Quel placement pour la retraite choisir ? La question hante de nombreux épargnants, car la pension publique ne couvre en moyenne que 50 à 60 % du dernier revenu. Un placement pour la retraite désigne toute solution d’épargne ou d’investissement pensée pour compléter vos revenus une fois que vous cessez votre activité. Face à l’allongement de l’espérance de vie et aux réformes successives, l’enjeu est clair : comment anticiper une pension insuffisante et sécuriser son avenir financier ?
Mais le sujet ne se résume pas à « mettre de côté ». Derrière ce choix se cachent plusieurs inquiétudes : peur de bloquer son argent trop longtemps, complexité de la fiscalité, rendement souvent inférieur aux attentes ou encore incertitude sur la transmission du patrimoine. Autrement dit, chercher un placement pour la retraite, c’est surtout chercher une stratégie adaptée à son âge, à son profil et à ses priorités afin d’éviter les erreurs coûteuses et les regrets tardifs.
Quels sont les principaux freins quand on cherche un placement pour la retraite ?
Avant de parler de solutions, il faut présenter les vraies peurs : argent bloqué, fiscalité, frais cachés, transmission… Ces freins expliquent la difficulté à passer à l’action.
La peur de bloquer son argent trop longtemps
C’est l’angoisse numéro un : “Et si j’avais besoin de mes économies avant la retraite ?”
Le cas du Plan Épargne Retraite (PER) : épargne verrouillée sauf exceptions
Le PER séduit par sa fiscalité attractive, mais il a un défaut majeur : l’argent est bloqué jusqu’à la retraite. Des cas de déblocage existent (achat de la résidence principale, invalidité, décès du conjoint, chômage de longue durée, surendettement), mais ils restent exceptionnels.
C’est la raison pour laquelle beaucoup d’épargnants hésitent à franchir le pas.
Immobilier et SCPI : la question de la liquidité
Acheter un logement locatif ou investir dans des SCPI (Sociétés Civiles de Placement Immobilier) signifie aussi immobiliser son capital. Revendre un bien prend du temps et dépend du marché. Pour les SCPI, la revente de parts peut être ralentie en période de baisse.
L’Autorité des marchés financiers (AMF, 2024) rappelle que les SCPI doivent être vues comme des placements de long terme, avec un horizon minimum de 8 à 10 ans.
Une fiscalité jugée complexe et illisible
La peur de se tromper avec les impôts freine beaucoup de Français.
PER : avantage immédiat mais impôt différé
Avec le PER, les versements volontaires sont déductibles du revenu imposable (plafond : 10 % des revenus ou 10 % du PASS). Le problème c’est qu’à la sortie, capital et rente sont fiscalisés. Résultat : beaucoup craignent de “payer plus tard ce qu’ils ont économisé avant”.
Assurance-vie : abattements et règles après 70 ans
L’assurance-vie reste le placement préféré des Français, mais sa fiscalité n’est pas toujours claire :
- Après 8 ans, abattement de 4 600 € pour une personne seule, 9 200 € pour un couple.
- Après 70 ans, seuls 30 500 € de primes bénéficient d’un régime favorable en transmission.
Autant de subtilités qui brouillent la compréhension des épargnants.
Les frais qui grignotent le rendement
Même avec un bon placement, les frais peuvent tout changer.
Frais d’entrée et de gestion des contrats
Les placements ne sont jamais gratuits.
- Dans l’immobilier collectif, les SCPI prélèvent 8 à 12 % de frais d’entrée : un coût lourd qui impose plusieurs années avant d’être rentabilisé.
- Les contrats d’assurance-vie ou de PER paraissent plus accessibles, mais ils cumulent d’autres charges : 2 à 5 % à la souscription, 0,5 à 1 % de frais de gestion annuels, parfois des frais d’arbitrage.
Autant de prélèvements discrets qui grignotent le rendement final et réduisent la performance réelle de votre épargne.
