Réforme de l'Assurance Maladie : quels soins pourraient être moins remboursés en 2026 ?

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La Caisse nationale de l'Assurance Maladie (Cnam) a récemment dévoilé un ensemble de 60 propositions visant à réduire le déficit chronique de la Sécurité sociale, qui s’élève à 13,8 milliards d’euros en 2024 et pourrait atteindre 18 milliards en 2025 si aucune mesure n’est prise. Ces propositions, soumises au vote du conseil de la Cnam le 3 juillet, ambitionnent de garantir la pérennité du système de santé français à l’horizon 2030

La réforme s’articule autour de 3 axes majeurs : la prévention, la coordination des soins et une approche du « juste soin au juste coût ». Cependant, certaines de ces mesures pourraient directement affecter les remboursements de soins essentiels, comme les affections de longue durée (ALD), les changements de lunettes ou encore les arrêts maladie. Voici une analyse détaillée des principales pistes envisagées et de leurs implications potentielles, y compris leur impact sur les mutuelles santé.

Révision du dispositif des ALD

Les Affections de Longue Durée (ALD), qui concernent des pathologies chroniques graves comme le cancer, le diabète ou les maladies cardiovasculaires, permettent actuellement une prise en charge à 100 % des soins liés à ces affections. Avec le vieillissement de la population et l’augmentation des maladies chroniques, le nombre de patients en ALD pourrait doubler d’ici 2035, exerçant une pression considérable sur les finances publiques. Pour alléger ce fardeau, la Cnam propose de revoir les critères d’éligibilité et la durée de prise en charge.

Une redéfinition des soins pris en charge

La Cnam envisage de publier une liste précise des soins jugés « spécifiques et efficaces » pour chaque pathologie en ALD, limitant ainsi les remboursements à 100 % aux traitements strictement nécessaires (sur la base du tarif conventionné). 

Par exemple, les patients en rémission d’un cancer pourraient perdre leur statut ALD, ce qui les obligerait à assumer une partie des frais de suivi médical. De même, certaines conditions considérées comme des « risques chroniques » (hypertension artérielle, obésité, hypercholestérolémie ou diabète de type 2 sans complications) pourraient être exclues du dispositif, au profit d’une approche axée sur la prévention.

Conséquences pour les patients

Cette réforme pourrait alourdir les dépenses de santé pour des millions de Français, en particulier ceux atteints de pathologies chroniques. Les patients exclus du dispositif ALD devront se tourner vers leurs mutuelles ou payer de leur poche les frais non remboursés, ce qui pourrait accentuer les inégalités d’accès aux soins. Le gouvernement devra préciser comment il entend encadrer ces changements pour éviter des répercussions trop lourdes sur les ménages.

Réduction de la prise en charge des cures thermales

Souvent prescrites pour soulager les douleurs liées à des maladies chroniques comme l’arthrose ou les troubles respiratoires, les cures thermales bénéficient actuellement d’une prise en charge partielle ou totale par l’Assurance Maladie

Les personnes en ALD profitent d’un remboursement à 100 %, tandis que les autres bénéficient d’une couverture de 65 à 70 %. Cependant, la Cnam remet en question la pertinence de cette prise en charge intégrale.

Une remise en cause de la légitimité

La Cnam souligne que l’objectif n’est pas de dérembourser totalement les cures thermales, mais de réévaluer leur financement par la collectivité. Cette proposition fait écho à un rapport de la Cour des comptes d’avril 2024, qui allait plus loin en suggérant un déremboursement complet, arguant que la France est une exception en Europe. En Allemagne, par exemple, la prise en charge des cures thermales est conditionnée aux revenus des patients.

Impact potentiel d’un déremboursement des cures thermales

Une réduction des remboursements pourrait dissuader de nombreux patients, en particulier les seniors, de recourir à ces cures, souvent perçues comme un complément thérapeutique précieux. Cela pourrait également affecter l’économie des stations thermales, qui emploient des milliers de personnes. 

