Depuis mars 2022, les taux d’intérêt des crédits immobiliers sont engagés dans une course en avant. Ils ont plus que doublé en dix mois et pourraient rapidement s’approcher de la barre des 3%, suite à la récente décision de la Banque Centrale Européenne de rehausser à nouveau ses taux directeurs. En parallèle, les taux d’usure sont figés par une réglementation absurde et continuent de bloquer le marché.
Nouvelle hausse des taux de la BCE
Jeudi 27 octobre, la Banque Centrale Européenne a rehaussé de 75 points de base ses taux directeurs. C’est la troisième augmentation après celles de fin juillet et de début septembre, et une quatrième est attendue pour le mois de décembre. Jamais l’institution n’avait précédé à des ajustements d’une telle ampleur en un laps de temps aussi rapproché. L’objectif est de contrer l’inflation débridée, en marche depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine.
Selon les données provisoires de l’Insee, la hausse des prix à la consommation a accéléré en octobre, à 6,2% sur un an, contre 5,6% en septembre et 5,9% en août. Une reprise de vitesse qui surprend les observateurs, qui l’attendaient plutôt pour les deux derniers mois de l’année 2022, quand diminuera la ristourne sur le carburant. En zone euro, l’inflation a atteint le triste record de 10% sur un an fin septembre et les perspectives de stabilité financière semblent se détériorer avec l’enlisement du conflit russo-ukrainien.
Le pire reste à venir, puisque le pic de la tendance inflationniste n’est pas encore atteint. Les observateurs pronostiquent une inflation à plus de 12% dans les prochains mois d’hiver. Après la décision de la BCE, le taux de refinancement pour les banques commerciales se situe à 2%, contre 0% jusqu’en juillet dernier, un niveau que l’on n'avait plus vu depuis 2009. Cela a bien évidemment une incidence directe sur les barèmes des taux d’intérêt des crédits immobiliers.
Des taux d’emprunt qui grimpent en flèche
Puisqu’elles empruntent à un taux plus élevé auprès de la banque centrale, les banques de détail répercutent ce loyer de l’argent sur les particuliers et les entreprises. En réduisant le recours au crédit et donc à la consommation, la BCE espère freiner l’envolée des prix et ramener l’inflation à un niveau plus conforme à ses attentes, au risque de provoquer une récession.
En octobre, le taux débiteur moyen sur 20 ans s’affiche à 2,30% (hors assurance emprunteur et coût des sûretés), loin des 4% observés en 2009, quand les taux de la BCE étaient comparables à ceux d’aujourd’hui. Mais la barre des 3% pourrait être franchie dans les prochaines semaines. Selon le courtier Cafpi, les taux sur cette durée classique devraient monter jusqu’à 2,50% en fin d’année et continuer d’augmenter de 50 points de base à chaque trimestre 2023, pour se stabiliser autour de 3,50%.
L’absurdité des taux d’usure
Ce scénario est dommageable pour les candidats au prêt immobilier. Au-delà de l’inflation qui presse dans un étau le pouvoir d’achat des ménages, l’état du marché immobilier marqué par une progression des prix de logements et la hausse ininterrompue des taux d’intérêt depuis mars dernier, la porte de l’usure leur claque au nez.
Depuis juillet dernier, les taux d’usure constituent un véritable obstacle pour l’accès à la propriété, générant près de 45% de refus, non pas à cause d’un taux d’endettement supérieur à la norme autorisée (35% des revenus nets avant impôt, assurance emprunteur comprise), mais d’une réglementation hors sol.
Fixés chaque trimestre par la Banque de France en fonction des taux moyens pratiqués par les banques, les taux d’usure sont censés protéger les emprunteurs d’éventuels abus bancaires, mais se révèlent aujourd’hui une nuisance pour tous ceux qui souhaitent financer un projet immobilier. Il faudrait réviser la méthode de calcul de l’usure en utilisant les données des demandes de prêt plutôt que les crédits effectivement accordés, selon l’idée suggérée par les banques au régulateur français pour accélérer la hausse de l’usure en 2023.
Jusqu’au 31 décembre 2022, le taux d’usure reste bloqué à 3,05% pour les prêts d’une durée de 20 ans ou plus, et à 3,03% pour les durées plus courtes. Dans ce taux sont compris tous les frais liés à l’obtention d’un prêt immobilier :
- les intérêts exprimés par le taux débiteur
- les frais de dossier
- la garantie (hypothèque, privilège du prêteur de deniers ou caution)
- les primes d’assurance de prêt immobilier.
Avec des taux d’intérêt à près de 2,50%, voire 3% pour les profils les moins bien dotés, il est quasiment impossible de rester sous le plafond de verre de l’usure. Raison pour laquelle certaines banques se sont mises en retrait et ne distribuent plus de crédits à l’habitat. D’autres sont plus volontaristes et font des efforts pour continuer d’assurer la production de crédits.
Réduire son TAEG
Si votre TAEG (Taux Annuel Effectif Global), qui est l’indicateur du coût final de votre prêt, est au-dessus de l’usure à la marge, vous pouvez faire des économies sur votre assurance grâce à la délégation.
Entre deux et quatre fois plus chères que les offres alternatives, les assurances de prêt immobilier proposées par les banques manquent aussi d’adéquation avec le profil de l’emprunteur. Avec les garanties sur-mesure et le juste prix d'une assurance externe, vous êtes protégé de manière optimale sans grever indûment le coût de votre crédit. La délégation d’assurance emprunteur restera la clef pour obtenir son prêt immobilier en 2023.