Assurance emprunteur : les 5 facteurs personnels qui augmentent son coût
Lorsque vous sollicitez un crédit immobilier, la banque exige systématiquement une assurance emprunteur pour se prémunir contre les risques de décès, d’invalidité ou d’incapacité de travail. Mais ce contrat, souvent perçu comme une formalité, peut considérablement alourdir le coût global de votre prêt. Pourquoi ? Parce que certaines caractéristiques personnelles influent directement sur le tarif appliqué par l’assureur. Décryptage de ces facteurs de majoration souvent méconnus, mais cruciaux pour anticiper le coût de votre assurance.
Âge : un risque statistique majeur pour les assureurs
Plus vous avancez en âge, plus vous représentez un risque statistique accru pour l’assureur. C’est une réalité actuarielle incontournable : la probabilité de développer une maladie grave ou de décéder augmente avec l’âge, ce qui entraîne mécaniquement une hausse des cotisations.
Pourquoi l’âge fait grimper le coût de l’assurance de prêt ?
Majoration tarifaire dès 45 ans : la plupart des assureurs commencent à appliquer des surprimes d’assurance de prêt à partir de 45 ans, voire plus tôt chez certains.
Plafond d’âge : au-delà de 65 ou 70 ans, la plupart des compagnies refusent purement et simplement d’assurer certains risques comme l’invalidité ou la perte d’autonomie.
Durée de remboursement plus courte : un emprunt contracté à 55 ans sur 20 ans implique un remboursement jusqu’à 75 ans, ce qui accroît la prime mensuelle.
Santé : antécédents médicaux et questionnaire à la loupe
La santé de l’emprunteur est un élément central dans le calcul du tarif de l’assurance de prêt. À la souscription, vous devez remplir un questionnaire médical qui permet à l’assureur d’évaluer votre niveau de risque.
Ce que l’assureur analyse
Antécédents médicaux personnels et familiaux
Pathologies chroniques (diabète, hypertension, cancer, etc.)
Traitements en cours ou passés
Hospitalisations récentes
Arrêts de travail durant les 5 dernières années
Ces informations peuvent donner lieu à :
Une surprime : un pourcentage supplémentaire appliqué à la cotisation de base.
Une exclusion de garantie : certaines maladies ne seront pas couvertes, notamment les maladies préexistantes à la souscription.
Un refus d’assurance dans les cas les plus graves.
Bon à savoir : si vous êtes malade ou avez été gravement malade, vous pouvez bénéficier de la convention Aeras (s’Assurer et Emprunter avec un Risque Aggravé de Santé). Ce dispositif opposable aux banques et aux assureurs permet d’accéder à l’assurance et au crédit à des conditions encadrées selon la pathologie concernée.
La réforme du droit à l’oubli
Depuis 2022, la loi Lemoine a réduit le délai du droit à l’oubli à 5 ans, au lieu de 10 auparavant, après la fin du protocole thérapeutique pour les anciens malades du cancer ou de l’hépatite C. Cela permet à de nombreux emprunteurs de ne plus déclarer ces pathologies, facilitant l’accès à une assurance sans majoration.
L’accès au crédit immobilier sans questionnaire de santé
La loi Lemoine a introduit une autre réforme majeure. Pour les parts assurées allant jusqu’à 200 000€ (400 000€ en cas d’emprunt à 2 avec quotité d’assurance à 50% sur chaque tête), et soldées avant le 60ème anniversaire de l’emprunteur, le questionnaire de santé est supprimé.
Cela signifie que, peu importe votre état de santé, vous pouvez souscrire une assurance de prêt immobilier sans sélection médicale discriminatoire.
Tabagisme : un impact immédiat sur la tarification de votre assurance emprunteur
Le fait de fumer est un critère clairement discriminant pour les assureurs. Le tabagisme est considéré comme un risque aggravé de santé, ce qui entraîne presque systématiquement une surprime sur le contrat d’assurance emprunteur. Même si vous êtes en bonne santé, la simple déclaration de votre consommation de tabac suffit à faire grimper la note.
Fumeur ou non-fumeur : une déclaration qui change tout
Lors de la souscription, l’assureur vous demandera si vous êtes fumeur ou non-fumeur. La définition du non-fumeur est claire :
Toute personne n’ayant jamais consommé de tabac
Toute personne ayant arrêté de fumer depuis au moins 24 mois (2 ans).
Conséquences financières du tabagisme
Surprime jusqu’à 70% sur la cotisation de base (ancre)
Possibilité de minoration selon consommation chez certains assureurs
Exigence d’un test de cotinine (biomarqueur de la nicotine) pour prouver votre statut de non-fumeur si vous avez récemment arrêté
Bon à savoir : Le tabagisme impacte non seulement le tarif de l’assurance, mais aussi l’acceptation des garanties. Par exemple, un fumeur de plus de 50 ans avec antécédents médicaux peut se voir appliquer des exclusions ou un refus partiel de couverture.
Important : ne faites jamais l’erreur de mentir lors de la souscription. Toute fausse déclaration en assurance emprunteur peut entraîner la nullité du contrat, avec de graves conséquences sur le crédit en cours.
