Trop de crédits : comment s'en sortir efficacement ?
Trop de crédits qui s'accumulent, budget qui vacille, pression mentale et solutions floues ? Vous n’êtes pas seul·e. Le surendettement n’est pas une faute morale et touche aujourd’hui des millions de Français. C’est un phénomène social et économique, souvent subi, lié à un déséquilibre entre les revenus et les charges, qui peut toucher n’importe qui.
Selon la Banque de France, plus de 120 000 nouveaux dossiers de surendettement ont été déposés en 2023, soit près de 10 000 par mois. Derrière ces chiffres : des profils très variés.
- Salariés à faibles revenus,
- Travailleurs indépendants en difficulté,
- Retraités isolés,
- Étudiants ou jeunes actifs précaires,
- Familles monoparentales fragilisées par une séparation ou une baisse d’activité.
Hausse des dépenses incompressibles (logement, énergie, alimentation), recours aux crédits renouvelables, aléas de la vie (maladie, divorce, chômage)… Un engrenage peut vite s’installer, même chez les foyers qui remboursaient jusque-là sans incident. Dans près de 9 cas sur 10, les personnes surendettées ont plusieurs crédits à la consommation en cours.
Bonne nouvelle ! Il existe des solutions pour en sortir. Si le rachat de crédits est l’une des premières options envisagées, il n’est ni une solution miracle, ni la seule piste. Il existe aussi :
- La renégociation avec les créanciers,
- Les aides sociales ou juridiques,
- La procédure de surendettement via la Banque de France.
Ce guide pratique vous aide à comprendre chaque solution, ses conditions, ses avantages et ses risques. Objectif ? Reprendre le contrôle, sans aggraver la situation.
Trop de crédits, ça veut dire quoi exactement ?
On pense souvent que le problème, c’est “d’avoir trop de crédits”. En réalité, ce n’est pas le nombre qui pose souci, mais la proportion qu’ils représentent dans votre budget. Deux personnes peuvent avoir cinq prêts actifs et être dans des situations radicalement opposées : l’une parfaitement solvable, l’autre au bord du gouffre. La différence se joue sur un élément simple mais décisif : le taux d’endettement.
Le taux d’endettement : un repère clé pour évaluer votre risque
Le taux d’endettement est l’un des indicateurs les plus utilisés par les banques et organismes de crédit pour évaluer votre capacité de remboursement. Il permet de déterminer quelle part de vos revenus nets mensuels est consacrée au paiement de vos charges fixes, c’est-à-dire de vos dettes récurrentes.
Que faut-il inclure dans les charges fixes ?
Par “charges fixes”, on entend :
- Les mensualités de prêts en cours (immobilier, prêt personnel, crédit auto, crédit à la consommation, crédit renouvelable),
- Les loyers (si vous êtes locataire),
- Les pensions alimentaires versées régulièrement,
- Certains abonnements obligatoires ou prélèvements récurrents (assurance emprunteur, assurance habitation, leasing, etc.).
À noter ! Les dépenses courantes (nourriture, essence, factures d’électricité, vêtements, loisirs) ne sont pas prises en compte dans le calcul du taux d’endettement, mais elles pèsent pourtant lourdement dans la vie quotidienne. D’où l’importance de garder une marge de manœuvre suffisante.
Formule officielle à retenir
Taux d’endettement (%) = (Charges fixes mensuelles / Revenus mensuels nets) × 100
Les seuils de référence à connaître
Taux d’endettement |
Interprétation |
≤ 33-35 % |
Zone de confort : c’est la limite acceptée par la majorité des banques pour accorder un prêt classique. |
Entre 35 % et 44 % |
Zone de vigilance : un dossier peut être accepté, mais seulement si vous avez un reste à vivre suffisant, un bon apport ou une situation stable. |
≥ 45-50 % |
Zone critique : vous êtes considéré comme trop endetté. Même un rachat de crédit risque d’être refusé sans garantie solide ou refinancement hypothécaire. |
Selon la Banque de France, un taux d’endettement supérieur à 50 % est observé dans près de 70 % des dossiers de surendettement.
