’inflation (autour de 1% en 2025).
La surtaxe adoptée par les députés n’étant pas intégrée dans ces augmentations, elle risque d’influencer :
- les contrats 2027
- les contrats collectifs en renégociation
- les planchers de garanties
- la politique de remboursement des mutuelles.
On peut donc s’attendre à une hausse différée, mais probable, si aucun mécanisme régulateur n’est instauré en 2027. Les organismes pourraient aussi décider de lisser la surtaxe sur plusieurs années sur leurs adhérents.
Vers un renoncement aux soins pour les assurés les plus fragiles ?
Les témoignages recueillis dans les médias montrent une tendance inquiétante :
- 135 euros par mois pour une retraitée isolée
- 250 euros par mois pour un couple de retraités
Pour les professionnels de santé, cette dynamique inflationniste risque d’accentuer un phénomène déjà observé : le renoncement aux soins, particulièrement pour les postes de soins les plus onéreux, c’est-à-dire les lunettes, l’hospitalisation et les soins dentaires.
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