Arrivée d'un enfant: impact sur le crédit immobilier

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La naissance ou l'adoption d'un enfant bouleverse la vie du couple, et oblige parfois à certains changements comme un déménagement. Cet heureux événement a aussi des conséquences sur un projet immobilier, a fortiori sur un prêt déjà en cours. L'arrivée d'un enfant impose de prendre en compte les éléments suivants.

 

Anticiper une baisse de revenus

La banque va prendre en compte l'arrivée d'un enfant pour calculer le taux d'endettement. Si le projet d'agrandir la famille est formulé lors de la demande de financement, l'établissement de crédit va intégrer cette donnée pour évaluer le reste à vivre, une notion fondamentale pour déterminer la capacité d'emprunt du ménage.

En moyenne, les banques estiment que le reste à vivre, c'est-à-dire la somme disponible une fois déduites les mensualités de crédit, doit atteindre 2 000€ pour un couple, augmenté de 500€ par enfant au moment de la signature du prêt. Ces 500€ sont loin d'être négligeables, car ils vont diminuer d'autant la capacité d'emprunt. L'arrivée d'un premier enfant, tout comme l'agrandissement de la famille, entraînant une augmentation des dépenses du quotidien, en découle une baisse du montant empruntable, puisque la règle du taux d’endettement maximum à 35% reste immuable.

Congés maternité, paternité et parental

La bonne nouvelle, c'est que les revenus restent à leur niveau en période de congé maternité. La future mère voit son salaire de base maintenu sous forme d'indemnités journalières (IJ) sous réserve de remplir les conditions requises (durée d'affiliation minimale, nombre de travaux effectués, montant des cotisations payées) sur une durée de :

  • 16 semaines pour une première ou une seconde naissance
  • 26 semaines pour une troisième naissance
  • 34 semaines en cas de jumeaux
  • 46 semaines pour des triplés ou plus.

Bénéficient d'IJ sans formalité à accomplir les femmes salariées et les travailleurs indépendants. Les femmes enceintes ayant perçu une allocation de Pôle Emploi au cours des 12 derniers mois ou qui ont arrêté de travailler depuis moins de 12 mois doivent transmettre leurs 4 derniers bulletins de salaire pour bénéficier d'indemnités journalières.

L'IJ est calculée sur la base des salaires des 3 mois précédant le congé maternité ou les 12 mois précédents en cas d'activité saisonnière ou non continue, dans la limite du plafond de la Sécurité Sociale (3 428€ au 1er janvier 2021). Le montant de l'IJ est de 89,03€ par jour avant déduction des charges sociales au taux de 21%.

Les IJ pour congé maternité ne sont pas cumulables avec d'autres indemnités ou allocations.

Quant au congé paternité, il est passé à 25 jours calendaires pour une grossesse simple et à 32 jours calendaires pour une grossesse multiple pour les naissances intervenues à compter du 1er juillet 2021. Une prolongation de la période initiale de 4 jours est prévue, à la demande du père salarié, en cas d’hospitalisation immédiate de l’enfant après la naissance, pendant toute la période d’hospitalisation et pour une durée maximale de 30 jours. Le père salarié touche les indemnités journalières de la Sécurité Sociale quels que soient son ancienneté dans l'entreprise et le type de contrat de travail (CDI, CDD, temporaire).

Le congé maternité comme le congé paternité n'a aucune incidence sur l'emprunt, puisqu'il garantit le maintien des revenus.

Il en est tout autre du congé parental que les parents peuvent prendre après la naissance ou l'adoption de l'enfant ensemble ou séparément. Il fait généralement suite au congé maternité et paternité. N'étant pas indemnisé (sauf éventuelle allocation par la CAF ou la MSA), le congé parental s'apparente à un congé sans solde. La banque ne va pas prendre en compte les revenus durant cette période, sauf si la date de retour au travail est prévue dans moins de 3 mois (sur attestation de l'employeur).

Assurance de prêt et maternité

Le crédit immobilier est nécessairement couvert par une assurance de prêt qui prend le relais de l'emprunteur pour rembourser les mensualités en cas d'aléas de la vie (décès, perte d'autonomie, incapacité et invalidité). La grossesse n'étant pas une maladie, l'assurance n'a pas vocation à intervenir durant le congé pré et post-natal, encore moins en cas de congé paternité ou parental.