Pourquoi ce taux est si crucial ?
Il s’agit d’un critère d’acceptation ou de refus automatique dans la majorité des demandes de crédit immobilier ou de regroupement de dettes. Même si vous avez toujours payé vos échéances, un taux trop élevé envoie un signal de risque aux prêteurs : celui d’une instabilité possible à la moindre dépense imprévue.
Ce que disent les chiffres
- Nombre moyen de crédits actifs chez les ménages surendettés : 5,6.
- 94 % des personnes surendettées ont au moins un crédit à la consommation en cours.
- Dans près de 50 % des dossiers, les personnes concernées ont trois crédits ou plus en même temps.
- Le taux d’endettement moyen des ménages surendettés est de 98 % avec des charges mensuelles supérieures à leurs revenus.
Ce n’est pas le nombre de crédits qui vous met en danger, mais le fait que les mensualités cumulées dépassent vos capacités de remboursement. Si vous avez du mal à épargner, que vos prélèvements couvrent l’essentiel de vos revenus ou que vous jonglez chaque mois avec vos virements, il est temps de faire le point.
Calculez votre taux d’endettement en 3 étapes simples
Le taux d’endettement est la première alerte à surveiller quand vos crédits s'accumulent. En quelques minutes, vous pouvez estimer le vôtre et savoir si vous êtes dans une zone de confort… ou en déséquilibre.
Étape 1 : Additionnez toutes vos charges mensuelles fixes
Incluez uniquement ce que vous remboursez chaque mois :
- Crédits (immobilier, consommation, voiture, crédit renouvelable…),
- Loyers (si vous êtes locataire),
- Pensions alimentaires à verser,
- Autres remboursements réguliers.
N’incluez pas : nourriture, essence, loisirs, assurances, ce sont des charges variables.
Étape 2 : Indiquez vos revenus nets mensuels
Additionnez vos revenus réguliers :
- Salaires nets,
- Pensions de retraite,
- Revenus d’activité indépendante (nets, après charges),
- Allocations régulières (CAF, AAH…).
Étape 3 : Appliquez la formule
Taux d’endettement = (Charges fixes mensuelles ÷ Revenus nets mensuels) × 100
Au-dessus de 35 %, vous pouvez déjà envisager une consolidation ou une stratégie de rééquilibrage.
Pourquoi le cumul de crédits est dangereux à long terme ?
Cumuler plusieurs crédits peut sembler gérable au départ, mais la réalité financière rattrape souvent les emprunteurs : confusion, fatigue mentale, imprévus mal absorbés. Même sans défaut de paiement, le cumul de dettes peut fragiliser un budget jusqu’à la rupture.
Une gestion qui devient vite chaotique
Même si vous payez tous vos crédits dans les temps, jongler avec plusieurs emprunts à la fois entraîne :
- Des dates d’échéances différentes, difficiles à mémoriser,
- Des taux variables, souvent peu lisibles,
- Des risques de double prélèvement en début de mois qui déséquilibrent votre trésorerie.
Une charge mentale et financière croissante
À long terme, cette situation peut générer :
- Un stress chronique lié aux multiples virements et à la peur du découvert,
- Une incapacité à épargner,
- Une forme de suradaptation permanente : retards de factures, paiement “à l’arrache”, crédits à découvert…
Des conséquences concrètes sur votre solvabilité
Même si vous ne manquez aucun remboursement, le cumul des crédits :
- Alourdit votre profil bancaire (et peut bloquer l’accès à un nouveau prêt),
- Rend plus complexe une renégociation, car l’établissement voit un risque accru,
- Peut faire baisser votre score de crédit en cas d’incident isolé (ex : prélèvement rejeté, solde insuffisant un mois).
Avoir plusieurs crédits n’est pas illégal. Mais c’est bien la gestion de l’ensemble, votre capacité à absorber un imprévu et la soutenabilité à moyen terme qui comptent aux yeux des créanciers.
Trop de crédits : quelles sont les solutions concrètes pour s’en sortir ?