Profession : les métiers à risques davantage pénalisés
Le métier que vous exercez peut également faire grimper la facture de votre assurance emprunteur. En effet, certaines professions exposent davantage au risque d’accident, d’invalidité ou d’arrêt de travail prolongé. L’assureur applique alors une surprime professionnelle, voire des exclusions spécifiques.
Professions souvent considérées à risques
Forces de l’ordre (policiers, gendarmes)
Pompiers professionnels
Travailleurs du BTP (maçons, couvreurs, grutiers…)
Conducteurs routiers
Marins, personnels navigants aériens
Militaires
Personnes manipulant des produits toxiques ou chimiques
Cela implique :
Tarifs plus élevés, pouvant aller jusqu’à +50 % selon les cas
Exclusions liées aux risques professionnels spécifiques
Questionnaire professionnel détaillé à fournir
Que faire pour limiter les coûts d’assurance liés à la profession ?
Comparer les offres via un courtier spécialisé en assurance de prêt
Choisir un contrat individuel plutôt qu’un contrat bancaire, vous offrant ainsi une meilleure prise en compte de votre profil professionnel
Négocier certaines garanties sur mesure (par exemple, couverture limitée à certaines tâches)
Pratique sportive : les loisirs à risques passent à la caisse
La pratique d’un sport à risques est un autre facteur majeur de surcoût dans une assurance emprunteur. Certaines disciplines augmentent significativement le risque de blessure grave ou de décès, ce qui pousse les compagnies à ajuster leurs tarifs, voire à exclure certaines garanties.
Sports considérés comme dangereux
Voici quelques exemples d’activités sportives à risques :
Sports aquatiques comme la plongée sous-marine
Sports de combat (MMA, boxe, judo, etc.)
Parachutisme et sports aériens
Sports équestres
Alpinisme, escalade, ski hors-piste
Sports mécaniques (moto, rallye, karting)
Attention : il n'y a pas de liste universelle des sports à risques ; chaque assureur définit les activités sportives qu'elle décide d'exclure de la couverture. Lisez bien les conditions générales et en cas de pratique d'un sport dangereux, vous en informez l'assureur qui demandera des compléments d'information.
Conséquences possibles
Surprime sportive sur la cotisation mensuelle
Exclusion des garanties en cas d’accident lié au sport pratiqué
Obligation de remplir un questionnaire spécifique sur la fréquence, le niveau et l’encadrement
Bon à savoir : les baptêmes et initiations, qui sont de fait occasionnels, n’entraînent pas d’exclusion de garantie ni de surprime.
Comment réduire le coût de son assurance emprunteur malgré ces facteurs ?
Bien que certains éléments comme l’âge ou les antécédents médicaux soient immuables, il existe des leviers pour faire baisser le coût global de votre assurance emprunteur :
Faire jouer la concurrence en comparant plusieurs assureurs : utilisez un comparateur d’assurance de prêt pour accéder aux meilleures offres du moment, en adéquation avec les exigences bancaires de couverture minimale.
Délier son contrat d’assurance du prêt : grâce à la loi Lemoine, vous pouvez changer d’assurance emprunteur à tout moment, et souscrire une offre mieux adaptée à votre situation, plus protectrice et souvent moins chère.
Passer par un courtier pour accéder à des contrats sur mesure
Améliorer son profil de risque : arrêt du tabac, surveillance de la santé, certification d’aptitude physique
Négocier uniquement les garanties nécessaires (exemple : supprimer la garantie ITT pour un emprunteur retraité)
Rappelons qu’en vertu de la loi Lagarde vous pouvez choisir librement votre assurance de prêt et ne pas souscrire automatiquement la formule bancaire, mutualisée et jusqu’à 4 fois plus chère que les offres déléguées.
Conclusion
Le coût de l’assurance emprunteur n’est pas uniforme : il varie fortement selon des critères personnels sur lesquels l’emprunteur n’a parfois que peu de prise. L’âge, la santé, la profession exercée ou encore les loisirs et le tabagisme peuvent entraîner des surprimes significatives ou des exclusions de garantie. Toutefois, une analyse fine de votre profil, couplée à une mise en concurrence rigoureuse des contrats, permet souvent de réduire la facture et de souscrire une couverture plus adaptée à votre situation.
FAQ : Assurance emprunteur et facteurs de majoration
Peut-on refuser de répondre au questionnaire médical ?Non, la souscription à l’assurance de prêt passe nécessairement par le questionnaire de santé, sauf exception (prêt immobilier jusqu’à 200 000€ remboursé avant votre 60ème anniversaire).
Une profession de bureau est-elle avantagée ?Oui, les professions dites "sédentaires" sont généralement moins risquées, donc moins chères à assurer.
Le sport amateur est-il systématiquement pénalisé ?Non, seuls les sports considérés comme à risque peuvent entraîner une majoration, qu’ils soient pratiqués à titre amateur ou professionnel.
Peut-on changer d’assurance après signature du prêt ?Oui, depuis la loi Lemoine, vous pouvez résilier et changer d’assurance à tout moment sans frais, dès le lendemain de la signature de l’offre de prêt immobilier.
Assurance emprunteur
03/07/2025