Le Plan d’Épargne Retraite (PER) est rapidement devenu un pilier de la stratégie patrimoniale des Français. Créé par la loi Pacte en 2019, ce produit d’épargne permet de préparer sa retraite tout en profitant d’avantages fiscaux attractifs. Mais au-delà de sa simple utilisation comme enveloppe d’épargne, il peut devenir un véritable outil de stratégie financière avancée lorsqu’il est combiné avec l’effet de levier.
L’effet de levier consiste à utiliser l’endettement ou l’optimisation fiscale pour démultiplier la rentabilité d’un placement. Appliqué au PER, il ouvre des perspectives particulièrement intéressantes : réduction immédiate de l’impôt sur le revenu, rendement supérieur à l’investissement personnel, et transmission optimisée du patrimoine.
Qu’est-ce que le PER ?
Définition et objectifs
Le Plan d’Épargne Retraite est un produit d’épargne longue durée destiné à compléter les revenus de l’assuré au moment de la retraite. Son objectif est double :
- inciter les Français à se constituer une épargne retraite,
- proposer des avantages fiscaux immédiats grâce à la déductibilité des versements.
Les 3 compartiments du PER
Le PER regroupe en une seule enveloppe les différents anciens dispositifs (PERP, Madelin, PERCO, article 83). Il se compose de 3 compartiments :
- PER individuel (ou PERIN) : souscrit à titre personnel auprès d’une banque ou d’un assureur.
- PER collectif : mis en place par l’entreprise et alimenté par l’épargne salariale (intéressement, participation).
- PER obligatoire : réservé à certaines catégories de salariés et financé par des cotisations obligatoires.
Les avantages principaux du PER
- Déduction fiscale : les versements volontaires peuvent être déduits du revenu imposable dans certaines limites.
- Souplesse de sortie : rente, capital, ou combinaison des deux au moment de la retraite.
- Possibilités de sortie anticipée (achat de la résidence principale, accidents de la vie).
Qu’est-ce que l’effet de levier ?
Définition générale
L’effet de levier est un mécanisme qui permet à un investisseur de maximiser son rendement en mobilisant des ressources externes (souvent de l’emprunt) ou en optimisant l’effet fiscal.
Autrement dit, c’est l’art d’utiliser « l’argent des autres » ou la réduction d’impôt pour accroître la performance d’un investissement.
Deux types d’effet de levier
- Effet de levier financier : consiste à recourir à l’endettement. Exemple : emprunter 50 000 € pour investir dans un actif qui rapporte plus que le coût du crédit.
- Effet de levier fiscal : repose sur la réduction d’impôt générée par l’investissement. Exemple : placer 10 000 € dans un PER qui procure 4 000 € d’économie d’impôt, ce qui diminue le coût réel de l’investissement.
L’effet de levier et la retraite
Dans le cadre du PER, l’effet de levier fiscal est particulièrement intéressant car il agit dès le moment du versement. L’épargnant profite immédiatement d’une économie d’impôt, ce qui rend l’investissement beaucoup plus rentable.
PER et le double effet de levier : fiscal et financier
Là où le PER se distingue des autres enveloppes d’épargne (assurance vie, PEA, compte-titres), c’est dans sa capacité à offrir un double effet de levier.
L’effet de levier fiscal
Chaque versement permet de réduire son impôt, parfois massivement.
Prenons un exemple concret :
- Un contribuable dans la tranche marginale d’imposition (TMI) à 41 % verse 10 000 € sur son PER.
- Grâce à la déductibilité, il bénéficie d’une réduction d’impôt de 4 100 €.
- Le coût réel de son effort d’épargne est donc de 5 900 € au lieu de 10 000 €.
Autrement dit, l’État finance une partie de son épargne retraite. Cet effet de levier fiscal peut être exploité année après année.
L’effet de levier financier
Cet avantage fiscal se combine avec le rendement des placements.
- Sur fonds euros, l’effet reste modeste.
- Sur PER UC, il devient exponentiel si les marchés sont porteurs.
Comparaison avec d’autres placements
Contrairement à un livret A ou une assurance vie, où le rendement repose uniquement sur la performance financière, le PER ajoute une couche fiscale qui dope le rendement net.
Exemple chiffré d’effet cumulé
- Effort d’épargne réel : 5 900 €
- Capital placé : 10 000 €
- Si le placement génère 4 % par an pendant 20 ans, le capital final sera d’environ 21 900 €.
- Le rendement effectif sur l’effort réel est supérieur à 7 % par an grâce à l’effet de levier fiscal.
PER et effet de levier : profils types et stratégies adaptées
Le jeune actif (25-35 ans)
- TMI faible à modéré (11-30 %)
- Horizon de placement très long → idéal pour le PER UC
- Stratégie : maximiser l’exposition aux actions en gestion pilotée, puis sécuriser progressivement
- Effet de levier surtout financier (moins fiscal)
Le professionnel libéral
- Revenus variables, souvent TMI élevé (41 %)
- Intérêt : lisser son imposition via de forts versements les années de revenus hauts
- Stratégie : allocation équilibrée UC + fonds euros pour profiter du levier fiscal tout en limitant les risques
Le cadre dirigeant
- TMI 41 % ou 45 %
- Double levier (fiscal + financier) particulièrement puissant
- Stratégie : versements maximisés chaque année + gestion active sur PER UC
- Peut coupler avec d’autres enveloppes (assurance vie, PEA)
Le retraité ou proche de la retraite
- TMI souvent plus faible à la retraite
- Intérêt : profiter d’un dernier levier fiscal avant l’arrêt d’activité
- Stratégie : privilégier les fonds euros ou UC sécurisées pour préserver le capital
PER UC et gestion pilotée : un accélérateur de levier
Le succès du PER UC repose aussi sur les options de gestion proposées :
- Gestion libre : choix des supports par l’épargnant.