Les patients devront alors se tourner vers des solutions alternatives ou assumer des coûts supplémentaires, ce qui pourrait accroître la demande sur les mutuelles santé.

Changements de lunettes moins fréquents

Actuellement, les Français peuvent renouveler leurs lunettes tous les 2 ans sans nouvelle prescription, sous certaines conditions. La Cnam propose de revoir ce système, sans préciser la nouvelle durée envisagée. Cette mesure vise à réduire les dépenses liées à l’optique, un poste coûteux pour l’Assurance Maladie.

Bon à savoir : depuis 2021, la réforme du 100% Santé optique permet d’accéder à des lunettes de correction sans reste à charge (verres et monture), dès lors que votre complémentaire santé est une mutuelle responsable.

Conséquences pour les usagers

Allonger la durée entre 2 renouvellements de lunettes pourrait poser problème pour les personnes dont la vue évolue rapidement, comme les enfants ou les seniors. Cela pourrait également limiter l’accès à des équipements adaptés, essentiels pour la qualité de vie et la sécurité (par exemple, pour la conduite). Les patients pourraient être contraints de payer de leur poche pour des lunettes supplémentaires ou de s’appuyer davantage sur leurs complémentaires santé.

Précisons toutefois que le dispositif 100% Santé prévoit un renouvellement anticipé en cas d’évolution de la vision avant le délai de 2 ans et qu’aucun délai minimal n’est requis pour les situations les plus sérieuses comme la DMLA, le glaucome ou la cataracte évolutive.

Réduction de la durée des arrêts maladie

Face à l’augmentation des arrêts maladie, la Cnam propose de limiter leur durée pour réduire les dépenses liées aux indemnités journalières. Après une hospitalisation, un arrêt de travail ne pourrait pas excéder un mois, et en ville, il serait limité à 15 jours. Les renouvellements d’arrêt maladie seraient plafonnés à 2 mois.

Un Impact sur les salariés

Cette mesure pourrait compliquer la situation des patients nécessitant un repos prolongé, notamment ceux atteints de maladies graves ou en convalescence après une opération. Une limitation trop stricte pourrait également inciter certains à reprendre le travail prématurément, au risque d’aggraver leur état de santé. Les employeurs et les mutuelles pourraient être sollicités pour compenser les pertes de revenus ou les frais médicaux supplémentaires.

Quel impact sur les mutuelles santé ?

Une pression croissante sur les complémentaires

Si elles sont adoptées, les propositions de la Cnam transféreront une partie significative des coûts de santé vers les patients et leurs mutuelles. Les complémentaires santé devront probablement ajuster leurs contrats pour couvrir les frais non remboursés par l’Assurance Maladie, notamment pour les ALD, les cures thermales et les lunettes. Cela pourrait entraîner une hausse des cotisations pour les assurés, rendant la mutuelle santé plus coûteuse, en particulier pour les seniors ou les personnes à faibles revenus.

Une réévaluation des garanties

Les mutuelles pourraient être contraintes de revoir leurs garanties pour inclure des remboursements plus élevés sur les postes ciblés par les réformes, comme les cures thermales ou les soins optiques. 

Cependant, cette adaptation pourrait se traduire par des contrats plus sélectifs ou des options à la carte, où les assurés paieraient des primes supplémentaires pour des couvertures spécifiques. Cela risque d’accentuer la fragmentation du marché des complémentaires santé, avec des offres très variables en termes de coût et de qualité.

Inégalités d’accès aux soins

Pour les ménages ne disposant pas d’une mutuelle performante, ces réformes pourraient aggraver les inégalités d’accès aux soins. Les patients à faibles revenus, qui dépendent fortement de la prise en charge à 100 % pour les ALD ou les cures thermales, pourraient renoncer à certains traitements faute de moyens. 

