Alors que de nombreux emprunteurs espéraient une poursuite de la baisse des taux immobiliers, les dernières données confirment une tendance à la stabilisation. Malgré un repli marqué entre janvier 2024 et mai 2025, les indicateurs économiques laissent peu d’espoir pour un retour en dessous des 3 %. Explications.
Taux immobiliers : un reflux stoppé net
Une baisse marquée… mais déjà derrière nous
Selon l’Observatoire de l’immobilier du groupe BPCE, le taux moyen sur 20 ans est passé de 4,17 % en janvier 2024 à 3,20 % en ce début juin 2025 (hors assurance emprunteur et coût des sûretés). Ce recul a nourri des espoirs chez les futurs acheteurs. Beaucoup misaient sur une poursuite de la baisse jusqu’à 3 % ou moins.
Ces chiffres sont des moyennes. Certaines banques accordent actuellement des financements sous la barre des 3% aux profils premium (revenus élevés et stables, apport personnel conséquent et projet immobilier de qualité).
L’impact de l’OAT sur les taux du crédit immobilier
Mais les signes d’un plancher sont désormais clairs. La remontée de l’OAT (Obligation Assimilable du Trésor) à 10 ans, étroitement liée aux taux fixes des prêts immobiliers, compromet toute nouvelle détente. Passée de 3 % à 3,5 % fin mars 2025, un niveau historiquement élevé depuis 2011, l’OAT s’est stabilisée autour de 3,32 % en mai, réduisant mécaniquement les marges des banques et leur capacité à proposer de meilleures conditions de crédit.
Lorsque l’OAT grimpe, les banques répercutent automatiquement cette hausse sur les taux proposés aux emprunteurs. Ce mécanisme explique en grande partie la fin de la tendance baissière observée depuis fin 2023.
Crédit immobilier : un redémarrage sous conditions
Une production de crédit en hausse malgré tout
Malgré la stabilisation des taux, la production de crédits devrait croître de 16 % en 2025, atteignant 168 milliards d’euros (estimations BPCE). Un signal positif, mais à relativiser.
Les primo-accédants, moteurs du marché
Ce regain d’activité du prêt immobilier est surtout alimenté par les primo-accédants, qui représentent plus de la moitié des emprunteurs. Les dispositifs d’aide comme le prêt à taux zéro (PTZ), élargi aux maisons neuves depuis avril 2025, contribuent à cette dynamique. Certaines banques vont même jusqu’à doubler le PTZ ou proposer des offres à taux préférentiels (sur des montants limités).
Un marché réactif, mais fragile
Les offres commerciales masquent cependant la réalité structurelle du marché. Comme le souligne l’Observatoire BPCE, le marché du crédit réagit souvent par excès. Après une phase de resserrement brutal, une phase d’expansion n’est pas nécessairement synonyme de durabilité.
Immobilier ancien : une reprise modérée
Un marché de l’ancien en convalescence
Les ventes de logements anciens devraient atteindre 825 000 en 2025, en légère hausse (+3,3 %) par rapport à 2024, mais toujours en net retrait par rapport à 2023, qui affichait alors un record historique de baisse des ventes avec 875 000 transactions. Les prix, eux, n’augmenteraient que de 1,2 % en moyenne.
Des facteurs externes encore pesants
Plusieurs freins subsistent :
- incertitudes géopolitiques
- hausse des frais de notaire inégale selon les départements
- inflation sur les charges de copropriété, etc.
Tous ces éléments grèvent les projets d’achat et ralentissent la fluidité du marché.
Taux directeurs : une influence désormais limitée
La BCE baisse ses taux, mais l’impact reste marginal
Même si la Banque Centrale Européenne (BCE) poursuit l’assouplissement de sa politique monétaire, les répercussions sur les taux immobiliers sont faibles. En cause : la forte dépendance des prêts à taux fixe à l’OAT, ainsi que la faible marge de manœuvre des établissements prêteurs.
Une OAT stabilisée = des taux verrouillés
Avec une OAT projetée autour de 3,30 % dans les mois à venir, les taux des crédits immobiliers devraient rester ancrés au-dessus de 3,20 %. Une réelle baisse exigerait un choc exogène majeur, politique ou économique.
Pourquoi les taux immobiliers resteront (probablement) au-dessus des 3 %
Le mot d’ordre pour les mois à venir est clair : pas d’effondrement, mais une stabilisation. Le scénario d’une nouvelle détente significative semble de plus en plus improbable.
Faut-il attendre une baisse des taux pour acheter ?
C’est une question que se posent encore de nombreux ménages. Mais la réponse est claire : attendre une hypothétique baisse pourrait se révéler contre-productif.
D’une part, les taux ont déjà bien baissé par rapport à leur pic de 2023, où ils avaient frôlé les 5 %. D’autre part, les prix immobiliers restent relativement stables, voire attractifs dans certaines zones rurales et périurbaines.
Dans ce contexte, les emprunteurs doivent adapter leur stratégie :
- sécuriser rapidement les offres à taux compétitifs
- comparer finement les conditions proposées
- exploiter les dispositifs d’aide comme le PTZ pour optimiser leur financement.
Pour les ménages éligibles au PTZ ou à des aides locales à l’accession, c’est même le bon moment pour investir. D’autant plus que les banques cherchent à relancer leur production de crédits, et restent ouvertes à la négociation pour les meilleurs profils.
En résumé : plutôt que d’attendre un point bas hypothétique, mieux vaut raisonner en termes de capacité d’emprunt réelle, de stabilité professionnelle et de projet de vie. Si ces éléments sont réunis, 2025 peut être une année d’opportunité, même dans un marché encore sous tension.
Conclusion : vers un nouvel équilibre du marché immobilier
Le marché immobilier de 2025 entre dans une phase de normalisation. Si les taux ne s’envolent pas, ils ne vont pas non plus redescendre. Les professionnels du secteur comme les ménages doivent désormais composer avec un environnement de crédit durablement stabilisé autour de 3,20 %. Le rêve de taux à 1% voire 2 % appartient au passé. Attendre une baisse des taux pourrait signifier manquer le bon créneau pour acheter dans un marché encore accessible.