D'ailleurs, rares sont les questionnaires médicaux à remplir au moment de la souscription à l'assurance de prêt à mentionner une occurrence directe sur la grossesse. Si la question est posée, la future maman doit indiquer son état en vertu de la réglementation qui oblige à déclarer l'état de santé actuel comme les antécédents.

En l'absence de toute mention relative à une grossesse en cours, les courtiers recommandent de la signaler par courrier à l'assureur pour éviter toute méprise éventuelle en cas de demande de prise en charge. En cas de risques déclarés (tabagisme, obésité, problèmes cardio-vasculaires, etc.), la grossesse peut entraîner des complications, provoquant une demande d'indemnisation au titre de la garantie ITT (Incapacité Temporaire Totale de travail). Raison pour laquelle l'assureur va soumettre cette couverture à une surprime.

L'assurance emprunteur entre en jeu uniquement en cas de grossesse pathologique (diabète gestationnel, hypertension artérielle, toxémie gravidique) qui touche autour de 7% des femmes enceintes. La réglementation oblige les assureurs à couvrir les arrêts de travail relevant de ce risque. L'exclusion de garantie pour grossesse pathologique est interdite. En revanche, la garantie ITT ne s'applique qu'après un délai de carence qui peut aller jusqu'à 6 mois et un délai de franchise généralement fixé à 90 jours. Dans l'intervalle, les co-emprunteurs devront continuer d'assumer les mensualités malgré la baisse éventuelle des revenus.

Arrivée d'un enfant en cours de crédit immobilier

Si l'heureux événement intervient alors que le couple détient déjà un crédit immobilier, celui-ci devra faire face à une baisse du revenu disponible pour assumer les mensualités. Notre couple aura été bien inspiré d'avoir souscrit un prêt modulable qui permet de réduire les échéances en contrepartie d'un allongement de la durée de remboursement pouvant aller jusqu'à 36 mois.

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Surtaxe sur les mutuelles santé : votre cotisation va-t-elle fortement augmenter en 2026 ?

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La surtaxe adoptée par les députés n’étant pas intégrée dans ces augmentations, elle risque d’influencer : les contrats 2027 les contrats collectifs en renégociation les planchers de garanties la politique de remboursement des mutuelles. On peut donc s’attendre à une hausse différée, mais probable, si aucun mécanisme régulateur n’est instauré en 2027. Les organismes pourraient aussi décider de lisser la surtaxe sur plusieurs années sur leurs adhérents. Vers un renoncement aux soins pour les assurés les plus fragiles ? Les témoignages recueillis dans les médias montrent une tendance inquiétante : 135 euros par mois pour une retraitée isolée 250 euros par mois pour un couple de retraités Pour les professionnels de santé, cette dynamique inflationniste risque d’accentuer un phénomène déjà observé : le renoncement aux soins, particulièrement pour les postes de soins les plus onéreux, c’est-à-dire les lunettes, l’hospitalisation et les soins dentaires. Si vous estimez payer trop cher et/ou être mal remboursé par votre complémentaire, profitez de la résiliation infra-annuelle en mutuelle santé : vous avez le droit de dénoncer le contrat à tout moment, sans frais et sans motif, après une année révolue de souscription. Mettez les offres en concurrence et économisez jusqu'à 300€ par an à couverture équivalente.  

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Budget de la Sécurité Sociale : quels sont les changements prévus en 2026 ?

Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 a été définitivement adopté mardi 16 décembre par l'Assemblée nationale. Le vote, particulièrement serré, illustre les fortes tensions politiques qui entourent ce texte structurant pour le système social français. Désormais attendu au Sénat pour un examen accéléré, ce budget dessine les grandes orientations de la politique sociale et sanitaire pour l’année à venir, dans un contexte de déficit élevé et de pressions croissantes sur les dépenses de santé. Retour détaillé sur les conditions d’adoption du PLFSS 2026, ses principales mesures et les enjeux qui en découlent pour les assurés, les entreprises et les complémentaires santé. Un vote du PLFSS 2026 sous haute tension à l’Assemblée Nationale Une adoption à 15 voix près L’adoption du PLFSS 2026 s’est jouée à quelques voix près. À l’issue de plusieurs jours de débats animés, le texte a été approuvé par 247 députés, contre 232 oppositions. Quinze voix seulement séparent donc l’adoption du rejet, ce qui témoigne de la fragilité de la majorité réunie autour de ce budget social. Une victoire politique pour l’exécutif Pour l’exécutif, ce vote constitue néanmoins une victoire politique. Après plusieurs semaines de négociations transpartisanes, le Premier ministre Sébastien Lecornu a salué « une majorité de responsabilité », mettant en avant la capacité à faire émerger des compromis au service de l’intérêt général. Un déficit social toujours élevé en 2026 Un déséquilibre structurel persistant Le PLFSS pour 2026 s’inscrit dans un contexte budgétaire contraint. Le déficit prévisionnel de la Sécurité sociale est évalué à près de 20 milliards d’euros, un niveau qui reflète la progression des dépenses de santé, le vieillissement de la population et l’élargissement des dispositifs sociaux. Un arbitrage entre rigueur et protection sociale Face à cette situation, le gouvernement a opté pour une ligne médiane : contenir certaines dépenses tout en mobilisant de nouvelles recettes et en préservant les mécanismes de solidarité. Voici les principales mesures contenues dans le PLFSS 2026. Réforme des retraites : une suspension actée, mais temporaire Un report partiel de la réforme de 2023 Parmi les mesures les plus commentées et les plus clivantes figure la suspension partielle de la réforme des retraites. Les assurés nés entre janvier 1964 et mars 1965 pourront partir à la retraite à 62 ans et 9 mois, soit 3 mois plus tôt que prévu initialement. Un assouplissement des conditions de taux plein Le nombre de trimestres requis pour une pension à taux plein est abaissé à 170 trimestres, contre 171 auparavant. Ces ajustements visent à apaiser le climat social sans abandonner définitivement la réforme. Une reprise envisagée à partir de 2028 Sauf revirement politique majeur, la réforme devrait reprendre sa trajectoire initiale à compter de janvier 2028, après l’échéance présidentielle de 2027. Un encadrement renforcé des arrêts de travail Des durées maximales désormais plafonnées Le PLFSS 2026 prévoit un encadrement plus strict des arrêts de travail. Un premier arrêt ne pourra excéder 1 mois, tandis que chaque renouvellement sera limité à 2 mois. Un objectif de maîtrise des dépenses Cette mesure vise à limiter la progression des indemnités journalières tout en renforçant le suivi médical des arrêts de longue durée. Les complémentaires santé mises à contribution Une contribution exceptionnelle d’un milliard d’euros Les mutuelles et autres organismes de complémentaires santé devront contribuer à hauteur d’un milliard d’euros au financement du système de soins. Cette mesure s’inscrit dans un contexte de dépenses médicales en forte augmentation. Un risque de répercussion sur les cotisations L’instauration de cette nouvelle taxe de 2,05 % sur les mutuelles santé, destinée selon le gouvernement à récupérer les hausses indues opérées en 2025, va être répercutée sur les cotisations des assurés, et contribuer à l’augmentation moyenne de 4,3 % prévue sur les contrats individuels en 2026. Entre 2022 et 2026, les tarifs des complémentaires santé auront bondi de près de 27 %. Hausse de la CSG sur les revenus du capital Le texte prévoit une augmentation de la CSG sur les revenus du capital afin de renforcer les recettes sans alourdir la fiscalité sur les revenus d’activité. Le taux va grimper de 9,2 % à 10,6 %, ce qui porte la flat tax à 31,4 % au lieu de 30 %. Il touchera les produits d’épargne financière : dividendes, intérêts, plus-values mobilières et placements détenus sur comptes-titres et PEA. Les revenus fonciers, les produits d’épargne réglementés et l’assurance vie ne sont pas concernés par la mesure pour éviter de pénaliser l’investissement locatif et l’épargne longue comme le PER (Plan d’Épargne Retraite). Revalorisation des prestations sociales et des pensions Fin du gel et retour de l’indexation sur l’inflation Le PLFSS 2026 met fin au gel des prestations sociales et des pensions. Celles-ci seront de nouveau indexées sur l’inflation, permettant de préserver le pouvoir d’achat des bénéficiaires. Un nouveau congé parental dès 2026 Un nouveau congé parental supplémentaire entrera en vigueur au 1er janvier 2026. Ouvert aux 2 parents, il viendra compléter les congés existants afin de mieux accompagner les premiers mois de l’enfant, et ne pourra pas excéder 2 mois. Un effort budgétaire inédit pour la santé Le budget de l’Objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam) est relevé à +3 %, contre +2,1 % initialement prévus. 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