Les mutuelles devront jouer un rôle clé pour amortir ce choc, mais leur capacité à absorber ces nouveaux coûts dépendra de leur modèle économique et des arbitrages du gouvernement.

Un plan d’économies déjà en cours

La ministre du Travail et de la Santé, Catherine Vautrin, a annoncé un plan d’économies de 1,7 milliard d’euros pour 2025, incluant 100 millions d’euros de réduction sur les indemnités journalières. Lors d’une audition à l’Assemblée nationale, elle a qualifié les propositions de la Cnam d’« extrêmement intéressantes », laissant présager leur intégration dans le prochain budget de la Sécurité sociale. Ces mesures s’inscrivent dans un contexte de dérapage budgétaire observé en 2024, obligeant le gouvernement à agir rapidement.

Les réformes proposées par la Cnam soulignent la nécessité de rééquilibrer les finances de l’Assurance Maladie tout en préservant l’accès aux soins. Cependant, elles soulèvent des questions sur l’équité et l’efficacité du système de santé. La réduction des remboursements pour les ALD, les cures thermales, les lunettes ou les arrêts maladie pourrait fragiliser les populations les plus vulnérables, tout en augmentant la pression sur les mutuelles santé.

Le gouvernement devra trouver un équilibre entre économies budgétaires et protection des citoyens, tout en évitant une hausse excessive des cotisations des complémentaires santé. Les débats autour du budget 2026 de la Sécurité sociale seront cruciaux pour déterminer l’ampleur et la mise en œuvre de ces réformes.

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S'y ajoutent les autres frais inhérents à l'obtention du financement bancaire (frais de dossier, primes d'assurance emprunteur, garantie - hypothèque ou caution). Le coût final est exprimé par le TAEG (Taux Annuel Effectif Global), indicateur officiel qui doit figurer sur toutes les offres et supports d'information. Le taux immobilier dépend surtout de votre profil et de votre préparation Même si les taux d’intérêts des crédits immobiliers fluctuent selon les politiques monétaires ou le contexte économique, la banque reste le véritable arbitre du taux final. Votre profil emprunteur, vos revenus, votre apport et la structure de votre projet constituent les éléments clés qui permettent de négocier un taux avantageux. En maîtrisant ces 4 critères (revenus, gestion financière, apport et durée), vous augmentez significativement vos chances d’obtenir un financement dans de bonnes conditions. Un courtier en prêt immobilier peut également aider à optimiser votre dossier et à négocier le taux le plus bas selon votre profil.

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Changement d’assurance emprunteur : la loi Lemoine toujours bafouée par les banques en 2025