Être endetté ne signifie pas être sans recours. Il existe un certain nombre de leviers pour se sortir d’une situation financière complexe. Leur efficacité dépend de votre profil, de vos revenus, de la nature de vos dettes, mais aussi de vos objectifs : retrouver de l’oxygène à court terme, stabiliser votre budget ou éviter une procédure judiciaire.
Voici les trois principales options à envisager, de la plus accessible à la plus encadrée.
1. Le rachat de crédit : regrouper pour mieux respirer
Lorsque vous cumulez plusieurs crédits, le poids de ces mensualités peut devenir difficile à gérer. Le rachat de crédit vous permet de les fusionner en un seul prêt, plus lisible, avec une mensualité réduite. C’est une solution de réorganisation budgétaire et non d’annulation de dette. Elle est souvent proposée par des organismes spécialisés ou par un courtier. Mais elle comporte aussi des contreparties à ne pas négliger.
Avantages vs. Inconvénients du rachat de crédit
Le rachat de crédit est souvent perçu comme une bouée de sauvetage. En réalité, c’est un engagement structurant qui peut vous soulager à court terme, mais alourdir le coût total de votre dette sur la durée. Il faut donc en peser les bénéfices immédiats face aux effets secondaires financiers à long terme.
Avantages |
Inconvénients |
Réduction immédiate de la mensualité globale (jusqu’à -60 %) |
Allongement de la durée totale de remboursement |
Simplification de gestion : un seul prélèvement, un seul taux |
Coût total du crédit généralement plus élevé (intérêts, frais de dossier, garanties) |
Possibilité d’obtenir un taux plus bas sur certains crédits conso |
Soumis à validation stricte : profil bancaire, reste à vivre, stabilité des revenus |
Meilleure lisibilité budgétaire et amélioration possible du score de crédit |
Implique parfois une nouvelle garantie (hypothèque ou assurance coûteuse) |
2. La renégociation de crédit : ajuster sans repartir de zéro
Parfois, il n’est pas nécessaire de tout regrouper ou de lancer une procédure complexe. La renégociation de prêt consiste à discuter directement avec votre banque actuelle pour adapter les conditions de remboursement d’un ou plusieurs crédits existants : taux, durée, échéance.
C’est une solution plus rapide et moins engageante qu’un rachat, à condition d’avoir une situation financière encore jugée stable.
Avantages vs. Limites de la renégociation
La renégociation peut suffire à retrouver une certaine souplesse, surtout si votre taux initial est élevé ou si vous avez connu une évolution positive de revenus. Mais elle est conditionnée à l’accord du prêteur et ne permet pas toujours de restructurer plusieurs dettes.
Avantages |
Limites |
Possibilité de baisser le taux d’intérêt |
Dépend du bon vouloir de la banque |
Démarche simple si vous avez un bon profil emprunteur |
Ne concerne souvent qu’un seul crédit à la fois |
Évite les frais d’un nouveau dossier (pas de courtier, pas de garantie) |
Moins efficace si vous avez plusieurs crédits ou un taux d’endettement élevé |
Peut être négociée sans changer de banque |
Pas toujours intéressante si les taux actuels sont similaires |
La renégociation est souvent utilisée pour les crédits immobiliers souscrits à des taux anciens (ex. > 3,5 %), mais peut aussi s’appliquer à certains prêts conso.
3. La procédure de surendettement : dernier recours, mais filet de sécurité solide
Lorsque votre taux d’endettement dépasse 50 %, que vos revenus ne suffisent plus à faire face à vos échéances et que même le rachat est refusé, il reste une solution légale : la procédure de surendettement.
Gérée par la Banque de France, cette démarche permet de protéger les personnes en difficulté financière en mettant en place un plan de redressement adapté ou, dans certains cas, l’effacement d’une partie des dettes.
Étapes et effets de la procédure de surendettement
Cette procédure n’est ni automatique ni anodine. Elle suppose de démontrer sa bonne foi, de fournir un dossier complet, et d’accepter certaines restrictions (fichage FICP, impossibilité de faire un crédit pendant la durée du plan).
Mais elle peut éviter des poursuites, des saisies et des situations irréversibles.
