La fin du dispositif Pinel, intervenue en décembre 2024, marque un tournant pour les investisseurs immobiliers en France. Pilier de l’investissement locatif pendant une décennie, ce dispositif fiscal a laissé un vide que de nombreux épargnants cherchent à combler. Si aucun successeur officiel ne lui a été désigné, un mécanisme déjà en place attire l’attention : le Logement Locatif Intermédiaire (LLI). Ce dispositif largement méconnu pourrait bien incarner la relève du Pinel, en conciliant incitation fiscale, sécurisation de l’investissement et accès à un marché locatif dynamique.
Qu’est-ce qu’un Logement Locatif Intermédiaire ?
Le Logement Locatif Intermédiaire, ou LLI, a été créé par l’État en 2014 pour développer une offre de logements abordables dans les zones où la tension locative est particulièrement forte : les zones dites A bis, A et B1.
Initialement réservé aux investisseurs institutionnels (bailleurs sociaux, compagnies d’assurances, foncières), ce dispositif a été élargi en 2024 aux particuliers, dans un objectif de dynamisation de la production de logements et d’élargissement de l’offre locative à destination des classes moyennes.
Ce type de logement est destiné à des ménages dont les revenus sont trop élevés pour accéder au parc social, mais insuffisants pour louer dans le parc privé classique. En contrepartie de la mise en location de logements à des loyers modérés et sous conditions de ressources, les investisseurs bénéficient d’incitations fiscales attractives et d’avantages financiers concrets.
Les grandes caractéristiques du LLI
- Plafonds de loyers fixés selon la zone géographique, inférieurs au marché libre
- Conditions de ressources pour les locataires, comparables à celles du dispositif Pinel
- Durée de mise en location obligatoire : 15 ans minimum, avec usage exclusif en résidence principale
- Réduction de la TVA sur l’achat immobilier : 10 % au lieu de 20 %
- Crédit d’impôt sur la taxe foncière, possible pendant 20 ans
- Bien situé uniquement dans les zones tendues, garantissant une forte demande locative.
Le LLI est donc une réponse ciblée aux besoins actuels du marché immobilier, tout en offrant des perspectives de rendement intéressantes pour les investisseurs prudents et soucieux de réduire leur pression fiscale.
Qui peut acheter du LLI ?
L’un des changements majeurs intervenus récemment concerne l’ouverture du LLI aux particuliers. Toutefois, cette accessibilité n’est pas sans contraintes.
Achat via une structure juridique spécifique
Contrairement au Pinel, qui permettait d’acheter un bien immobilier directement en nom propre, le LLI impose un achat via une personne morale, en l’occurrence une SCI (Société Civile Immobilière). Cette structure peut être soumise à l’impôt sur le revenu (IR) ou à l’impôt sur les sociétés (IS), selon les objectifs patrimoniaux et fiscaux de l’investisseur.
Pourquoi une SCI ?
Ce cadre juridique de l’achat immobilier en SCI permet de professionnaliser la gestion de l’investissement et de sécuriser les engagements de location longue durée. La SCI souscrit le prêt immobilier (obligatoirement couvert par une assurance emprunteur souscrite par chaque co-emprunteur), acquiert le bien et perçoit les loyers. L’investisseur, en tant qu’associé, en tire les revenus.
Bon à savoir : de nombreux promoteurs immobiliers ont développé des offres clé-en-main pour simplifier l’accès au LLI. Ils proposent notamment de prendre en charge la création de la SCI, voire de gérer la relation bancaire et notariale.
Quelles sont les conditions à respecter pour bénéficier du statut LLI ?
Pour bénéficier des avantages du dispositif, plusieurs critères stricts doivent être remplis :
- Le logement doit être neuf et situé dans une zone éligible (A bis, A, B1).
- La mise en location est obligatoire pendant au moins 15 ans, à titre de résidence principale pour le locataire.
- Les loyers et les ressources des locataires sont plafonnés, avec des barèmes révisés chaque année.
- La SCI doit être expressément dédiée à l’exploitation locative du bien sous le régime LLI.