Trois ans après l’entrée en vigueur de la loi Lemoine, censée simplifier la résiliation infra-annuelle et ouvrir pleinement la concurrence, un constat s’impose : le changement d’assurance de prêt demeure un parcours semé d’embûches pour de nombreux emprunteurs. Une étude récente de l’Association pour la Promotion de la Concurrence en Assurance des Emprunteurs (Apcade) met en lumière la persistance de pratiques bancaires dissuasives, qui freinent toujours la liberté de choix des emprunteurs. Application de la loi Lemoine : les difficultés toujours présentes Adoptée pour garantir à chaque emprunteur la possibilité de substituer son contrat d’assurance de prêt immobilier à tout moment, la loi Lemoine promettait une révolution. Mais sur le terrain, l’expérience vécue par beaucoup reste loin des ambitions affichées. Selon l’Apcade, les obstacles rencontrés par les assurés continuent de se multiplier, malgré un cadre législatif plus favorable. L’association, qui rassemble plusieurs acteurs majeurs de l’assurance alternative, a interrogé un panel de 1 000 emprunteurs afin d’évaluer la réalité des démarches. Le résultat est sans appel : changer d’assurance de prêt reste une procédure lourde, technique et parfois décourageante. Démarches administratives : des allers-retours incessants avec les banques L’étude révèle que près de 41 % des emprunteurs ayant tenté une substitution d’assurance ont dû faire face à au moins 2 allers-retours administratifs avec leur banque. Au lieu de faciliter le processus, certains établissements multiplient les demandes indues de justificatifs, formulaires et demandes de pièces complémentaires. Ces sollicitations répétées entraînent non seulement une perte de temps, mais génèrent aussi un sentiment d’incertitude et de stress pour les assurés, qui ne savent pas toujours si leur demande sera acceptée. Le changement, pourtant prévu par la loi comme simple et rapide, s’apparente encore à un véritable parcours administratif. Important : Le seul motif de refus d’une substitution d’assurance emprunteur retenu par la loi est la non-équivalence de garanties. Des délais de réponse qui dépassent largement les exigences légales L’un des constats les plus frappants concerne les délais : Dans plus d’un tiers des dossiers, la banque met plus de 10 jours ouvrés à rendre sa décision. Dans 20 % des cas, ce délai dépasse même 20 jours, soit 2 fois plus que le délai raisonnable attendu pour un processus encadré par la loi. Ces chiffres prouvent que la résiliation infra-annuelle n’est pas encore pleinement opérationnelle, et que les emprunteurs sont loin de bénéficier de la fluidité que la loi Lemoine souhaite garantir. Des pratiques courantes selon l’Apcade L’association insiste : les difficultés rapportées par les emprunteurs ne sont pas des exceptions. Elles sont suffisamment fréquentes pour témoigner d’un dysfonctionnement généralisé dans une partie du secteur bancaire. Dans son communiqué, l’Apcade dénonce des "entraves répétées" qui vident la loi de son sens et maintiennent une domination des banques sur le marché de l’assurance de prêt. Ces pratiques, maintes fois dénoncées par les courtiers, découragent les emprunteurs qui voudraient faire jouer la concurrence, les privant ainsi de potentielles économies pouvant atteindre plusieurs milliers d’euros sur la durée d’un crédit immobilier. La répression des fraudes est déjà intervenue pour sanctionner les abus bancaires Face à la gravité de ces comportements, la répression des fraudes a mené plusieurs investigations. À l’automne dernier, 4 établissements bancaires ont été sanctionnés par la DGCCRF pour non-respect des