- Gestion pilotée à horizon : allocation dynamique qui évolue automatiquement.
Cette dernière est souvent plébiscitée, car elle maximise l’exposition aux UC pendant les années d’épargne, puis sécurise progressivement à l’approche de la retraite.
Elle optimise le couple rendement/risque et permet d’amplifier l’effet de levier sur le long terme.
Quels sont les atouts de l’effet de levier avec le PER ?
1. Réduction d’impôt immédiate
L’avantage fiscal agit dès la déclaration de revenus, allégeant la facture fiscale annuelle.
2. Rentabilité accrue
Le rendement effectif sur l’épargne nette est dopé par la déductibilité.
3. Optimisation patrimoniale
Le PER permet de préparer la retraite, mais aussi de transmettre un capital dans de bonnes conditions fiscales.
4. Complément à d’autres stratégies
L’effet de levier du PER peut être combiné avec d’autres dispositifs : immobilier locatif (loi Pinel, déficit foncier) ou assurance vie.
Quelles sont les limites et risques de l’effet de levier avec le PER ?
Blocage des fonds
L’argent est immobilisé jusqu’à la retraite (sauf cas exceptionnels comme les accidents de la vie et l’achat de la résidence principale).
Fiscalité à la sortie
Le capital et/ou la rente sont soumis à l’impôt et aux prélèvements sociaux. Le gain fiscal à l’entrée doit donc être mis en balance avec l’imposition future.
Dépendance à la TMI
L’effet de levier fiscal est puissant uniquement si l’épargnant est dans une tranche d’imposition élevée (30 %, 41 %, voire 45 %). Pour les contribuables faiblement imposés, l’intérêt est moindre.
Risque de mauvaise allocation
Un PER mal investi (fonds peu performants) peut réduire l’impact positif de l’effet de levier.
Comment maximiser l’effet de levier avec son PER ?
Adapter ses versements à sa tranche fiscale
Il est recommandé de concentrer ses versements sur les années où la TMI est la plus élevée pour bénéficier d’une déduction maximale.
Diversifier ses supports d’investissement
Le PER peut être investi sur des fonds euros sécurisés, mais aussi en unités de compte (actions, obligations, SCPI). La diversification est essentielle pour booster le rendement.
Anticiper la fiscalité à la sortie
Un bon conseil patrimonial consiste à optimiser la phase de déblocage du PER : sortie fractionnée en capital, ou conversion partielle en rente selon la situation.
Utiliser un crédit pour amplifier l’effet
Certains épargnants vont jusqu’à utiliser l’endettement pour verser sur leur PER, créant ainsi un double effet de levier (financier + fiscal).
Bonnes pratiques pour profiter pleinement du PER et de l’effet de levier
Le PER et l’effet de levier constituent un couple redoutable pour préparer sa retraite. L’association du levier fiscal (réduction immédiate d’impôt) et du levier financier (rendement du capital placé, notamment via les PER UC) permet de transformer un effort d’épargne modeste en un capital retraite significatif.
Chaque profil d’épargnant peut y trouver son compte : jeunes actifs misant sur la durée, professions libérales cherchant à réduire leur imposition, cadres dirigeants optimisant chaque euro, ou retraités sécurisant leurs dernières années de versement.
Le secret réside dans :
- L’anticipation (plus on commence tôt, plus l’effet de levier est puissant).
- Le choix des supports (les PER UC comme moteur de rendement).
- La stratégie de sortie (capital, rente ou mixte).
Nos conseils pour bien maîtriser l’effet levier :
- Évaluez votre TMI avant de verser sur le PER.
- Ne surcotisez pas si vous prévoyez une baisse significative de vos revenus à la retraite.
- Comparez les frais entre différents PER (banques, assureurs, courtiers en ligne).
- Diversifiez l’allocation d’actifs pour équilibrer rendement et sécurité.
- Simuler différents scénarios (sortie en capital ou rente) avec un conseiller patrimonial.
Bien utilisé, le PER n’est pas seulement une enveloppe retraite : c’est un véritable outil patrimonial qui exploite au maximum l’effet de levier pour amplifier votre épargne.
FAQ sur le PER et l’effet de levier
Le PER est-il plus intéressant qu’une assurance vie ?
Oui, surtout pour les contribuables à TMI élevé, car l’effet de levier fiscal est absent en assurance vie.
Le PER UC est-il risqué ?
Oui, mais le risque est compensé par l’horizon long et la diversification.
Peut-on perdre de l’argent sur un PER UC ?
À court terme, oui. À long terme, la probabilité est fortement réduite grâce à la capitalisation et à la gestion pilotée.
L’effet de levier fiscal existe-t-il pour tout le monde ?
Oui, mais il est proportionnel au TMI. Plus la tranche est élevée, plus le levier est puissant.
Quelle stratégie adopter en fin de carrière ?
Réduire l’exposition aux UC, sécuriser sur fonds euros et anticiper le mode de sortie (capital ou rente).