Le projet de loi de finances pour 2026 confirme une politique moins généreuse en matière d'aides à la transition écologique. MaPrimeRénov’, principal dispositif public dédié à la rénovation énergétique des logements, va être profondément recentré sur les passoires thermiques à partir de janvier 2026. L’objectif est de concentrer les moyens sur les logements les plus énergivores et de rationaliser l’enveloppe budgétaire de l’Agence nationale de l’habitat (Anah), chargée de distribuer l’aide.
Un recentrage budgétaire pour « mieux rénover »
Présenté le 14 octobre 2025 en Conseil des ministres, le projet de loi de finances (PLF) 2026 acte un recentrage de MaPrimeRénov’ sur les logements jugés prioritaires, c’est-à-dire ceux classés E, F ou G au diagnostic de performance énergétique (DPE).
Le gouvernement justifie cette évolution par une volonté de rendre la rénovation énergétique plus efficace. Les rénovations d’ampleur seront axées sur les passoires thermiques, tandis que les aides par geste cibleront avant tout la décarbonation. En clair, l’État souhaite orienter les subventions vers des projets à fort impact environnemental, tout en évitant la dispersion des fonds publics.
Ce recentrage s’inscrit également dans une logique de stabilisation des dépenses de l’Anah, dont les moyens ont été largement sollicités ces dernières années en raison du succès de MaPrimeRénov’.
MaPrimeRénov’ rénovation d’ampleur : priorité aux logements les plus énergivores
Le resserrement des critères d’accès à MaPrimeRénov’ rénovation d’ampleur n’est pas une surprise. Il avait déjà commencé à s’appliquer dès le 30 septembre 2025, date de la réouverture du guichet, fermé depuis le 23 juin à la suite d’un trop grand nombre de demandes et d’une multiplication des fraudes.
Jusqu’à la fin de l’année 2025, seuls 13 000 nouveaux dossiers peuvent encore être déposés. 71 828 rénovations d’ampleur ont déjà été engagées entre janvier et septembre, contre 37 626 sur la même période en 2024. Cette envolée du nombre de chantiers a incité le gouvernement à revoir sa copie dans une période de disette budgétaire.
À partir de 2026, les rénovations d’ampleur seront exclusivement réservées aux passoires thermiques, c’est-à-dire aux logements classés E, F ou G sur l’échelle du DPE. Les biens classés C et D sont désormais exclus du dispositif.
Ce choix entraîne la suppression du bonus de sortie de passoire thermique, qui représentait jusqu’ici 10 % supplémentaires sur le montant total des travaux. Le gouvernement considère que cette aide n’a plus lieu d’être puisque seules les passoires continueront à bénéficier de MaPrimeRénov’ pour des rénovations globales.
Des plafonds de travaux revus à la baisse
Le recentrage de MaPrimeRénov’ s’accompagne également d’un abaissement significatif des plafonds de travaux subventionnables.
Jusqu’en juin 2025, le plafond maximal atteignait 70 000 euros pour une rénovation globale. À compter du 1er janvier 2026, ces montants chutent :
- 30 000 euros pour des travaux permettant un gain de 2 classes au DPE
- 40 000 euros pour une amélioration de 3 classes.
Ces plafonds réduits traduisent une volonté de maîtriser la dépense publique tout en maintenant un niveau d’aide incitatif pour les ménages modestes.
En parallèle, l’éligibilité des foyers sera rétablie progressivement. D’ici au 31 décembre 2025, seuls les ménages modestes peuvent encore bénéficier du dispositif. Les foyers aux revenus intermédiaires et supérieurs retrouveront leur droit à MaPrimeRénov’ rénovation d’ampleur à partir du 1er janvier 2026.
MaPrimeRénov’ par geste : des travaux désormais exclus
L’autre volet du dispositif, MaPrimeRénov’ par mono-geste, qui finance un seul type de travaux (changement de chaudière, isolation, ventilation…), subira lui aussi des ajustements notables.
Dès 2026, l’isolation thermique (murs extérieurs ou intérieurs) et l’installation de chaudières biomasse (à bois ou à granulés) ne seront plus éligibles. Le gouvernement justifie cette mesure par un souci de cibler la décarbonation et la sobriété énergétique plutôt que la simple amélioration du confort thermique.
L’exclusion des chaudières biomasse, pourtant plébiscitées ces dernières années, s’explique également par une volonté de contenir les coûts budgétaires et de favoriser les pompes à chaleur et systèmes moins dépendants du bois ou des granulés, dont les prix ont fortement fluctué.
Lors d’un point presse, le ministère de l’Économie a évoqué une économie attendue de 0,5 milliard d’euros sur le budget global de MaPrimeRénov’ en 2026. Toutefois, le PLF ne précise pas encore le montant total qui sera consacré à l’aide. Pour mémoire, l’enveloppe 2025 atteignait 3,6 milliards d’euros.
Vers un modèle d’aide plus sélectif mais plus ciblé
Le Budget 2026 marque donc une nouvelle étape : celle d’une aide publique plus sélective, mais aussi plus stratégique. En concentrant MaPrimeRénov’ sur les passoires thermiques, le gouvernement souhaite accélérer la transition écologique du parc immobilier français. Ces logements très énergivores représentent environ 5 millions d’habitations en France et constituent un frein majeur à la neutralité carbone.