délais légaux, avec un total d’amendes avoisinant 700 000 euros. Des pénalités significatives, mais qui ne semblent pas encore avoir suffi à rétablir un fonctionnement pleinement conforme. L’Apcade rappelle que tant que les banques ne joueront pas le jeu, les emprunteurs continueront à rencontrer des obstacles. L’avenant bancaire, un verrou qui ralentit encore la concurrence Pour l’Apcade, l’un des leviers incontournables pour fluidifier le changement d’assurance reste la suppression de l’avenant bancaire. Rédigé par la banque pour formaliser l’acceptation de la nouvelle assurance dans ce même délai de 10 jours, l’avenant en assurance de prêt constitue selon l’association un frein majeur : il rallonge la procédure il crée une dépendance envers la banque il laisse trop de marge aux établissements pour retarder ou compliquer la substitution. Éric Maumy, président d’April et membre fondateur de l’Apcade, appelle à faire sauter ce verrou. Il plaide pour une réforme plus profonde permettant de redonner pleinement la main aux emprunteurs, et affirme porter ce combat auprès de plusieurs parlementaires. Son objectif est d’identifier prochainement un véhicule législatif capable de corriger ces dysfonctionnements de manière durable. Une liberté de choix de l’assurance de prêt encore théorique pour une partie des emprunteurs Si la loi garantit en théorie la possibilité de changer d’assurance quand on le souhaite, la réalité montre qu’une partie des emprunteurs n’ose pas engager la démarche. Les obstacles administratifs, les délais aléatoires et la peur du refus constituent autant de freins psychologiques. Pourtant, les avantages d’un changement sont bien réels : baisse potentielle du coût total du crédit garanties mieux adaptées au profil possibilité de protéger davantage sa famille à coût équivalent. L’Apcade estime que renforcer la transparence et simplifier les démarches permettrait à des milliers de ménages de reprendre le contrôle sur leur assurance. La substitution d’assurance progresse malgré tout Malgré les difficultés, certains signaux restent encourageants. L’étude souligne que le changement d’assurance se démocratise progressivement : 60 % des emprunteurs ayant procédé à une substitution appartiennent à des catégories socioprofessionnelles intermédiaires ou à des employés. Autrement dit, ce ne sont plus seulement les profils les mieux informés ou les plus aisés qui s’engagent dans la substitution. La loi Lemoine a ouvert la voie à une démocratisation réelle, même si le chemin reste long pour une application fluide et équitable pour tous. Vers un marché plus concurrentiel : un enjeu majeur pour le pouvoir d’achat Dans un contexte où les ménages cherchent à optimiser chaque poste de dépense, l’assurance emprunteur figure parmi les leviers les plus importants pour réduire le coût d’un crédit immobilier. Le marché représentait encore plusieurs milliards d’euros en 2025, captés à plus de 85% par les banques. Une concurrence réellement ouverte permettrait : de renforcer le pouvoir d’achat des ménages de pousser les acteurs à proposer des tarifs plus attractifs de favoriser l’innovation dans les garanties proposées. Mais tant que les freins actuels ne seront pas levés, les bénéfices théoriques resteront partiellement inaccessibles. On peut toutefois indiquer une forte baisse des tarifs d’assurance de prêt immobilier depuis 2020, estimée à 27% par le courtier Magnolia.fr, un phénomène unique en matière d’assurance où l’inflation est constante depuis plusieurs années. Entre 2020 et 2025, les primes de mutuelle santé ont bondi de 50% et celles de l'assurance habitation de 35%.