Étape |
Ce qu’il faut savoir |
Dépôt du dossier |
En ligne, en guichet ou par courrier auprès de la Banque de France. Le dossier doit prouver l’impossibilité de faire face à ses dettes, avec justificatifs. |
Examen par la commission |
Analyse de la situation familiale, professionnelle, du passif, du patrimoine. Un dossier peut être jugé irrecevable s’il n’y a pas de "bonne foi" apparente. |
Plan de redressement ou mesures de rétablissement |
Si recevable, un plan est proposé : rééchelonnement, gel temporaire, voire effacement partiel ou total de dettes selon les cas. |
Avantages vs. Conséquences
Bénéfices |
Conséquences |
Gel des dettes pendant l’instruction |
Fichage au FICP pendant la durée du plan |
Interdiction pour les créanciers de saisir ou de majorer les dettes |
Interdiction d’emprunter pendant la procédure |
Possibilité de retrouver une stabilité budgétaire |
Image bancaire affaiblie pour plusieurs années |
Accès gratuit, encadré par un service public neutre |
Nécessite un dossier complet, rigoureux et sincère |
Selon la Banque de France, la durée moyenne d’un plan de redressement est de 5 à 7 ans, mais peut être écourtée si les efforts sont constants.
Quelles solutions choisir quand on a trop de crédits ?
Face à plusieurs options, le plus difficile est souvent de savoir laquelle est faite pour vous. Entre le rachat, la renégociation ou la procédure de surendettement, il n’y a pas de solution universelle. Le choix dépend avant tout de votre niveau d’endettement, de vos revenus, de vos objectifs et de votre “reste à vivre”.
Avant toute démarche, prenez une heure pour poser à plat votre situation. C’est souvent le premier geste salutaire.
Faites votre bilan personnel en 3 temps
Avant de solliciter une banque, un courtier ou une commission de surendettement, il est crucial de connaître précisément votre situation. Ce diagnostic vous permettra non seulement de choisir la bonne solution, mais aussi d’anticiper les critères d’acceptation des différents organismes financiers.
Prenez le temps de tout lister noir sur blanc : la clarté budgétaire est votre première force de négociation.
- Inventoriez vos dettes : pour chaque crédit ou engagement financier, notez :
- Le montant restant dû,
- La mensualité actuelle,
- Le taux d’intérêt,
- La durée restante.
- Calculez votre taux d’endettement : utilisez la formule présentée plus haut pour vérifier si vous dépassez les seuils critiques (33 %, 40 %, 50 %...).
- Clarifiez vos objectifs prioritaires :
- Souhaitez-vous réduire vos mensualités immédiatement pour mieux respirer ?
- Cherchez-vous à réorganiser vos finances de façon durable, même si cela prend du temps ?
- Avez-vous besoin de préserver votre historique bancaire et votre score de crédit pour un projet futur ?
Tableau comparatif des solutions selon votre profil
Chaque solution présente des bénéfices, mais aussi des contraintes. Voici un tableau synthétique pour vous aider à comparer rapidement les options selon votre situation.
Solution |
Avantages |
Inconvénients |
Pour qui ? |
Rachat de crédit |
Mensualité réduite Taux potentiellement plus bas Budget simplifié (un seul crédit) |
Durée allongée Coût global souvent majoré Nécessite un bon dossier |
Personne endettée mais avec revenus stables et pas de fichage |
Renégociation |
Réduction du coût d’un crédit Procédure rapide Aucun nouveau prêt |
Peu d’impact si vous avez plusieurs crédits Soumis à la volonté de la banque |
Emprunteur avec un seul crédit ou endettement modéré |
Surendettement |
Suspension des poursuites Possibilité d’effacement partiel ou total Encadrement par l’État |
Fichage Banque de France (FICP) Interdiction d’emprunter temporairement Nécessite un dossier solide |
Personne en situation critique, taux d’endettement > 50 %, incidents de paiement |
Bon à savoir ! Même si le rachat de crédit semble attractif, il ne doit pas être utilisé pour "repartir de zéro" sans corriger ses habitudes de gestion. C’est un levier de stabilisation, pas une solution magique.