Rendement réel versus rendement affiché
Un fonds euros annoncé à 2,5 % brut tombe vite à 1,8 % net après prélèvements sociaux (17,2 %) et frais de gestion. La confusion entre taux brut et rendement net entretient la déception des épargnants.
La crainte de ne rien laisser en héritage
Beaucoup redoutent que leur épargne “s’évapore” au détriment de leurs proches.
Rente viagère : sécurité contre transmission réduite
Transformer son capital en rente viagère garantit un revenu à vie, mais le capital est perdu pour les héritiers (sauf option de réversion partielle au conjoint). C’est un choix de sécurité, mais qui soulève la peur de “ne rien transmettre”.
Assurance-vie : l’arme privilégiée pour les héritiers
À l’inverse, l’assurance-vie reste un outil incontournable pour la transmission. Chaque bénéficiaire peut recevoir jusqu’à 152 500 € hors droits de succession pour les primes versées avant 70 ans (article 990 I du CGI). C’est l’enveloppe la plus claire pour protéger ses enfants ou petits-enfants.
Pourquoi votre pension ne suffira-t-elle pas à maintenir votre niveau de vie ?
Parce que l’écart entre le dernier salaire et la pension est devenu trop important. En moyenne, elle ne couvre plus que 50 à 60 % du revenu final d’après la DREES. Autrement dit, 3 000 € nets en fin de carrière se transforment en 1 600 à 1 800 € de pension. Et la tendance est à la baisse avec l’allongement des carrières et le recul de l’âge légal.
À cela s’ajoute une espérance de vie plus longue :
- 21 ans à financer pour une femme à 65 ans,
- 18 ans pour un homme.
Soit près de deux décennies sans salaire. Maintenir 2 000 € par mois sur 20 ans exige environ 480 000 €, une réserve que peu possèdent.
Enfin, les dépenses ne disparaissent pas avec la retraite. Certaines baissent (transports, repas du midi), mais d’autres restent lourdes ou augmentent :
- Santé : reste à charge plus élevé malgré les couvertures,
- Logement : charges, entretien, crédit parfois non soldé,
- Loisirs et voyages : plus de temps libre, plus de dépenses,
- Aides familiales : soutien aux enfants ou petits-enfants.
Selon l’INSEE, santé, logement et loisirs représentent déjà 30 % du budget des retraités. Tout converge vers le même constat : la pension ne suffit pas d’où la nécessité d’anticiper avec des solutions d’épargne et de placement adaptées.
Quel placement pour la retraite choisir selon votre profil et votre âge ?
Il n’existe pas de solution universelle. Le placement pour la retraite doit être choisi en fonction de votre âge, de vos revenus, de votre situation familiale et de votre appétence au risque.
Si vous avez moins de 40 ans : miser sur le long terme
Vous avez le temps pour lisser les aléas et profiter du rendement.
- ETF et unités de compte : performance historique des actions sur longue durée (6 à 8 % par an en moyenne).
- Immobilier locatif : effet de levier du crédit, possibilité de financer son patrimoine par les loyers.
- PER : fiscalité intéressante dès maintenant si vous êtes imposé à 30 % ou plus.
Si vous avez entre 40 et 50 ans : trouver l’équilibre rendement/sécurité
Vous êtes encore dans une phase de constitution, mais la retraite approche.
- PER : pour défiscaliser vos versements et capitaliser.
- Assurance-vie multisupport : fonds euros + unités de compte pour lisser les risques.
- SCPI logées dans l’assurance-vie : générer un revenu futur tout en allégeant la fiscalité.
Si vous avez plus de 50 ans : sécuriser et préparer la sortie
À cet âge, l’objectif est de protéger le capital et d’organiser la transmission.
- Fonds euros : rendement modeste, mais capital garanti.
- Comptes à terme : horizon court, capital sécurisé.
- Assurance-vie : pour préparer la transmission avec abattements fiscaux.