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Crédit immobilier : toutes les infos pour emprunter en décembre 2025

En décembre 2025, le marché du crédit immobilier offre enfin un climat apaisé après de longs mois de turbulences. La stabilité des taux, la reprise progressive des transactions et le retour marqué des primo-accédants redonnent de l’élan au secteur. Pour les emprunteurs, cette période constitue une véritable fenêtre de tir : conditions attractives, prix globalement contenus, pouvoir d’achat stabilisé… Tout indique que la fin d’année 2025 est propice pour concrétiser un projet immobilier.  Des taux immobiliers stables : un climat propice aux emprunteurs Après les fortes hausses observées entre 2022 et 2024, les taux de prêt immobilier semblent avoir atteint un niveau rassurant. Comme en novembre 2025, la tendance en décembre est clairement à la stabilisation. Les chiffres clés des taux en décembre 2025 Selon les grilles bancaires reçues par les courtiers, les taux moyens de crédit immobilier (hors assurance emprunteur et coût des sûretés) oscillent actuellement : Sur 15 ans : entre 3,07 % et 3,30 % Sur 20 ans : entre 3,23 % et 3,35 % Sur 25 ans : entre 3,34 % et 3,45 % Les meilleurs profils d’emprunteurs peuvent obtenir des décotes significatives : 2,90 % sur 15 ans 3,05 % sur 20 ans 3,10 % sur 25 ans Ces niveaux confirment une tendance forte : le marché se stabilise durablement. Les banques, rassurées par des conditions monétaires stables, assouplissent légèrement leurs grilles et rouvrent davantage le crédit. Pourquoi cette stabilité des taux profite aux emprunteurs ? La situation offre plusieurs avantages : Visibilité accrue : les ménages peuvent se projeter sans craindre une remontée brutale. Financements plus accessibles : les banques redeviennent plus enclines à prêter. Concurrence bancaire stimulée : les établissements cherchent à capter de nouveaux clients, ce qui peut faciliter les négociations. Un marché immobilier ancien en pleine relance La stabilisation des taux entraîne mécaniquement une reprise du marché de l’ancien. Après 2 années marquées par les désistements et la frilosité des acheteurs, les transactions repartent nettement à la hausse. Un volume de ventes au plus haut depuis 2022 Le secteur enregistre 921 000 transactions sur 12 mois, un niveau inégalé depuis 3 ans. Cette dynamique s’explique par plusieurs facteurs : Les vendeurs réajustent leurs prix, ce qui fluidifie le marché. La demande repart, avec une hausse de +9 % sur un an. Les prix se stabilisent et progressent légèrement, de +0,7 % sur un an en moyenne. Primo-accédants : la locomotive du marché en 2025 Les primo-accédants profitent pleinement : du maintien du PTZ (Prêt à Taux Zéro), prolongé et élargi à tout le territoire et à la maison individuelle de taux devenus attractifs après leur pic de 2023-2024 d’un marché devenu plus accessible dans de nombreuses villes. Attention : Les banques ne distribuent plus de PTZ depuis la mi-novembre en raison de la lourdeur administrative à l’approche du bilan annuel. Les dossiers traités actuellement sont comptabilisés pour l’année 2026. Les primo-accédants représentent une part majeure de la demande et soutiennent la reprise, à la différence des investisseurs locatifs, davantage freinés par : l’encadrement des loyers dans certaines villes les contraintes énergétiques (DPE, rénovation, interdiction de location des logements de la classe G depuis janvier 2025) la rigidité des règles du HCSF (Haut Conseil de Stabilité Financière). Pouvoir d’achat immobilier : un équilibre retrouvé Il faut signaler un fait notable dans le contexte actuel : le pouvoir d’achat immobilier reste stable d’un mois à l’autre, avec des variations minimes, comprises entre –0,78 m² et +0,68 m² selon le courtier Cafpi. Pourquoi cela change tout pour les acheteurs ? Une stabilité du pouvoir d’achat permet de calibrer plus facilement son budget et de mieux mesurer sa capacité d’emprunt. Les ménages peuvent anticiper leurs mensualités et leur plan de financement. Les acheteurs retrouvent une marge de négociation raisonnable dans certaines régions. Même si les disparités territoriales persistent, ce contexte offre une sérénité nouvelle aux porteurs de projets : ceux qui hésitaient encore fin 2024 franchissent désormais le pas. Les facteurs qui contribuent à la reprise du marché immobilier en décembre 2025 La conjonction de plusieurs éléments explique ce regain de dynamisme. Stabilité des taux obligataires : un pilier de la reprise Avec une OAT 10 ans (3,41 % au 27 novembre) dotée d’une faible volatilité et des taux directeurs inchangés, le marché retrouve une constance qui rassure autant les emprunteurs que les banques. Des vendeurs plus réalistes L’ajustement des prix a permis de réduire les blocages observés en 2023-2024. Résultat : des biens plus accessibles et un délai de vente qui se raccourcit. Un marché ancien plus fluide Plus de mandats, plus de visites, plus de compromis signés : les signaux sont au vert. Une accalmie économique générale Pourtant loin d’être flamboyante, la situation économique de fin 2025 est suffisamment stable pour encourager les ménages à relancer leurs projets. Impacts concrets pour les emprunteurs : une fenêtre de tir à saisir en décembre Des conditions de financement favorables Avec des taux attractifs et une concurrence bancaire recrudescente, les emprunteurs peuvent : négocier leur taux optimiser leur assurance emprunteur grâce à la délégation et à la loi Lemoine qui permet de changer d'assurance de prêt à tout moment ajuster la durée d’emprunt sans explosion du coût total du crédit. Rappel : Les règles du HSCF plafonnent le taux d’endettement à 35% des revenus nets (assurance emprunteur comprise) et la durée maximale de remboursement à 25 ans (voire 27 ans en cas d’achat en VEFA ou dans l’ancien avec travaux de rénovation). Une meilleure visibilité pour acheter Le contexte, loin d’être incertain comme en 2023-2024, permet de planifier sereinement un achat de résidence principale. 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