La substitution annuelle de l'assurance de prêt a été définitivement adoptée par le Parlement mercredi 8 février dernier. Cette mesure va permettre de fluidifier le marché de l'assurance emprunteur, un mouvement qui devrait profiter aux assureurs individuels au détriment des banques. Ces dernières voudront-elles compenser le manque à gagner sur ce produit à fortes marges ?
Substitution annuelle dès mars 2017
A compter de mars prochain, les nouveaux emprunteurs pourront changer d'assurance de prêt après la première échéance de leur crédit immobilier, une possibilité offerte chaque année tout au long de la durée de leur crédit. Mieux que loi Hamon qui limite la substitution aux 12 mois qui suivent la signature du prêt. Tous les prêts en cours bénéficieront du même droit à compter du 1er janvier 2018. Il s'agit là d'une étape fondamentale pour le marché de l'assurance emprunteur. Quasi monopole des banques qui détiennent 85% du produit, l'assurance de prêt est un élément indispensable à toute demande de crédit immobilier. Malheureusement négligée durant la période de négociation au profit du taux nominal, elle peut parfois coûter autant que les intérêts. La concurrence existe pourtant : à garanties équivalentes, les assurances déléguées souscrites auprès d'assureurs spécialisés coûtent deux à trois fois moins cher que les contrats bancaires.
Vers une hausse des taux ?
Excellente nouvelle pour les emprunteurs qui ont désormais la possibilité de changer d'assurance quand bon leur semble, comme ils peuvent le faire pour l'assurance auto ou l'assurance habitation. Les banques font elles grise mine. Après avoir mis en exergue auprès des parlementaires un risque de démutualisation, elles craignent à moyen terme que la substitution annuelle de l'assurance ne pèse sur leur rentabilité. L'hypothèse d'une résiliation massive des contrats bancaires pourrait en effet les pénaliser. A côté des taux bas qu'elles contribuent à maintenir à ce niveau en ne répercutant que mollement la forte remontée des taux d'emprunt d'Etat (OAT 10 ans), l'assurance de prêt leur assure depuis trois ou quatre ans des marges confortables (environ 50%). Pour compenser le manque à gagner, elles pourraient être tentées de marger plus fortement sur les taux et déstabiliser la belle dynamique qui porte l'immobilier depuis un an.