Si vous êtes déjà retraité : optimiser vos revenus existants
À ce stade, il s’agit d’améliorer votre confort et de sécuriser vos proches.
- Rente viagère : transformer un capital en revenu garanti à vie.
- Contrat de capitalisation : outil patrimonial pour optimiser la fiscalité successorale.
- SCPI via assurance-vie : revenus complémentaires nets de fiscalité allégée.
Tableau comparatif des placements selon l’âge
|
Profil |
Objectif principal |
Placements adaptés |
Points forts |
Limites |
|
Moins de 40 ans |
Construire et dynamiser |
ETF, UC, immo locatif, PER |
Rendement élevé, levier du temps |
Volatilité, capital bloqué |
|
40-50 ans |
Équilibrer rendement et sécurité |
PER, assurance-vie multisupport, SCPI AV |
Fiscalité optimisée, diversification |
Frais, horizon plus court |
|
50-60 ans |
Sécuriser, préparer succession |
Fonds euros, CAT, assurance-vie |
Capital garanti, transmission facilitée |
Rendement limité |
|
Retraités |
Générer un revenu stable |
Rente viagère, contrat de capitalisation, SCPI en AV |
Revenu garanti, fiscalité allégée |
Capital moins disponible |
Comment diversifier vos placements pour réduire vos risques à la retraite ?
Miser sur un seul produit expose à des déceptions. La diversification permet de répartir risques et opportunités, tout en respectant vos objectifs de retraite.
Combiner sécurité et performance
La clé d’un placement retraite réussi est de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.
Socle sécurisé : assurance-vie en fonds euros, livrets
Le socle sécurisé est votre “matelas” : il assure stabilité et liquidité.
- Assurance-vie en fonds euros : rendement autour de 2 à 2,5 % net en 2024 , capital garanti.
- Livrets réglementés (Livret A, LDDS, LEP) : disponibles à tout moment, taux entre 3 et 6 % selon le produit, exonérés d’impôt.
Ces supports ne font pas exploser votre patrimoine, mais ils évitent les mauvaises surprises.
Dynamique : immobilier, actions, ETF
Le moteur de croissance vient des supports dynamiques :
- Immobilier locatif et SCPI : rendement moyen entre 4 et 5 % par an.
- ETF (trackers) : suivre les grands indices (MSCI World, S&P 500) qui ont généré en moyenne 6 à 8 %/an sur 30 ans.
Ils apportent du rendement, mais nécessitent du temps pour lisser les fluctuations.
Adapter la répartition selon l’âge
Votre allocation doit évoluer avec vous : ce qui est pertinent à 30 ans ne l’est plus à 60 ans.
Moins de 40 ans : 70 % supports dynamiques, 30 % sécurisés
Vous avez l’horizon le plus long. Priorité aux actions et à l’immobilier pour booster le capital, tout en gardant une poche de liquidité pour l’imprévu.
40–50 ans : 50/50
À cet âge, la sécurité commence à peser. On maintient la moitié sur des placements dynamiques (ETF, SCPI, PER en gestion pilotée), et l’autre moitié sur des fonds euros ou livrets.
Après 60 ans : priorité aux supports sécurisés
La retraite approche ou est déjà là. L’essentiel est de préserver le capital. On privilégie 70 à 80 % de supports garantis (fonds euros, CAT, obligations courtes) et une petite part d’immobilier ou d’ETF défensifs pour compenser l’inflation.
Tableau type d’allocation retraite selon l’âge
|
Tranche d’âge |
Supports sécurisés |
Supports dynamiques |
Objectif principal |
|
Moins de 40 ans |
30 % |
70 % |
Construire du capital |
|
40-50 ans |
50 % |
50 % |
Équilibrer rendement et sécurité |
|
50-60 ans |
60 % |
40 % |
Réduire le risque, préparer la sortie |
|
60 ans et + |
70-80 % |
20-30 % |
Préserver le capital et générer un revenu stable |