Le dispositif 100 % Santé ou zéro reste à charge continue de s’étendre. Après l’optique, le dentaire et l’audiologie, un nouveau décret publié au Journal Officiel le 27 novembre vient élargir son périmètre à 2 domaines essentiels mais jusqu’ici peu considérés : la location de fauteuils roulants et les prothèses capillaires pour les femmes atteintes d’un cancer. Ce texte, très attendu par les associations et les professionnels, modifie profondément les obligations des contrats solidaires et responsables. Il marque une étape décisive dans l’accès aux aides techniques et aux équipements indispensables à la qualité de vie des personnes concernées.
Une nouvelle étape pour améliorer l’accès aux aides techniques
Depuis plusieurs années, les pouvoirs publics cherchent à simplifier et renforcer la prise en charge des équipements liés à la mobilité et à la perte de cheveux d’origine médicale. Les discussions avaient été engagées dès 2021 et ont connu une accélération depuis les Jeux paralympiques de Paris 2024.
Le décret officialise enfin ces évolutions :
- Les fauteuils roulants loués pour une courte durée entrent dans le champ du cahier des charges réglementaire pour les complémentaires santé de type mutuelle responsable.
- Les prothèses capillaires, classées en plusieurs niveaux, bénéficieront d’un remboursement amélioré, notamment pour les perruques à fibres naturelles ou de qualité supérieure.
Il s’agit d’une transformation profonde du modèle actuel, qui reposait jusqu’ici largement sur des financements partiels, des démarches administratives longues et un reste à charge très variable.
Mobilité et handicap : des remboursements renforcés dès décembre 2025
À compter du 1er décembre 2025, les contrats responsables devront proposer une couverture bien plus élevée pour la location de fauteuils roulants et de véhicules pour personnes en situation de handicap (VPH).
Une prise en charge plus généreuse pour les fauteuils roulants loués
Jusqu’à présent, les complémentaires santé intervenaient de manière limitée, laissant souvent un reste à charge conséquent aux usagers, en particulier lorsque les tarifs dépassaient largement les bases de remboursement de la Sécurité sociale.
Désormais, les organismes devront assumer la totalité de la différence entre :
- la base de remboursement, amputée du ticket modérateur (fixé à 40 %),
- et le prix limite de vente (PLV) fixé par l’arrêté de juillet dernier.
Concrètement, si le prix pratiqué par le fournisseur est plus élevé que la base de la Sécu, la complémentaire intervient pour couvrir l’écart, dans le respect du PLV.
L’Assurance Maladie prend désormais en charge intégralement les fauteuils roulants
L’autre grande nouveauté du texte est le remboursement intégral des fauteuils roulants par la Sécurité sociale, alors qu’il était jusqu’ici partiel.
Cette mesure inclut également :
- les fauteuils du quotidien
- les fauteuils spécifiques,
- les modèles adaptés à certains handicaps.
Une révolution pour les fauteuils sportifs
Dans l’esprit d’un « héritage des Jeux paralympiques de Paris 2024 », les fauteuils sportifs bénéficieront eux aussi d’un remboursement intégral.
Jusqu’à présent, les sportifs handicapés recevaient une prise en charge limitée à 598 €. Désormais, le montant grimpe jusqu’à 2 400 €, soit 4 fois plus.
Les modèles les plus techniques, fabriqués sur mesure, pensés pour des compétitions exigeantes ou des besoins ultra spécifiques, seront accessibles via une demande d’accord préalable simplifiée (DAP).
Cette évolution met fin à un frein majeur pour les personnes handicapées souhaitant pratiquer un sport dans des conditions adaptées.
Un contexte marqué par des prix très élevés des fauteuils roulants
Les fauteuils roulants affichent aujourd’hui des tarifs souvent très éloignés des niveaux de remboursement historiques :
- 10 000 € pour un fauteuil manuel haut de gamme
- jusqu’à 50 000 € pour un fauteuil électrique ultramoderne.
Il était devenu urgent de moderniser les règles pour éviter des restes à charge démesurés et favoriser un accès équitable à l’autonomie.
Un impact financier important pour les complémentaires santé
Selon l’Unocam, cette réforme représente 55 à 60 millions d’euros supplémentaires par an pour les organismes complémentaires. Cet investissement est jugé nécessaire pour répondre aux besoins d’un public souvent confronté à des difficultés financières et administratives pour financer des aides techniques aussi essentielles.
Cancer et chute de cheveux : un meilleur accès aux prothèses capillaires dès janvier 2026
Le second pilier du décret concerne les prothèses capillaires, dont la prise en charge sera totalement repensée à partir du 1er janvier 2026.
Une nouvelle nomenclature en 4 classes
Ce nouveau cadre de remboursement distingue 4 catégories de perruques, en fonction de la qualité des fibres et de la proportion de cheveux naturels.
- Classe 1 : prothèses en fibres synthétiques
- Remboursées à 100 % par la Sécurité sociale.
- Objectif : garantir un accès sans reste à charge à une solution esthétique correcte.
- Classe 2 : modèles comportant au moins 30 % de cheveux naturels ou fibres premium
- Intégrées au 100 % Santé pour les contrats responsables.
- Aucun reste à charge pour la patiente.
- Classe 3 et 4 : perruques à forte proportion ou 100 % cheveux naturels
- Prix libres, très variables selon la qualité du cheveu.
- Remboursement partiel par la Sécurité sociale.
- Couverture complémentaire possible, mais non obligatoire : chaque contrat peut prévoir ses propres plafonds.
Une demande forte des patientes enfin entendue
Ces dernières années, de nombreuses associations avaient alerté sur le coût très élevé des prothèses capillaires les plus naturelles, souvent essentielles au bien-être psychologique des femmes touchées par un cancer. Certains modèles pouvaient dépasser plusieurs centaines d’euros de reste à charge.
L’intégration d’une partie de ces prothèses au 100 % Santé représente donc une avancée majeure en matière d’égalité d’accès.
Un coût pour les mutuelles évalué à 15 millions d’euros annuels
Pour les organismes complémentaires, l’impact de cette réforme serait d’environ 15 millions d’euros par an, selon les estimations fournies lors de la publication du décret.
Entre obligations renforcées et période transitoire pour les complémentaires santé
Si l’Unocam reconnaît l’importance sociale du dispositif, elle souligne néanmoins :
- un alourdissement notable des obligations liées aux contrats responsables
- un calendrier jugé trop serré, les décrets ayant été publiés tardivement.
Pour éviter des difficultés techniques ou contractuelles, la Direction de la Sécurité Sociale a indiqué que l’URSSAF préparait une lettre de tolérance. Elle permettra aux organismes de se mettre en conformité jusqu’au 1er janvier 2027, sans perdre les avantages fiscaux liés aux contrats responsables (taxe sur les mutuelles santé).
Ce texte, dernier maillon des réformes annoncées ces dernières années, montre une volonté claire : élargir le 100 % Santé à des équipements essentiels pour l’autonomie, le confort et la dignité des patients.
Fauteuils roulants, dispositifs sportifs, prothèses capillaires… Ces équipements jouent un rôle déterminant dans la qualité de vie des personnes concernées. Leur meilleure prise en charge constitue donc un progrès réel pour des milliers d’usagers, en particulier ceux qui rencontraient des difficultés financières pour accéder à des solutions adaptées.