Le marché immobilier va bientôt entrer dans une nouvelle phase en 2026, marquée à la fois par l’héritage des crises récentes, par la remontée progressive des taux d’intérêt et par un comportement des acheteurs qui évolue face à une conjoncture moins lisible. Les dynamiques observées depuis 2024 montrent un marché qui se redresse lentement, mais où les contrastes restent très forts entre le neuf, l’ancien et le segment locatif. Voici un panorama complet des tendances qui devraient façonner les conditions d’emprunt et les comportements immobiliers en 2026 selon BPCE L’Observatoire.
Comment les crises récentes influencent-elles les projets immobiliers des Français ?
Une reprise plus affirmée en 2025 qu’en 2024, mais encore fragile
Après une année 2024 difficile, 2025 a marqué un tournant avec davantage de projets immobiliers, sans flambée excessive des prix. Les acheteurs comme les vendeurs semblent avoir retrouvé un point d’équilibre, notamment sur le marché de l’ancien, dont l’offre s’est lentement reconstituée.
La province continue de concentrer la majorité des transactions, un mouvement déjà perceptible depuis plusieurs années, renforcé par un léger recul de l’activité en zone francilienne.
Un marché de l’ancien qui retrouve des couleurs
Le point bas de l’automne 2024 est désormais derrière nous : les ventes dans l’ancien sont reparties à la hausse, même si un ralentissement a été observé au printemps 2025, en raison d’un climat politique et budgétaire incertain ainsi que de l’augmentation des droits de mutation (frais de notaire).
Quant aux prix, ils évoluent modérément :
- la reprise est plus nette en province ;
- les appartements résistent mieux que les maisons individuelles ;
- deux tiers des marchés voient désormais leurs prix progresser, contre un sur deux six mois plus tôt.
Un secteur du neuf en rebond… mais sur des bases faibles
Le marché du neuf montre également des signaux positifs : les permis de construire ont bondi de près de 28 % entre avril et septembre 2025, tandis que les mises en chantier progressent à un rythme plus lent (+9 %).
Cependant, les volumes restent très inférieurs à ceux des années 2018-2022.
Deux réalités coexistent :
- Une promotion immobilière encore en difficulté
Pour la troisième année consécutive, l’activité pourrait toucher un nouveau point bas, près de 30 % en dessous de son niveau habituel. La demande des particuliers continue de se contracter et de nombreuses zones témoignent d’un décalage entre l’offre proposée et les attentes des acheteurs.
- Une maison individuelle qui redécolle
Le segment de la construction de maisons individuelles enregistre une reprise vigoureuse (+20 % sur les six derniers mois), portée par l’élargissement du prêt à taux zéro (PTZ) depuis avril 2025.
Vers un marché immobilier de plus en plus dissocié entre le neuf et l’ancien en 2026 ?
Des taux d’intérêt orientés légèrement à la hausse
Après plusieurs mois de stabilité, les taux d’emprunt devraient augmenter légèrement d’ici la fin 2025, une dynamique qui devrait se poursuivre en 2026. Les ménages s’adaptent à cet environnement : ils sont désormais plus nombreux à considérer acceptable un taux supérieur à 3 %.
Avec la normalisation de la politique monétaire de la Banque Centrale Européenne et la remontée de l’OAT 10 ans, le taux moyen des nouveaux crédits immobiliers pourrait s’établir autour de 3,35 % en 2026 (hors assurance emprunteur et coût des sûretés).
Des ventes en repli dans l’ancien
Depuis 2024, les acheteurs jugent la période moins défavorable pour acquérir un bien que les propriétaires pour vendre. Cette tendance soutient encore un peu les transactions dans l’ancien, grâce à un recours au crédit légèrement accru.
Mais en 2026, la combinaison « hausse des taux + hausse du chômage » risque de peser sur la capacité d’emprunt des ménages. Les conséquences à attendre sont les suivantes :
- le volume des transactions dans l’ancien devrait reculer ;
- le marché du neuf restera faible, excepté pour la maison individuelle, toujours soutenue par le PTZ ;
- les ventes issues de la promotion immobilière devraient rester proches de leurs plus bas.
Une hausse des prix qui s’essouffle
La dynamique des prix dans l’ancien serait très limitée :
- +1,0 % en 2025
- +0,7 % en 2026.
Les anticipations des acheteurs comme des vendeurs convergent : personne n’envisage une véritable flambée des prix à court terme.
Un crédit immobilier plus rare et plus ciblé
La production de crédits s’est stabilisée en 2025, portée principalement par les primo-accédants. Le marché du prêt immobilier a même rebondi plus fortement que les prix et les transactions (+29 % en 2025).
Mais cette dynamique va s’essouffler : en 2026, les volumes de prêts devraient reculer légèrement, en cohérence avec le ralentissement des projets immobiliers des ménages.
Le bailleur privé : une évolution marquée par les contraintes et les incertitudes
Un profil d’investisseur relativement stable
Les bailleurs privés représentent environ 11 % des personnes de plus de 18 ans. Ce sont en majorité :
- des urbains
- disposant de revenus supérieurs à la moyenne
- souvent propriétaires de leur résidence principale sans crédit.
Les candidats à l’investissement locatif, c’est-à-dire les Français intéressés par l’idée de devenir bailleurs, sont moins nombreux qu’en 2022, mais leur profil a évolué. Les 30-49 ans sont davantage représentés, et la part des ouvriers/employés augmente également.
Une stratégie d’investissement qui se transforme
Les bailleurs privés :
- détiennent plus fréquemment souvent plusieurs biens ;
- privilégient désormais davantage les appartements ;
- louent leur bien depuis plus longtemps qu’en 2022.
La location nue reste dominante, mais la location meublée et la location saisonnière gagnent du terrain.
Une envie de se désengager plus fréquente
En 2025, les bailleurs sont plus nombreux à vouloir vendre qu’à investir (25 % contre 23 %). Les raisons principales sont :
- une fiscalité jugée trop lourde
- la gestion chronophage
- les travaux obligatoires liés au DPE (Diagnostic de Performance Énergétique)
Les bailleurs de plus de 75 ans sont les plus enclins à vouloir céder leurs biens.
Une rentabilité jugée insuffisante
La rentabilité locative reste le critère numéro un (45 %), mais elle suscite davantage de déception qu’il y a trois ans. Dans le même temps, d’autres motivations progressent :
- préparer la retraite
- transmettre un patrimoine.
Les craintes liées aux obligations énergétiques, à la relation locataire-bailleur et à la hausse des taxes demeurent fortes.
Une gestion locative de plus en plus externalisée
Face à des normes plus complexes et à la peur des impayés, un propriétaire sur deux délègue désormais la gestion à un professionnel.
Les bailleurs observent aussi :
- moins de difficultés à trouver un locataire
- moins de dégradations importantes qu’en 2022.
En 2026, le marché immobilier va être marqué par une remontée lente mais réelle des taux d’emprunt, un recul des transactions dans l’ancien et une reprise sélective dans le neuf, limitée principalement aux maisons individuelles. Les investisseurs, confrontés à une réglementation plus stricte et à une fiscalité lourde, adoptent des stratégies plus prudentes… et attendent l’adoption par le Parlement d’un statut de bailleur privé, nouveau dispositif pour relancer l’investissement locatif.
Malgré cela, les projets immobiliers restent nombreux, signe que l’immobilier demeure un pilier fort dans les aspirations patrimoniales des Français.