Trop de crédits : pourquoi se faire accompagner par un expert ou un courtier pour s’en sortir ?
Naviguer seul dans la jungle des crédits peut vite devenir épuisant. Entre les taux, les durées, les conditions générales ou les frais cachés, il est facile de faire un mauvais choix, même en toute bonne foi. C’est là qu’un courtier en rachat de crédits ou un conseiller financier indépendant peut faire une vraie différence.À condition, bien sûr, de choisir un professionnel sérieux, agréé et transparent.
Ce que peut faire un courtier ou un conseiller pour vous
Un expert financier spécialisé dans les situations d’endettement peut :
- Étudier en profondeur votre dossier : nature des dettes, historique bancaire, taux d’endettement, objectifs,
- Simuler plusieurs scénarios pour comparer les offres disponibles (différents taux, durées, conditions),
- Négocier à votre place auprès d’établissements bancaires ou partenaires spécialisés,
- Faciliter les démarches administratives : montage de dossier, suivi, relances, signatures,
- Vous alerter sur les pièges juridiques ou les fausses promesses commerciales.
Certains courtiers sont spécialisés en regroupement de crédits pour les profils atypiques : fonctionnaires, retraités, entrepreneurs, FICP, etc.
Avantages d’un accompagnement expert
Faire appel à un courtier ou un conseiller ne signifie pas abandonner le contrôle, au contraire. Un bon professionnel travaille avec vous, pas à votre place, pour maximiser vos chances d’obtenir des conditions favorables. Son accompagnement peut faire gagner du temps, de l'argent et surtout vous éviter des erreurs coûteuses.
Avantages |
Détails |
Gain de temps |
L’expert centralise les démarches et compare les offres pour vous. |
Accès à des offres non disponibles en direct |
Certains taux ou durées sont négociables uniquement via des intermédiaires. |
Montage de dossier optimisé |
Un bon courtier sait présenter votre situation sous le meilleur jour possible. |
Filtrage des offres douteuses |
Il vous protège des conditions abusives, des frais cachés ou des clauses piégeuses. |
Les pièges à éviter dans le choix de votre courtier
Tous les professionnels ne se valent pas. Certains se présentent comme des sauveurs… mais travaillent en réalité pour des organismes très intéressés.
Voici quelques règles de prudence :
- Vérifiez l’inscription au registre ORIAS (Organisme pour le registre des intermédiaires en assurance, banque et finance),
- Évitez les prestataires qui vous demandent de l'argent avant même de monter un dossier,
- Refusez les offres “garanties à 100 %” : aucun courtier ne peut vous assurer une acceptation sans analyse préalable,
- Demandez une simulation écrite et lisible, avec tous les frais détaillés : assurance, honoraires, frais de dossier, garanties.
Un courtier honnête travaille avec transparence, vous remet un mandat écrit, et perçoit sa rémunération uniquement si vous signez le crédit proposé.
Quels sont les pièges à éviter dans la gestion de vos crédits pour s’en sortir ?
Certaines erreurs sont fréquentes, mais évitables. Sous la pression, par manque d’information ou à cause de publicités trop alléchantes, il est facile de faire un choix financier mal adapté. Avant de signer un nouveau crédit, un regroupement ou une renégociation, voici trois réflexes à adopter pour ne pas empirer la situation.
1. Comparer uniquement les mensualités
Ce n’est pas parce que vous payez moins chaque mois que vous remboursez moins au total. Une mensualité allégée est souvent obtenue en allongeant la durée du prêt. Résultat :
- Vous payez plus longtemps,
- Et donc plus d’intérêts cumulés,
- Ce qui augmente le coût global du crédit.
Comparez toujours le coût total du crédit (hors assurance), pas seulement le montant mensuel. Ce chiffre est obligatoirement mentionné dans l’offre préalable de prêt.
2. Se précipiter sur une offre “miracle” en ligne
Promesse de taux ultra bas, acceptation garantie, zéro frais... méfiance absolue. Ces accroches sont souvent :
- Trompeuses ou incomplètes (conditions cachées dans les petites lignes),
- Délivrées par des acteurs non agréés,
- Et parfois liées à de faux courtiers ou des plateformes frauduleuses.