- Le non-respect d’une de ces conditions entraîne la perte des avantages fiscaux, en particulier du crédit d’impôt sur la taxe foncière.
Ces obligations peuvent sembler contraignantes au premier abord, mais elles offrent un cadre sécurisé et stable, idéal pour les profils d’investisseurs recherchant des rendements modérés, réguliers et peu exposés à la vacance locative.
Pourquoi le LLI est une alternative sérieuse au Pinel
Alors que le dispositif Pinel offrait une réduction d’impôt pouvant atteindre 21 % du prix d’achat, il n’était pas exempt de critiques : impact budgétaire élevé pour l’État, zones parfois mal ciblées, ou encore rendement locatif insuffisant dans certains cas.
Le LLI, sans être un clone du Pinel, en reprend certains fondements tout en les adaptant aux nouvelles réalités du marché :
Critères |
Dispositif Pinel |
Dispositif LLI |
Type de bien |
neuf |
neuf |
Zone éligible |
A, Abis, B1 et parfois B2 |
A, Abis et B1 |
Durée minimale de location |
6,9 ou 12 ans |
15 ans |
Avantage fiscal |
Réduction d’impôt jusqu’au 21% du prix d’achat dans la limite de 300 000 € |
Crédit d’impôt sur la taxe foncière |
Plafond de loyers |
oui |
oui |
Plafond de ressources du locataire |
oui |
oui |
Achat possible en nom propre |
oui |
Non, uniquement via SCI |
TVA réduite |
Oui en zones ANRU et quartiers QPV (5,5%) |
Oui (10%) |
Quels sont les bénéfices du LLI pour l’investisseur ?
- Un prix d’achat inférieur au marché grâce à la TVA réduite.
- Un crédit d’impôt sur la taxe foncière, ce qui est stratégique dans un contexte d’envolée de cet impôt local.
- Une demande locative soutenue, dans des zones où le besoin de logements pour les classes moyennes est fort.
- Une visibilité sur le long terme, avec des conditions contractuelles claires et stables pendant 15 ans.
Ainsi, le LLI permet de construire un patrimoine immobilier de manière sécurisée, en bénéficiant de leviers fiscaux efficaces, bien que différents de ceux du Pinel.
Un cadre fiscal et patrimonial à optimiser
L’obligation de passer par une SCI peut sembler complexe, mais elle peut aussi être un levier d’optimisation fiscale. Selon le régime fiscal choisi (IR ou IS), les investisseurs peuvent :
- Amortir le bien immobilier
- Déduire les intérêts d’emprunt, les frais de gestion, les assurances (emprunteur, habitation, risques locatifs)
- Répartir les parts sociales entre plusieurs membres d’une même famille.
La SCI permet aussi de faciliter la transmission du patrimoine, tout en conservant le contrôle de la gestion. Dans un contexte d’incertitude économique, ces avantages prennent une dimension stratégique.
Faut-il investir en LLI en 2025 ?
En 2025, les investisseurs immobiliers sont confrontés à plusieurs défis : pression fiscale accrue, raréfaction des dispositifs de défiscalisation. Dans ce contexte, le LLI apparaît comme une alternative crédible, surtout pour les profils recherchant :
- Une fiscalité douce mais durable
- Un investissement dans le neuf, avec frais de notaire réduits
- Une sécurisation du revenu locatif
- Un projet compatible avec des valeurs sociales, en favorisant le logement des classes moyennes
En résumé, le LLI s’adresse aussi bien aux investisseurs avertis qu’aux néophytes désireux de structurer leur patrimoine autour de placements résilients et utiles.
Conclusion
Alors que le Pinel appartient désormais au passé, le Logement Locatif Intermédiaire s’impose comme une solution de repli sérieuse, voire supérieure sur certains aspects. Certes, son accès nécessite quelques démarches supplémentaires, notamment la création d’une SCI, mais les avantages – fiscaux, financiers et sociaux – en font un outil à fort potentiel pour investir intelligemment dans l’immobilier neuf en 2025. À l’heure de la recherche de rendement sécurisé et d’impact positif, le LLI coche toutes les cases d’un investissement immobilier nouvelle génération.