Vérification de base :
- L’intermédiaire est-il inscrit à l’ORIAS ?
- Les frais sont-ils transparents et documentés ?
- Avez-vous reçu un mandat écrit avant toute démarche ?
3. Oublier les frais annexes au crédit
Un taux bas peut cacher de nombreux frais qui alourdissent l’opération. Avant de signer, anticipez :
- Les frais de dossier (parfois entre 1 % et 3 % du montant total),
- Les assurances emprunteur (souvent obligatoires),
- Les frais de garantie (hypothèque, caution…),
- Les pénalités de remboursement anticipé si vous voulez solder un prêt en avance.
Demandez systématiquement un tableau d’amortissement complet, incluant tous les frais, pour évaluer le vrai coût de votre crédit ou regroupement.
Crédits et scores de crédit : un cercle vicieux… ou vertueux ?
Un mauvais score peut vous empêcher :
- D’accéder à un logement,
- D’obtenir un nouveau prêt,
- De négocier un taux intéressant.
Le rachat de crédit, bien structuré, peut améliorer votre score en évitant les incidents de paiement.
Comment se faire aider par la Banque de France lorsqu’on a trop de crédit ?
Contrairement à une idée reçue, la Banque de France n’est pas une banque commerciale. Elle ne distribue pas de crédits et ne rembourse pas vos dettes. Son rôle est de protéger les particuliers en situation de surendettement à travers une procédure publique, gratuite et encadrée.
C’est l’un des rares dispositifs accessibles à tous, quel que soit le niveau de revenu, tant que la situation est jugée sincère et irrémédiable.
Que propose concrètement la Banque de France ?
Si vous ne parvenez plus à faire face à vos dettes malgré vos efforts, vous pouvez déposer un dossier de surendettement auprès de l’agence Banque de France la plus proche ou en ligne.
Une fois le dossier examiné, la commission peut proposer :
- Un plan de remboursement personnalisé : rééchelonnement des dettes, réduction des mensualités, étalement sur 5 à 7 ans,
- Un moratoire : gel temporaire des remboursements (jusqu’à 24 mois) pour souffler et stabiliser vos revenus,
- Un effacement partiel ou total de certaines dettes, en cas d’impossibilité durable de remboursement (notamment pour les personnes sans emploi ou sans patrimoine).
Toutes les étapes sont gratuites, confidentielles et encadrées juridiquement. Il n’y a aucun frais à payer pour déposer un dossier.
Quelques chiffres-clés
- Nombre de dossiers déposés : 121 617 dossiers de surendettement ont été déposés auprès des services de la Banque de France en 2023, soit une augmentation de 8 % par rapport à 2022.
- Effacement total ou partiel des dettes : Parmi les dossiers clos en 2023, plus de la moitié ont bénéficié d'un effacement total ou partiel de dettes, pour un montant moyen de 19 745 euros par dossier.
- Proportion de ménages vivant sous le seuil de pauvreté : 59 % des personnes surendettées vivent sous le seuil de pauvreté monétaire, contre 14,4 % dans l’ensemble de la population.
- Nature des dettes : Les crédits à la consommation représentent une part significative des dettes des ménages surendettés, bien que le rapport ne précise pas exactement la proportion de dossiers concernés.
- Acceptation des dossiers : En moyenne, environ 95 % des dossiers de surendettement déposés sont acceptés par les commissions de surendettement.
Ce que la Banque de France fait |
Ce qu’elle ne fait pas |
Analyse de votre situation de surendettement |
Octroi de crédit ou refinancement |
Gel ou rééchelonnement des dettes |
Paiement à votre place |
Dialogue avec vos créanciers |
Aide en cas de dettes professionnelles (sauf exceptions) |
Accompagnement neutre, sans frais |
Intervention dans vos dépenses personnelles |
Une fois le plan accepté, vous êtes inscrit temporairement au Fichier des incidents de remboursement des crédits aux particuliers (FICP), mais cela vous protège aussi de nouveaux engagements risqués.